Round 3 : L’Isère de l’Elsa !

Et nous voilà arrivés en ce lundi de Pâques, fête du chocolat, des cloches et des lapins, pour tenter l’impossible en terre iséroise. En effet, la sélection adverse de ce jour jouait à domicile et avait clamé haut et fort que ce dernier match ne serait qu’une formalité pour leur qualification en finale nationale.

Je pense que cet excès d’assurance pouvait être interprété comme une certaine forme d’arrogance et ce serait un élément de motivation supplémentaire que nos coaches allaient utiliser avec nos azuréennes. Ensuite, on en revient à ce calcul d’apothicaire dont je vous parlais récemment.

Nous ne savions pas exactement quelles étaient les données à prendre en compte mais, globalement, il y avait une sorte de triple issue à ce match. Si nous perdions, c’était réglé, mais si nous devions gagner, l’équation devenait plus compliquée. Après une soirée cérébralement difficile passée à analyser ces hypothèses, nous en étions arrivés à la conclusion que si nous gagnions de 3pt, l’Isère passait, de 4pt, les Bouches-du-Rhône passaient, et de 5pt, nous nous offrions le billet en première classe pour jouer les finales nationales à Temple-sur-Lot.

Cet exercice mathématique effectué, il fallait préserver les filles de cette pression inutile et voir comment le match allait être orchestré. Barbara et Sarah allaient se concentrer sur les notions de plaisir, d’amusement et de détachement qui devaient dominer cette rencontre qui allait se dérouler dans le vacarme des supporters locaux.

Malgré tout, nous n’étions pas en reste… Notre « very bad trip » de la veille laissait des stigmates et ça et là quelques plumes de couleurs vives sur certaines têtes. La réplique allait être donnée et au fur et à mesure, nous allions recevoir le soutien des 2 autres délégations qui prenaient fait et cause pour les Alpes-Maritimes. Rien que de l’écrire, j’en ai des frissons !

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Grâce à une astuce de vieux briscard, j’arrivais à me faufiler sur le bord du terrain pour prendre des photos dignes de ce nom dans cette salle si spéciale ! Même si pour cela, il a fallu que je m’invente un vague métier de plombier et que je me laisse pousser une moustache bien fournie !

Il faut aussi en préambule rendre 3 hommages appuyés à l’entame de cette rencontre.

Tout d’abord à nos cadres, Nicole et David, qui assuraient la logistique et veillaient au confort de nos filles, ainsi qu’à Claudio, le pilote de notre bus, toujours bienveillant.

Ensuite à nos coaches, Barbara et Sarah qui ont su mener ce groupe à l’harmonie et à la sérénité nécessaires pour réaliser l’exploit technico-tactique de Voiron.

Enfin à nos joueuses qui surent se dépasser, se sacrifier, se donner, se respecter, s’aimer tout simplement… Malgré des petits bobos un peu partout, elles ont su aller au-delà de leurs douleurs pour se dédier totalement à leur mission du jour.

Je veux pouvoir les nommer toutes ici et graver dans la virtuelle éternité du web leur nom au panthéon de nos plus belles émotions sportives. Un ordre alphabétique fera l’affaire.

Camille, la co-capitaine de 2004, la jeunesse pleine d’espoir et de fougue, dévouée à son équipe, qui vient apprendre le métier pour tenter de reproduire le chemin de ses aînées l’année prochaine.

Chiara, toujours un doux sourire vissé sur le visage, elle a repris la confiance nécessaire à son épanouissement au sein de la sélection. Elle a donné son offrande à ce tournoi en se démenant avec intensité.

Elsa, douce et timide, et à la chevelure fascinante, qui fut repêchée in extremis dans ce groupe et qui a su y faire sa place, et quelle place ! Les progrès réalisés sur cette saison sont spectaculaires.

Flavie, le clone physique de Zette, timide et souriante, adorable et tenace en défense, coéquipière modèle sur le terrain comme en dehors.

