Un trou à Golfe

Après un délicat passage par Carqueiranne, nos joueuses reprenaient la route mais pour une courte distance, celle qui nous séparait de la salle Salusse Santoni d’Antibes. L’entente Team Golfe Antibes nous avait secoué lors du tournoi de présaison de Vence mais les conditions du jour étaient différentes. Pour les deux équipes d’ailleurs puisque nos adversaires étaient diminuées par l’absence de quatre de ses joueuses et non des moindres. Les genoux de Léna et de la sœur de Coach Vulin avaient cédé, Myriam était handicapée par un dos sensible et des tendons fatigués. Enfin, la fracture de Marylène laissait un grand vide dans leur secteur intérieur.

Nous n’étions pas en reste avec les absences d’Océane, de Maylis et d’Alexia, auxquelles on pourrait ajouter celle de Zoé, dont le retour d’entorse était peut-être un peu trop prématuré.
Nous comptions heureusement les renforts appréciables d’Alex Tchangoué et de Morgane Plestan pour cette partie, ainsi que celui d’Eglantine qui allait officier au coaching suite à la positivité Covid-19 de Didier. Cette péripétie avait contraint l’ensemble des filles à se faire tester avant le match de ce dimanche 21 novembre, jour de célébration des 56 ans de Björk, cette inclassable artiste islandaise au look improbable. D’ailleurs, dans cette période où on magnifie l’apparence, il faut être beau, mince, ferme, et ceux qui ne le sont pas sont moqués. Alors on fait de la gonflette, on s’épile, les gens ressemblent à des poulets de Loué nourris aux antibiotiques. Heureusement, la taille des joueuses dans notre sport n’entre pas dans les normes et, avec Ali et Alex, notre secteur intérieur n’avait rien de conventionnel en NF3. On espérait bien en tirer profit face à une équipe décimée précisément à cet endroit.

Mais pour le savoir, rien de mieux que le match, et il débutait de notre côté avec Ali, Emilie, Mahé, Patience et Sharon.

Si Ali scorait vite 4 points, elle recevait aussi 2 fautes et, surtout, Antibes nous harcelait, courrait vite, et inscrivait 13 points. C’était une marée blanche, on se serait cru à une soirée à Hollywood.
Sur une nouvelle contre-attaque, nos adversaires lançaient leur arrière vers le panier et, au passage, elle emportait Emilie sur le sol tout en inscrivant le panier. Dans cette action, il n’y avait que deux solutions. Soit il y avait faute, et donc lancer-franc pour Golfe, soit il y avait passage en force et donc annulation du panier. Mais l’arbitre ne sifflait rien du tout et cette décision n’était pas sans rappeler un acte célèbre de Socrate en -440 le jour où son jeune assistant, Kévin Adonis, ramassa son burin alors qu’il ne portait rien sous sa toge.
Sharon, Mahé et Morgane se chargeaient de remettre le Mba à 7 points (15-8) avant que les antiboises ne repartent en avant (19-8).
Sur son premier panier du match, Patience terminait le premier quart-temps perdu 19-10.

A la reprise, le Mba adoptait une défense de zone pour faire déjouer nos adversaires et ça nous réussissait plutôt bien puisque nous remontions à 21-16 avant que Carlo Vulin ne prenne un temps-mort. Pour apporter plus d’énergie, il décidait de faire rentrer ses jeunes joueuses qui avaient pourtant l’air occupées sur le banc. La vie d’un ado, c’est une foule d’informations à gérer, entre le retour des Jonas Brothers, le Twitter de Taylor Swift, la nouvelle couleur de cheveux de Billie Eilish, c’est un enfer. Moi, l’info qui disait que les Milli-Vanilli ne chantaient pas eux-mêmes, j’ai mis 14 ans à l’avoir et aujourd’hui encore, je n’y crois pas, je pense que c’est un complot monté par Jason Donovan et Ice-MC. Enfin, je m’égare. Quoi qu’il en soit, ce pari se révélait perdant puisqu’Ali inscrivait un panier avec faute et nous recollions à 23-19.
Zoé était appelée pour faire souffler Morgane, le test de sa cheville allait prendre place, et il dura 2 minutes, comme prévu. Ce retour anticipé était aussi crédible qu’Alain Juppé s’il annonçait s’inscrire au casting de Ninja Warrior.
Malgré un dernier temps-mort pris par Eglantine, Emilie commettait sa troisième faute et Antibes, en inscrivant un lancer, remportait la période 12-11 et prenait 10 points d’avance à la mi-temps sur le score de 31 à 21.

Bon, on ne va pas se mentir, ce dernier quart-temps avait été aussi passionnant qu’une dictée de Pivot l’est chez les Ribéry… S’il n’y avait aucun péril en la demeure, nous pointions néanmoins derrière et si les 10 points n’étaient en rien rédhibitoires, ils étaient déjà une devenus une marge appréciable pour les antiboises.

La troisième période allait commencer et on pouvait déjà la qualifier de délicate. En effet, nos adversaires inscrivaient un nouveau tir lointain et Emilie offrait 2 lancers-francs en même temps qu’elle recevait sa quatrième faute, malheureusement imitée par Ali. Mais il ne se passait rien de notable pendant près de 6 minutes, presqu’un ennui mortel, on voyait même dans les tribunes quelques spectateurs sortir leurs smartphones pour commander sur leroymerlin.fr de la corde pour se pendre. 5-4 en faveur de nos adversaires en 6 minutes donc.
Sur la troisième faute de Patience, et alors que nous étions à 41-25, nos joueuses allaient reprendre leurs esprits en temps-mort. Et cette pause fut profitable puisque nous remontions peu à peu notre déficit pour recoller à 43-33. Les antiboises éprouvaient quelques difficultés et elles commençaient à se plaindre exagérément sur toute action, à l’image de leur ailière qui, sur une défense solide de Sharon, tentait d’influencer l’arbitre en lâchant une sorte de glapissement de chien, ces êtres gentils mais un peu niais qui font pipi sur la moquette un peu comme une grand-tante un peu âgée mais avec une pilosité mieux maîtrisée. Bref, Team Golfe prenait un temps-mort pour anticiper les 2 dernières minutes de jeu.
Requinquées par leur coach, les antiboises rentraient 2 paniers et 2 lancers quand, de notre côté, nous traversions une phase de maladresse endémique et on terminait sur un 1/4 aux lancers. Nous perdions ainsi le quart-temps 18-11 et notre situation avait empiré puisque nous étions dorénavant menés de 15 points sur le score de 49 à 34.

