Un Cavigal plutôt brutal
Comme chaque année, chaque reprise de championnat, chaque nouveau début de saison, chaque phase de brassage, on revoit les mêmes équipes, les mêmes joueuses, les mêmes têtes, la même bête diraient de célèbres rappeurs.
Cet été, des changements sont intervenus dans beaucoup d’équipes, c’était la grande lessive comme l’aurait dit avec son accent du terroir la bonne Mère Denis, née un 9 novembre de l’an 1893, un private joke pour ceux qui ont déjà des rides donc.
Des joueuses ont rejoint le Mba, mais aussi St Laurent, ou le Cavigal. Certaines sont parties sur Antibes, il y a eu une valse qui a redéfini les effectifs et, aujourd’hui, c’était au tour du Cavigal de venir nous rendre visite dans l’antre de l’Annonciade après les vacances de la Toussaint.
Des visages familiers, qu’ils soient ceux de joueuses confirmées, comme ceux des plus jeunes, mais aussi des recrues aux frimousses bien connues comme Tayssir et Sywar.
Le Cavigal venait d’exploser l’AS Monaco 90-41, mais avait perdu d’un seul petit point contre Carros pendant que St Laurent plaçait un 113-45 aux asémistes pour s’assurer le leadership de la poule.
Avec un bilan égal de 1 victoire pour 2 défaites, le Mba et le Cavigal allaient tenter de se départager pour s’emparer de la troisième place de cette première phase, un enjeu que certains considèreraient de taille suffisante pour y mettre l’agressivité nécessaire.
En tout état de cause, une chose était certaine, ce match serait tout sauf facile, mais nous allions rapidement le découvrir.
Pour démarrer, le Mba alignait Chiara Ivaldi, Tinane, Clara, Janna et Zoé, qui avaient dans les jambes un entraînement bien dense physiquement achevé la veille à 22h45, ça allait avoir son importance.
Sur la toute première attaque, nous allions vite constater ce que serait cette partie.
Déterminé et agressif, le Cavigal se jetait sur tous les ballons et prenait 2 rebonds offensifs d’affilée avant que Clara ne capte enfin le ballon pour le Mba.
Mais si le Cavigal marquait un LF sur la première faute de Janna, Zoé répliquait d’un double-pas et d’un lancer marqué sur la même action pour mener 3-1.
Durant tout le match, notre meneuse allait subir les assauts répétés de son défenseur attitré, elle défendait fort et s’accrochait à elle pour ne la lâcher qu’à la fin du match, mais il a fallu quand même l’aide d’un couteau à huîtres.
Dans la deuxième minute de jeu, Janna était contrée et prenait sa deuxième faute en tentant de récupérer le ballon. C’était un des signes de cette fatigue accumulée qui pénalisait notre joueuse et notre équipe puisqu’elle devait déjà sortir.
Le Cavigal revenait dans la partie et Franklin procédait à des ajustements, ce qui permettait à Chiara de s’illustrer pour égaliser à 5 partout après 2 LF rentrés.
Sur l’attaque suivante, Maguette sortait un énorme contre, qui aurait pu être tout droit sorti d’un film fou, comme « Very Bad Trique », qui est comme « Very Bad Trip » mais sans tigre dans la salle de bain puisque, à la place, ils ont mis une dame en slip imprimé panthère, mais qui grogne pareil.
Et ça se tendait bien comme on a l’habitude, le ton montait en même temps que la tension, à l’image de ce double pas de Chiara Ivaldi qui provoquait une faute des niçoises, et qui déclenchait chez l’adversaire une grosse colère vite calmée par l’arbitre, qui lui infligeait une faute technique, histoire de calmer toutes ces ardeurs. Mais ce calme relatif espéré allait se révéler aussi crédible que si Bertrand Cantat se tatouait le #MeToo sur l’épaule droite.
Chiara ne s’en laissait pas compter et inscrivait son lancer pour égaliser à 9 partout.
Si Zoé inscrivait un lancer et délivrait 2 passes décisives à Maylis et Clara, nos adversaires marquaient 3 paniers dans le même temps pour remporter le premier quart-temps 15-14.