Hermance, la guerrière du Nord, qui ne rechigne jamais à la tâche et fournit une débauche d’énergie qui force le respect. Une saison haute en couleur pour elle ponctuée par 2 finales nationales, en individuel et en collectif, bravo.

Ilona, la capitaine emblématique et exemplaire de ce groupe, qui offre son corps à l’équipe. Couverte de bleus, on pourrait croire que c’est la Schtroumpfette si elle n’était pas aussi grande !

Lisa, toujours un mot pour rire, et toujours prête à donner le meilleur pour l’équipe, elle dynamise le groupe par sa spontanéité et sa vista.

Lola, l’autre « 2004 » du groupe qui vient apprendre, qui pose ses adorables grands yeux de Pet Shop sur tout ce qui se passe, et qui se transforme en fille de la foudre, ou de la Super-Glue quand il s’agit de défendre.

Manon, la discrète, la grande, aussi silencieuse qu’un tueur à gages, elle détruit les attaquantes adverses par sa défense musclée.

Mathilda, le bébé d’1m84, la machine à contres, la Duncan du groupe, que l’on peut appeler Miss Fundamentals, pas la dernière pour rire avec les petites, aussi adorable hors du terrain qu’elle peut être rude sur le parquet.

Rania, discrète, travailleuse, excellente partenaire, elle se révèle être d’un soutien inébranlable pour ses coéquipières, et s’applique à défendre comme si sa vie en dépendait.

Zoé, ben… Ma fille quoi ! Dribbles fous, elle casse les chevilles de ses défenseurs, mais surtout, surtout, ben, elle aime les filles comme ses sœurs, et moi, ben… Je l’aime, tout simplement !

Et c’est ce groupe à l’alchimie savamment concoctée qui allait entrer dans l’arène surchauffée du Creps de Voiron, tambours en feu, parents aux ongles rongés et à la sueur frontale abondante !

Si nos gesticulations en tribune devaient avoir pour effet de dédramatiser la situation, le combat restait âpre sur le parquet. Chaque ballon devenait un enjeu géo-stratégique de la plus haute importance et les armées de chaque comité s’engageaient avec robustesse dans la conquête du terrain adverse.

Que de plongeons au sol, de mains qui arrachent le précieux sésame, de contres bien sentis !
Si l’écart n’était jamais très large, au grand dam des apprentis mathématiciens que nous étions devenus le temps d’une soirée, jamais nous n’étions menés. Les filles pratiquaient un beau basket et respectaient les consignes claires de leurs coaches.

Chacune à sa place, chacune dans son rôle, chacune concentrée, nos petites faisaient avancer la machine de guerre sans toutefois nous donner cette marge que nous appelions toutes et tous de nos vœux ! Un très court instant, dans le 3° quart-temps, nous y avons cru quand à +6, nous avons eu une balle de +8 qui aurait pu tuer le match, mais le destin, et l’agressivité des joueuses locales, tuaient cet espoir par un panier avec faute, nous étions revenus à +3…

Cette tension allait inévitablement monter crescendo… et sur une dernière action que je peux résumer en 3 images, notre impériale Mathilda contrait, attaquait, prenait une faute et marquait ses lancers… Puis souffrait comme les autres sous les paniers…

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Son combat aller s’achever sur une faute sifflée à un moment critique, et elle rejoignait le banc avec ses 5 fautes pour devenir une spectatrice investie du dénouement final de cette rencontre ! Si son tournoi s’est donc arrêté sur cette dernière faute, Mathilda aura marqué de son empreinte les zones défensives de Voiron. Sa dissuasive envergure a considérablement modifié les attaques adverses et nous a permis de nous organiser autour de sa présence rassurante. Merci jeune fille !

