Un peu de recul à Vence

Ce samedi 4 septembre n’était pas un samedi comme les autres. Chacun de nous traverse la vie avec ses propres joies, ses propres peines. Et certaines dates peuvent ainsi nous marquer plus que d’autres.

Le trajet qui nous menait au Gymnase Dandreïs s’achevait aux abords du cimetière vençois et je nourrissais une pensée émue vers mon grand-père, dont j’aurais pu fêter les 95 ans la veille s’il n’avait pas décidé, il y a quelques années, de prématurément nous quitter pour aller préparer le banquet d’accueil de Bébel.

Nous vivons tous avec des fêlures de ce genre, qui nous marquent différemment. Mais on se rend compte que souvent le manque se révèle être un compagnon gourmand qui se nourrit avidement de nos pensées les plus chères et intimes. Avec déjà pas mal de poussière dans l’œil gauche, ce matin même, nous venions de signer le bail du nouveau nid qui allait accueillir Zoé pour ses études à l’IUT de Nice. Tempus Fugit n’est-ce pas ? La voilà étudiante et prête à goûter aux prémices de l’autonomie, un décollage imminent, qui me fait dire que sur le chemin de la vie nos deux cœurs vont changer de pays. Et paf, encore une pelletée de poussière dans l’œil !
Je sais que ceux qui ont vécu cet instant savent de quoi je parle. Une fidèle lectrice, qui a pour seul défaut de suivre Lena Situations sur Instagram, vient de vivre la même histoire, et elle s’apprête à la revivre encore avec sa plus jeune pousse…

C’est donc avec le cœur un peu gros, un peu lourd que nous nous apprêtions à disputer le Tournoi des Amis de Vence. L’entrée au Gymnase m’offrait un délicieux moment de répit quand je croisais la jeune et pétillante Marine, le visage toujours si joliment barré par ce sourire contaminant de bonheur, mode baume au cœur activé.

Dans ce maelstrom émotionnel, il fallait se reconcentrer pour plonger dans la partie de basket du jour. Si c’est dur pour les parents, ça l’était aussi pour Zoé, son admission à l’IUT se fit dans les derniers instants du mercato, et entraînait de fait l’urgence de diverses obligations administratives et immobilières, à peine réglées ces derniers jours. Un gros plat à digérer pour nous trois forcément, et pas idéal à l’amorce d’une partie de basket.

Partie qui s’annonçait rude car nous n’étions que 8 sur la feuille, l’absence prolongée d’Océane, suite à ses problèmes de doigt, était compensée par le retour de Cathy. De son côté, Vence allait aligner une équipe de 7 joueuses, dont une cadette, un roaster de dragsters qui visent la montée à l’étage où nous évoluons et qui allaient pouvoir se mesurer à notre équipe athlétique. Attention.

Didier appelait sur le terrain Cathy, Ali, Patience, Sharon et Mahé, le match pouvait démarrer.

Si la première minute semblait équilibrée, rapidement, Ali commettait 1 faute et Mahé 2, mais il y avait égalité à 5 partout. C’est ensuite que ça ripait puisque nous étions à présent menés 11-5.
On se doutait bien en le regardant que Didier supportait ce début de match aussi bien qu’un duo Zaz/Black M dans un vieux Taratata.
Malgré le temps-mort qu’il prit en vitesse, Vence nous poussait à 16-5, puis à 20-8 pour finir à 28-10 le quart-temps.
C’était une confirmation de voir ces petites vençoises qui galopaient partout et rentraient tous leurs tirs pendant que nous étions plutôt empruntés. Pour inverser la tendance, on réfléchissait à couper une mèche de cheveux du coach adverse et à se caresser devant Maître Babacar, Marabout de la Promenade des Anglais, tandis qu’il mélangerait la dite mèche à du jus de crotale et du lait de chamelle. Car malgré une recherche rapide sur Google, moteur de recherche créé un 4 septembre 1998, on ne trouvait aucune autre solution immédiate et fiable au redressement de la barre.

La reprise restait compliquée et nous cumulions trop d’erreurs pour prétendre remonter la pente. Une pente qui devenait plus ardue encore quand Vence atteignait 19 points d’avance, puis 23 points à 36-13, plus gros écart du match. A cet instant, nous étions en train de sombrer, c’était un naufrage, à l’image de la discographie d’Eve Angeli.
Ali commettait sa 3° faute et malgré quelques efforts épars des filles, l’écart se maintenait. A cet instant, Didier avait envie de jeter loin sa plaquette comme l’aurait fait Philippe Manœuvre avec un disque de Stone et Charden.
Vence réussissait à contrer nos velléités grâce à de précises flèches à 3 points mais, enfin, la lumière jaillit de notre équipe. Les filles se mirent à augmenter de façon significative l’intensité de leur défense et commençaient à récupérer de nombreux ballons qu’elles convertissaient en points. Elles avaient besoin de révolte, de combativité, d’une bonne dose de combat comme lors de leur stage d’été avec Chuck Norris. Maylis, Sharon, Cathy, Patience et Zoé se chargeaient tour à tour de replacer l’équipe à 13 points à la pause après ce quart-temps remporté 24-19. Le score à la mi-temps était de 47 à 34 pour Vence.