Si le score était d’une quasi parité, la physionomie de la rencontre ne laissait aucun doute sur la tournure potentielle des évènements. Des niçoises conquérantes et agressives affrontaient des monégasques déjà émoussées. Cela n’allait pas s’arrangeait avec la 3° faute de Janna dans les 10 premières secondes, faute qui contraignait Franklin à la rappeler sur le banc et à réfléchir à une façon de constituer une cagnotte Leetchee pour tenter de racheter 1 ou 2 fautes de secours à sa joueuse.
Le Cavigal en profitait pour inscrire un panier à 3 points pour mener 18-14.
Un petit regain d’activité allait redonner de l’allant à nos cadettes quand Zoé donnait 3 passes décisives à Chiara et Tinane qui s’élançaient en contre-attaque, nous égalisions à 22 partout.
La passe, elle nécessite de l’anticipation, et anticiper, c’est être visionnaire, comme en 43 quand Arletty couchait avec un allemand, elle avait 70 ans d’avance puisque tout le monde fait ça aujourd’hui au Cap d’Agde.
Nos adversaires profitaient de quelques-unes de nos erreurs pour reprendre un peu d’avance quand Zoé lançait le ballon dans la diagonale entière du terrain pour trouver Chiara qui nous remettait à 26 partout.
C’est à cet instant que l’oubli prend place, et laisser Flavie derrière l’arc des 3 points, c’est une erreur sanctionnée immédiatement. Et là, PAF comme on dit, sauf les communistes qui disent PIF, elle rentrait son tir et permettait aux niçoises de mener 29-26.
Notre meneuse lançait Tinane pour marquer, mais les derniers instants du quart-temps étaient en notre défaveur jusqu’à ce moment où le mollet de Chiara Ivaldi explosait tel une poupée gonflable sur laquelle se serait assis Teddy Riner.
De retour de vacances et avec une demi-heure d’entraînement dans les jambes, son physique la trahissait au bout de 16 minutes de jeu, elle n’allait plus revenir sur le terrain malheureusement.
3 passes non converties plus tard, nous obtenions tout de même des lancers mais Tinane en loupait 4 sur 4, un truc qui rend fou à chanter du K-Maro et qui nous faisait perdre la deuxième période sur le score de 18 à 14. A la mi-temps, nous étions menés de 5 points à 33-28 pour les niçoises.
La pause arrivait à point nommé pour reprendre un peu de souffle et tenter de penser à la meilleure stratégie pour combler ce petit retard. Ainsi Franklin optait pour une zone, histoire de ménager un peu ses joueuses, et essayer de perturber nos adversaires.
Et cela fonctionnait, mais malheureusement, par deux fois, Maguette ne convertissait pas ses occasions et, avec la violence des réseaux sociaux, je ne vais pas me risquer à qualifier cette double action d’aussi quelconque qu’une fraise en hiver, je recevrais des menaces de mort de la Mairie de Plougastel. Franchement, les réseaux sociaux, on y reçoit parfois des tombereaux de haine comme moi l’autre jour, je reçois un « bravo bon article » alors que ce dernier était excellent !
Mais revenons à notre match, car dans ce laps de temps, Flavie nous avait balancé une nouvelle banderille longue distance, puis un reverse, et voilà que le Cavigal prenait 12 points d’avance à 40-28.
Zoé allait effectuer 3 interceptions, une conclue main gauche, une autre pour servir Janna à droite, et la dernière pour lancer Clara qui redonnait en arrière à Janna d’une passe aussi précise qu’un tir de sarbacane de Mimi Siku. Nous étions revenus à 40-34 mais au bout de ces 5 minutes disputées, les filles avaient toutes les mains sur les genoux ou les hanches. Chiara arrivait à piquer un ballon et marquer pour revenir à -4, puis ce fut Clara qui trouvait Janna pour passer à -2, le score était serré, la tension palpable, à l’image de cet immense pétage de plomb de l’arrière niçoise qui balançait la balle hors du terrain et se mettait à râler bruyamment. Les yeux embués, elle allait s’expliquer avec l’arbitre, qui l’avait pourtant avertie en début de partie, mais difficile de connaître la teneur de cet échange, nous aurions eu besoin d’avoir avec nous un gynécologue pour lire sur les lèvres.
Elle échappait à l’exclusion et le match reprenait.
