Ni claque ni casque au derby monégasque

Le 12 Octobre 1492, Christophe Colomb découvrait l’Amérique.
Le 12 Octobre 2019, c’était un grand jour pour la Principauté de Monaco puisque c’était ce samedi que le premier derby U18F de l’histoire allait avoir lieu entre les 2 clubs locaux.

Pour beaucoup de joueuses, il fallait déjà quitter la France, ce pays permissif qui autorise les adultes à trottinettes et les disques de Christine & The Queens, pour rejoindre le Gymnase Scolaire du Stade Louis 2.

Ce derby, au-delà du sel classique de ce qu’il peut offrir, aurait pour certaines une saveur bien particulière. En effet, le Coach Franklin revenait dans le club qu’il avait servi ces dernières années, et il ne faisait pas ce chemin tout seul. De nombreuses filles revenaient elles aussi dans ce qui avait été jusqu’alors leur club de toujours, l’angoisse un peu chevillée au corps. Il fallait pourtant que Léana, Maylis, Janna et Clara gardent leur calme mais le leur dire était aussi efficace que si, à l’entrée du Cap d’Agde, on collait l’Evêque du coin avec une pancarte qui dirait « Sinon existe aussi l’abstinence ».

Mais bon, ces récents transfuges restaient des jeunes filles. Aaah le jeunisme… ça consiste à remplacer Nathalie Portman dans la pub Dior par Gloria des Kids United qui dirait « Achète-ça gros, ça sent grave bon ». Enfin, l’âge, on s’en fout, comme disent les vieux, ceux qui ont renoncé à la playlist Rap sur Spotify et au Poppers car ça leur fait des palpitations.

Que ces cœurs jadis robustes se ragaillardissent, ce samedi, nous fêtions l’anniversaire de ce qui fût probablement l’émoi de bien des jeunes mâles puisque Brigitte Lahaie célébrait ses 63 ans, une semaine juste après l’anniversaire de Berlusconi, la vie est drôlement bien faite…

Le Gymnase Scolaire était désert à notre arrivée, mais les OTM qui arrivaient étaient de vieilles connaissances puisque ce furent Fred et Sophie, les oncle et marraine de Zoé, qui allaient prendre le contrôle technique de la partie. Une partie sur le point de débuter avec Léana, Maguette, Zoé, Janna et Clara.

Sous les yeux de son cousin Larry, venu voir jouer sa douce et tendre, Zoé loupait le premier tir de la partie, puis se fracassait sur la dite douce et tendre.
Le temps d’ajuster son jeu et elle trouvait Janna qui inscrivait le premier panier du match.
Après 90 secondes de jeu, Cléo se faisait mal au pied et quittait ses partenaires, puis le match définitivement pour se faire soigner.
Après une bonne défense, Zoé trouvait de nouveau Janna pour un nouveau panier, puis Maguette lançait Clara pour mener 6-0, et les asémistes se faisaient bousculer comme Geneviève Legay, un nom qui suffirait à faire convulser Christine Boutin si cette dernière n’avait pas pris retraite à l’Abbaye de la Nonne Perchée de Trouperdu dans la Nièvre.
L’Asm prenait un temps-mort et revenait à 6-2 grâce à Léa.
Avec 2 lancers convertis, un panier marqué et une passe décisive à Chiara, le Mba prenait les devants à 12-4.
La rentrée d’Eunice permettait à Zoé de souffler un peu et elle en profitait pour marquer un panier.
Mais la période de flottement qui s’ensuivit fut propice au retour de nos adversaires, qui, coup de boutoir après coup de boutoir, revenaient à 14-11, dans un échange plutôt laborieux.
Ce début de match avait retenu l’attention des collapsologues, ces gens persuadés que l’effondrement de la civilisation est en cours. Ils ont vu l’émission d’Evelyne Thomas « Quand ils rient on dirait qu’ils pètent » et ont compris que la fin du monde est proche.
Zoé et Léana rentraient pour la fin de période. La première trouvait la seconde pour un tir à 3 points qui permettait de mener 17-11 avant de débuter le deuxième quart-temps.
Cela dit, avec un 7/28 aux tirs, nous aurions pu largement profiter de notre avance, mais nos filles savent ménager le suspense.