Il fallait retourner au charbon avec les dernières forces de nos jeunes basketteuses, et Ilona allait encore offrir son énergie et son dynamisme à l’équipe, tout en fédérant les filles qui ne lâchaient pas prise. Et puis vint le moment où il était nécessaire de communiquer l’information capitale de ce match aux filles. A 4 minutes de la fin, Barbara et Sarah décidèrent de leur communiquer que notre victoire devait être de 5pt si nous voulions continuer l’aventure. La pression allait-elle s’accentuer ? Ou bien paralyser nos dernières minutes sur le terrain ? Ou encore laisser nos imperturbables gladiatrices de marbre ? Nous allions vite le savoir…

Les joueuses des 2 équipes commençaient à en avoir plein les pattes et pourtant, elles tentaient d’emballer le match. Que ce soit nos azuréennes qui voulaient marquer ces 2 points supplémentaires, ou les iséroises qui recollaient systématiquement au score pour nous maintenir en-dessous de leur marque de sécurité, celle qui les qualifiaient à nos dépens.

C’était épique en ce jour de Pâques ! Sur le bord du terrain, je n’arrivais plus vraiment à photographier quoi que ce soit, la main tremblante et mon iWatch m’indiquant un terrible 140 pulsations par minute assis au sol… Bon sang, quelle tension !

Les iséroises avaient une balle pour nous faire mal, très mal, et s’assurèrent une position de shoot… Oui mais voilà, cette position fût acquise aux forceps et l’action fût annulée pour une faute offensive. Nous avions environ 10 secondes pour sceller notre destin ou celui de nos hôtes… Ilona, avec sang froid et en leader, prit ses responsabilités et envoya le shoot… Qui rebondit sur l’anneau, fit un petit tour et puis, comme les moulins de la comptine pour enfants, s’en vint… La lutte pour le rebond allait devenir le sommet de ces 3 jours, et qui allait le capter ? Elsa, qui s’était faufilée au travers de nos adversaires, allait déplier ses longs segments et gober le précieux Graal. Restait à savoir que faire de ce ballon ?

C’est amusant de décrire longuement ces actions finales quand on sait que tout s’est déroulé en 6 ou 7 secondes n’est-ce pas ?

En bonne coéquipière, appliquée dans son basket, et cherchant les solutions extérieures, Elsa allait nous faire un pas de danse sur son pied de pivot, pour regarder à sa droite, personne. Puis en haut de raquette, encore personne, impossible de passer le ballon. Il lui restait alors à boucler ce tour de cheville rotative et à regarder de nouveau le panier, puis se débarrasser du cuir pour le catapulter vers le panneau isérois… La salle était silencieuse, le souffle court, et tous les yeux capables de voir ce match virent la balle faire l’amour au filet adverse, déversant un vent glacial sur les supporters locaux, déclenchant un tsunami d’amour de notre côté !

Mais le coach de l’Isère avait gardé un temps-mort qu’il prenait derechef, pour tenter l’impossible retour. Cette marque au chrono restera dans ma tête longtemps, très longtemps… Il restait 2″3 à tenir, ce qui, entre nous, cardiaquement, représentait une éternité ! Nos filles retournaient sur le banc, conscientes de tenir l’exploit recherché, et déjà à célébrer l’instant. Un peu trop vite d’ailleurs car il fallait garder la concentration nécessaire pour tenir la fin de match. Les fins de matches contre le Gard et les Bouches-du-Rhône avaient été des expériences à retenir et les 5 héroïnes de notre saga voironnaise, Ilona, Elsa, Manon, Hermance et Zoé, allaient se regrouper au milieu du terrain pour un dernier échange plein d’émotion et de solidarité que j’ai pu immortaliser… Génial !