Zoé lançait ses dernières passes dans la bataille, mais les filles ne concluaient pas leurs actions positivement, tandis que le Cavigal, fébrile, loupait des lancers mais parvenait à maintenir un petit écart de confort. A 15 secondes de la fin, Janna était portée par son élan défensif et déstabilisait la joueuse adverse dont elle avait la charge, c’était sa 5° faute, elle aussi avait passé autour des 16 minutes sur le terrain, et nous allions terminer le match à 6 puisqu’après les sorties de Chiara Ivaldi et Janna, s’ajoutait celle d’Eunice, prise par des obligations familiales. Que la fin allait être dure…
Mais ce quart-temps, nos filles l’avaient vaillamment disputé et il se finissait sur une égalité de 11 partout. Nous comptions toujours 5 points de retard au tableau qui affichait 44-39 en faveur du Cavigal.
Pour remonter au score, vu l’état des forces en présence, il allait falloir trouver un subterfuge, tel Manuel Valls, explosé à Barcelone, qui annonce son mariage, sa seule façon d’entrer quand même à la Mairie espagnole.
L’illusion était possible, à l’image de cette longue passe de Zoé vers Chiara qui convertissait son 17ème point et remettait le Mba à 3 points des niçoises, mais c’était pourtant le début d’une longue traversée du désert pour nos filles qui allaient se transformer en véritables Touaregs.
Un enchaînement de pertes de balles, de tirs loupés, de rebonds abandonnés, de fautes subies mais non sanctionnées, même Sywar s’y mettait en rentrant un tir longue distance à 0°… Nous étions passés à 13 points de retard, tout déraillait et notre rendement était autant en baisse que la libido d’un vieillard. Zoé sortait un instant, laissant le plaisir coupable de la montée de balle à Chiara, mais rapidement, l’équipe et Clara prenaient un coup sur la tête avec un 3 points de Rania, et le tournis pour notre joueuse qui avait des hallucinations comme quand on voit Benoît Hamon à l’Elysée ou Bernard Montiel en train de lire. Les filles n’étaient plus que 5, et Chiara était à son tour vaincue par les crampes, la coupure des vacances de la Toussaint avait été mortelle.
Il restait 2 minutes à jouer, longues et pénibles, sans plus aucun ressort, Zoé passait sans bouger, mais notre jeu, notre défense, et notre match s’effondraient comme le mur de Berlin qui, ça ne peut pas être qu’ une coïncidence, était tombé un 9 novembre de 1989.
Une paire de pertes de balle plus tard, nous pointions 20 unités derrière nos adversaires. Zoé arrivait à trouver Tinane pour notre deuxième panier de la période et, sur les dernières 30 secondes, nos U18 allaient être 4 sur le terrain suite à la 5° faute de Maguette, prise en phase offensive.
C’était une catastrophe, comme place de la Concorde en 2007 quand Miss Dominique a chanté pour célébrer la victoire de Nicolas Sarkozy.
Nos 4 Highlanders étaient moins vivaces qu’un moustique qui aurait choisi pour s’alimenter en sang le bras d’Abdelaziz Bouteflika.
Bref, coup de sifflet final, enfin, et le quart-temps avait été dévasté par le Cavigal (21-4). Elles empochaient le gain du match sur le score de 65-43.
Franklin avait un visage plutôt riant pour qui n’a connu que les chansons de Stromae ou Mylène Farmer et la tronche de Martine Aubry. Mais après, que dire ? Que faire ? Des chiffres simples peuvent expliquer partiellement cette sortie de route, à l’image de ce 18/65 aux tirs, mais surtout, la bataille du rebond avait été abandonnée à nos adversaires. Elles ont pris 27 rebonds offensifs quand nous n’en prenions que 5, ce qui démontre une différence d’intensité et d’agressivité évidente. Une hargne et un mordant dont nos filles, dans une équipe nouvellement constituée, ne font pas encore étal.
Et puis les vacances, ainsi que les aléas du match, ont eut pour effet d’avoir des filles vite hors de forme et qui ont peiné sur la distance.
En conséquence, nos joueuses ont dû subir le folklore habituel de la danse du rond central, une tradition peut-être moins perpétrée cette année mais au moins le Cavigal avait su arracher le match et profiter de sa victoire.
En attendant de nous déplacer à Carros pour la phase retour de ces brassages, voilà quelques souvenirs du match du jour.