Cette période débutait par une belle défense de nos cadettes qui récupéraient la balle après 24 secondes. Maylis, Tinane et Zoé se chargeaient d’emballer ces premières minutes pour mener 21-11.
Mais les asémistes ne lâchaient rien et profitaient de la fébrilité de nos jeunes pousses pour revenir à 22-18, c’était OUF comme aurait dit Faudel en interview si quelqu’un lui demandait une interview.
Zoé marquait ses lancers-francs, Maylis l’imitait, et elle récidivait sur une passe de Chiara. Nous reprenions un peu d’air à 27-21.
Maylis scorait encore puis ce fût Chiara qui gobait un rebond défensif. Sur cette action, du monde lui tombait sur la cheville et, quand elle se relevait, elle avait la même démarche qu’Oscar Pistorius si on lui avait piqué sa prothèse de droite.
Zoé sortait de nouveau et nos U18 commirent alors quelques fautes qui offraient des lancers à nos hôtes, offrandes qu’elles convertissaient pour recoller à 29-25.
Janna faisait une passe décisive à Eunice tandis que Tinane marquait un lancer-franc sur la quatrième faute de Margherita.
Eunice se battait comme une tigresse pour gratter un ballon qu’elle perdait malheureusement, une action qui avait finalement autant de valeur que celle à la brocante de l’album de G-Squad de 1997.
Janna marquait un panier, imitée par Tinane sur un rebond offensif, nous empochions le gain du deuxième quart-temps et, à la mi-temps, nous menions 36-29.

Ce score était un vrai trompe-l’œil car si le tableau affichait 7 points d’avance, un peu d’adresse, et un peu plus de confiance, nous aurait permis d’éviter ce 13/57 aux tirs et nous offrir un bien meilleur matelas. Durant cette première mi-temps, l’exercice de tir s’était rapproché d’une épreuve de « Jeux sans frontière », le jeu que déteste Nicolas Dupont-Aignan

Même si le match était sous contrôle, il fallait revenir avec de meilleures intentions pour éviter la mauvaise surprise, et c’est ce qu’allaient tenter d’entreprendre nos U18.
Zoé servit Janna pour un panier, marquait un lancer, mais les asémistes s’accrochaient encore et après un tir primé, le score était de 39-36 en notre faveur. Il fallait espérer que ce retour ne terrifie pas nos jeunes joueuses autant que nous l’avions été quand les médias nous avaient annoncé la sortie des Bronzés 4.
Notre meneuse offrait une nouvelle passe à Janna, prenait un rebond offensif et provoquait une faute, Léana participait à l’effort collectif, puis Zoé reprenait un rebond offensif et donnait un caviar à Léana, nous en étions à 45-36, avant que l’Asm ne décoche un nouveau tir à 3 points pour revenir à 45-39, moment que choisit Franklin pour prendre un temps-mort.
Il assénait son propos avec le calme et la force de persuasion qu’a Teddy Riner quand il lève son bras droit et qu’il dit « Stop ».
Léana allait se voir offrir des passes de Janna et Zoé pour remettre notre équipe devant, à 49-39.
Puis Tinane remettait un rebond offensif dans le filet, et ce fut au tour de Clara d’arracher un rebond défensif, elle lançait Janna qui délivrait une passe décisive à Maguette pour s’asseoir confortablement sur une avance de 14 points à 53-39.
Zoé retournait souffler sur le banc mais, hélas, les quelques minutes qui suivirent ne furent pas exceptionnelles et virent l’Asm revenir un peu miraculeusement il faut bien l’avouer.
Margherita commettait sa cinquième faute, c’était la fin de son crash-test.
Marrant d’utiliser ce terme usité dans les sports mécaniques, mais peut-être était-ce le parfum des Grands Prix disputés à Monaco ?
Malgré un effort au rebond de Tinane, les asémistes refaisaient un peu de leur retard mais s’inclinaient tout de même dans ce troisième quart-temps 19-17. Nous étions toujours en tête de 9 points sur le score de 55 à 46.