Je me rappelle de ce 21 novembre de 1991 quand Gérard d’Aboville achevait un trip de 134 jours pour traverser le Pacifique à la rame. A l’aube du dernier quart-temps, ce sont nos joueuses qui allaient devoir sortir les rames pour tenter de combler ce retard de 15 points.

Ali commençait en fanfare, un bing, panier rentré, un bang, sa cinquième faute…
Sharon convertissait un panier avec faute, Mahé marquait, Antibes captait un rebond offensif, nous en étions à 51-41 et l’ambiance sur le terrain était plus tendue qu’un petit slip sur les fesses de la mère Kardashian. Le mano à mano continuait et Mahé tirait son épingle du jeu en inscrivant 6 points pour contenir les antiboises dont les arrières faisaient tellement de flan qu’on les aurait crues sponsorisées par Alsa. A 57-47 et à 4 minutes du terme, temps-mort.
Alex servait d’abord Patience qui marquait son panier, puis elle captait un rebond défensif autoritaire et envoyait une très longue passe dans les mains d’Emilie qui filait terminer son double-pas vers le panier adverse pour nous ramener à 6 points. Enfin, ça, c’est la théorie. Dans la pratique, l’ailière antiboise cavalait derrière Emilie et sautait en même temps qu’elle, mais elle est allée plus haut, comme Tina Arena, et contrait notre joueuse, récupérait la balle et faisait marquer sa partenaire pour remettre 10 points entre nos deux équipes (59-49).
Eglantine demandait un temps-mort à 2 minutes et 20 secondes de la fin du match.
Nous entamions le sprint final et lancions nos dernières cartouches dans la bataille.
Mais clairement, aujourd’hui, l’adresse avait fui nos joueuse et ce match à 0/17 à 3 points en était une malheureuse démonstration.
Nos adversaires, galvanisées par le momentum, et conscientes d’être en train de prendre le match, se démultipliaient au courage, à l’image de la 9 qui, dans la même action contrait Alex sur la gauche puis Patience sur la droite, ça devenait vraiment impossible pour notre équipe.
La toute fin de match se déroulait sous une tension larvée, mais à l’explosion imminente.
Antibes marquait pour mener 61-49 mais une joueuse taclait Sharon en repartant en défense. Peu en reste, notre meneuse lui rendait la monnaie de sa pièce en la plaquant mais elle héritait d’une faute anti-sportive, puis de sa quatrième sur la possession antiboise suivante. Nous étions à 64-49, 15 points de retard et 15 secondes à jouer, la messe était dite. Mais ces 15 secondes furent néanmoins suffisantes pour que Sharon provoque une faute, marque ses 2 lancers et tente ensuite un tir à 3 points sur le buzzer, tentative immédiatement annihilée par son adversaire préférée et survoltée qui commettait une très vilaine et dangereuse faute. Ça bastonnait si sec sur le terrain qu’on pensait voir débarquer Steven Seagal.
Quoi qu’il en soit, avec ces 3 lancers inscrits, notre meneuse comblait un peu de notre retard et nous remportions même ce dernier quart-temps 20-15. Le match était perdu de 10 points sur le score de 64 à 54.

Ce match est une énigme pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’effectif antibois, auquel il faut rendre hommage, était décimé et l’équipe était prenable. Nous avons cependant subi le rythme élevé des courses de nos adversaires sans jamais vraiment pouvoir les contrer.
Une confirmation cepedant, nos intérieures avaient largement dominé les débats mais plus en termes de rebonds que de points.
Enfin, la principale raison de ce léger écart se trouve forcément dans un délicat 16/25 aux lancers-francs, mais surtout dans un rédhibitoire 0/17 à 3 points.
Il s’agit de quelque chose de très inhabituel pour nos joueuses mais qui a pesé sur le destin de cette rencontre malheureusement. Petit florilège pour en sourire :

Enfin, c’est comme ça, le sport n’est pas une équation certaine, et les données sont tellement nombreuses qu’il est impossible de toutes les maîtriser.

En tout cas nous allons devoir nous remettre à l’endroit car si la saison est longue, elle est tout de même déjà bien entamée et on souhaite à nos joueuses de retrouver un peu de sérénité et de plaisir pour aller rapidement décrocher de précieuses victoires.

La table était dressée pour accueillir les joueuses en fin de match et je dois me rendre à une évidence, à bientôt 52 ans, je suis un homme aussi peu fait pour le bonheur qu’Alain Souchon pour les fringues The Kooples. Dans les booms, quand tout le monde chantait « Vamos a la playa », je demandais au DJ de passer « Regrets », le duo de Mylène Farmer et Jean-Louis Murat.
Ainsi je regardais avec une certaine forme d’admiration nos adversaires célébrer les 32 ans de leur coach car Tempus Fugit.

Une dernière pensée pour Nathalie, notre arbitre handicapée par son tendon d’Achille mais qui a assuré sa prestation avec courage. Enfin, je vous laisse avec quelques photos du match.

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