Le match reprenait et la remise en jeu se faisait donc dans notre camp, le ballon fusa, le chrono se déclenchait, l’apoplexie était presque réelle… Mais non, les iséroises s’effondraient, incapables de prendre ce dernier shoot et laissaient la victoire aux mains de nos fantastiques U13… Le bleu leur va si bien, les larmes de joie pouvait couler. Je tiens à présenter mes excuses à tous ceux qui auraient souhaité des photos de l’explosion de joie, j’étais incapable de quoi que ce soit si ce n’est courir, hurler, hurler, hurler, et je crois qu’à la fin, j’ai hurlé ! Quelqu’un a pris un cliché de ce moment, j’en perdais ma casquette !

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Quel tourbillon, quelle émotion, quelle folie ! Une fois encore, le dénouement d’une de nos parties se fit sur le fil, et j’ai une pensée pour les iséroises qui s’étaient préparées et ont vu leurs espoirs de finale nationale s’envoler avec la tornade bleu azur qui venait de déferler dans leur Creps. Mais c’est le sport, avec ses incertitudes, ses émotions, ses aléas, et il n’est nul besoin de dire que nous allions apprécier à sa juste mesure l’exploit qui venait de se concrétiser en ce lundi de Pâques. Les filles allaient entamer une longue et expressive séance de danse de la victoire, un truc fait de déhanchés, de sauts, de cris et de larmes, aidées de quelques artefacts et colifichets dont les parents devenaient fournisseurs !

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Voilà donc ce qu’il s’est passé durant ces 3 jours à Voiron… Des amitiés renforcées, de nouvelles se sont crées, des parents se sont amusés, et ont souffert aussi, comme les coaches et les joueuses. Les joueuses… La Génération 2003 comme indiqué sur les t-shirts délivrés aux vainqueurs… Une bande de jeunes filles au talent certain, au mental incroyable, qui nous ont permis de rêver durant 3 jours, et qui se sont offert une finale nationale, ce qui ne s’était pas présenté depuis au moins une décade pour les Alpes-Maritimes. Ces jeunes filles ont acquis bien des choses dans ce tournoi, au-delà de l’aspect basket pur et dur. Mais le soutien inconditionnel qu’elles se sont porté, ainsi que la solidarité dont elles ont fait preuve, ont montré que le petit Poucet pouvait renverser bien des ogres ! Tant que la concentration est là, et que le plaisir reste certain, on peut voyager tranquille… Notre effectif est incomparable aux autres, il contient des ingrédients qu’aucune autre équipe ne possède. Nos 2 alchimistes, Barbara et Sarah, ont su insuffler ce qu’il fallait à ces individualités si attachantes.

Sera-ce suffisant pour Temple-sur-Lot ? Qui s’en soucie au fond ? C’est une autre aventure, avec d’autres paramètres, d’autres personnes, d’autres adversaires, d’autres styles de jeu, et alors ? Nous connaissons nos forces, nos faiblesses, nous savons ce dont nous sommes capables et il est impossible de trahir l’identité de ce groupe… Bravo à vous les filles, jeunes et moins jeunes, c’était un tournoi formidable !

Le basket, c’est une histoire d’amour, restons simples et profitons de chaque instant, la vie est une chance pour qui sait la savourer, et cette qualification aura offert une parenthèse de plaisir et de joie à tout le monde.

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Le retour à la réalité allait être difficile pour les filles au collège, les parents au bureau, mais ça valait le coup bon sang ! Avant de vous laisser profiter des images, il me semble nécessaire de rendre un hommage à Stéphanie, que David surnommait « Doigts de Fée », les filles savent pourquoi dorénavant ! Son dévouement à la cause sanitaire de nos filles et leurs corps endoloris a été une pierre angulaire de ce weekend, un très grand merci à elle pour sa patience et son travail sur la récupération !

Ah oui, mince, j’allais oublier… C’était Pâques, les filles avaient mérité une pause gourmande !
Ca tombait bien, le petit lapin rose venait d’avoir une délicieuse portée qu’il allait pouvoir offrir à ces gourmandes !

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On se revoit vite et on remet ça ?
Allez, petite plongée visuelle dans l’aventure… Dommage de ne pouvoir tout mettre…!

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