Les 10 dernières minutes se profilaient et c’est sur un nouveau rebond offensif de Maguette que nous les entamions, avant qu’Islame ne retombe lourdement sur son épaule en poussant un cri strident à exploser les tympans et rendre sourd, ce qui peut être un avantage si, à la maison, vous avez des ados qui écoutent Jul.
Léana marquait par la suite avec une faute en prime, on passait à +14 sur le score de 60 à 46.
Chiara, Clara puis Léana encore sur une passe de Janna mettait l’équipe sur orbite à 68-46.
Le match avait basculé, difficile d’envisager une quelconque remontée de l’Asm, même si elle faisait preuve de quelques soubresauts.
Maylis interceptait un ballon et filait vers le panier quand Islame la rattrapait et commettait une grosse faute qui les firent tomber toutes deux au sol. C’était aussi sauvage qu’un trip en forêt amazonienne avec Mike Horn. Nous menions 73-50 à cet instant.
Zoé agrémentait sa fin de match de 2 passes décisives vers Maguette et Janna avant de quitter la partie, un peu déçue de sa prestation aux tirs, plutôt infructueuse. Malgré une ligne de stats plutôt correcte (9pt 6rbd 10pd 9int), elle semblait avoir la même estime d’elle-même que Mike Brant le matin où il a réalisé qu’il existait une alternative à l’ascenseur ou aux escaliers.
A son tour, Janna, qui avait harcelé ses adversaires tout le long du match, écopait de sa cinquième faute et quittait ses partenaires, tandis que Léana continuait son travail de sape en enquillant un tir longue distance.
Il ne pouvait plus rien nous arriver, on allait gagner, même si on avait fait jouer Mario de la StarAc 1, il aurait alors tenu sa revanche sur Jenifer.
C’est à Laura Boggetti que revenait la responsabilité de clore le bal et elle marquait ainsi le dernier panier de la partie pour les asémistes. Nous remportions cette dernière période 25-14 et le match sur le score de 80 à 60.

Bon, si cette victoire fût large, elle aurait pu être beaucoup plus confortable tant le stress avait eu raison de la précision de nos joueuses. Pour ma part, un tel festival, je ne l’ai que très peu connu.
Pas moins de 113 tentatives en 40 minutes. 113 ! En kilos, c’est ce que Gérard Larcher consomme en Apéricubes par an. Donc un 32/113, ça picote les yeux, et ça prouve que nous aurions pu nous offrir un matelas bien plus épais si nous avions converti un peu plus de ces tirs.

Ecrit comme ça, on pourrait croire que ce match avait fait aux fans de basket ce que la musique de Black M fait à l’oreille du fan de Berlioz. Mais il convient de tenir compte du stress, de la tension ressentie par ces joueuses, dans un environnement familier, Gymnase, vestiaires, adversaires qui furent des partenaires, ce sont des émotions à gérer, ce n’est pas simple.

Mais voilà, le match était passé, c’est aussi ça l’expérience, et on peut espérer que les filles en tireront toutes les leçons et avantages pour mieux gérer le match retour.

Pour fêter cet instant, Franklin emmenait les filles au MacDo, cet endroit où, pour l’anniversaire des gosses, ils collent les mômes au fond de la salle à côté des WC avec un monsieur déguisé en clown, ce qui est la situation la moins saine au monde.
Et dans la bonne humeur, la journée s’achevait. Les vacances de la Toussaint se profilaient, elles allaient faire du bien. A la reprise, le programme serait dédié à la réception du Cavigal, mais on a un peu de temps d’ici là. Au moins assez pour regarder quelques photos prises lors du derby monégasque.

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