Il fallait continuer sur cette lancée car si le départ avait été poussif, la réaction du Mba était à la hauteur et ces nouvelles attitudes nous permettaient d’enclencher de bien meilleures attaques pour revenir au score.

Et, au retour des vestiaires, c’est ce qui se passa. Des lancers, des tirs, des fautes provoquées, Vence était en difficulté quand nous revenions à 8 points en 2 minutes (48-40).
Les arbitres avaient un peu plus de mal à suivre le rythme, à l’image d’une action de Maylis qui pénétrait et provoquait un And One. Mais elle se voyait sanctionnée d’un marché fort discutable, et resté indiscuté face à la rigidité dont l’arbitre faisait preuve.
Si Ali nous permettait de grignoter encore un peu de notre retard, elle recevait sa 5° faute du match alors qu’il restait encore 27 minutes à jouer.
En accord avec le coach vençois, il était convenu qu’elle pouvait rester sur le terrain pour continuer de travailler. 
Zoé donnait un caviar à Cathy, puis Sharon offrait un 3 points à Maylis, qui, à son tour, donnait une balle à Alexia pour égaliser à 49 partout à 3 minutes du terme de la période.
Vence reprenait l’avantage mais, sur l’action suivante, Sharon sauvait une balle en ligne de touche, envoyait la balle de dos vers Alexia qui marquait, une action qui aurait pu leur donner l’envie de faire un twerk, cette danse qu’Edouard Balladur n’a jamais pratiquée parce qu’il est âgé et qu’il est plat du fessier. Quoi qu’il en soit, ces 10 dernières minutes avaient été gagnées 19-11 et nous n’étions plus qu’à 3 points de Vence à 58-55.

Vence était en train de craquer physiquement, et il faut reconnaître que les efforts fournis par nos joueuses étaient épuisants, usants pour l’adversaire. Patience écopait de sa 4° faute tandis qu’Ali prenait sa 6° sous les huées du public local, ce qui nous faisait réaliser qu’à Vence, Ali avait moins de fans que Francis Heaulme. La bronca s’amplifiait quand Patience recevait sa 5° faute et qu’elle se voyait elle aussi autorisée à rester sur le terrain alors que nous n’étions plus menés que d’un point (60-59).
Il ne restait plus que 5 minutes à jouer quand Zoé piquait une balle à Marine et lançait Sharon qui obtenait, et convertissait, 2 lancers pour enfin passer devant à 61-60. Cathy accentuait la marque avant de recevoir violemment un ballon dans le ventre, ce qui lui donnait l’espace d’un court instant le même regard qu’un opossum constipé. Ali faisait sa 7° faute mais arrivait à lancer Zoé pour un tir à 3 points qui nous plaçait à 66-62, ça prenait forme. Maylis l’imitait à 3 points, puis passait dans le dos à Sharon qui portait la marque à 71-62, cette accélération se déroulait sous les huées du public local qui nous adressait les insultes les plus graves comme celle nous traitant de « fans de Larusso ».
Si Vence inscrivait 2 lancers, Sharon offrait à Patience un dernier ballon pour remporter le dernier quart-temps 20-6 et le match de 9 points sur le score de 73 à 64.

Il n’y avait pas de quoi déclencher une explosion de joie du genre de celles qui finiraient par une soirée mousse à cheval sur des licornes gonflables, mais il fallait se satisfaire de cette réaction intervenue à la 15° minute du match. Menées de 23 points, nos joueuses l’emportaient de 9 points, passant aux valeureuses vençoises 32 points en 25 minutes. Notre renaissance ferait passer le Phénix pour un moineau mort.

Alors j’entends déjà les sceptiques soulever le problème de fond, le maintien de notre pivot sur le terrain après sa 5° faute. Oui, mais c’est tout d’abord un accord entre les coaches, et ce sont des matches amicaux, faits pour travailler et pour tirer des enseignements durant cette préparation. C’est essentiellement à ça que servent les rencontres de début de saison.

Vence avait crânement saisi sa chance, nos adversaires avaient été valeureuses et exemplaires, mais leur force s’est étiolée au fur et à mesure des minutes qui s’égrenaient. Difficile de rester précis à longue distance quand on perd les jambes, c’est bien normal.

Quant à nos joueuses, nul doute qu’elles ont retenu la leçon et qu’elles ne feront plus de démarrage aussi difficile et apathique. La surprise était forte, brutale, crispante même, elles sauront quoi faire dorénavant.

Demain est un autre jour, il était temps pour tout le monde d’aller profiter des installations du Polygone pour se restaurer, les filles allaient dîner en attendant de revenir au gymnase Dandreïs le lendemain pour y affronter l’entente Antibes-Golfe, un concurrent de NF3 cette année.

Personnellement, il me reste deux choses à écrire. La première, c’est l’habituelle série de photos. Tellement sous le choc de la partie, mais surtout l’esprit ailleurs, je n’ai pas beaucoup pris de clichés, et la lumière de la salle de Vence est connue de tous les photographes et vidéastes pour être un enfer à gérer. J’ai opté pour le Noir et Blanc. La deuxième, elle est plus personnelle et je donc file profiter de ma fille pendant qu’elle passe encore une nuit dans son lit à la maison… Je t’aime Zoé.

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