Monaco a montré les Biscotto

Avant chaque rédaction d’article, je fais toujours un petit tour de l’actualité, des commémorations, des célébrations et je me faisais la réflexion que la semaine dernière, nous fêtions les 60 ans d’Alain Chabat et que 7 jours plus tard, c’est la disparition de Bruno Carette qui faisait date… Etrange non ? Bon, citer ici même Les Nuls, c’est déjà annoncer un peu la couleur du match de ce 8 Décembre, jour férié à Monaco puisque c’est l’Immaculée Conception. Un jour férié que nos joueuses ont bien observé, dans le respect des traditions locales.

Le déplacement de ce samedi à Monaco était une aubaine pour nous. Un trajet très court qui économise les frais de voiture, surtout en ces temps de manifestations nombreuses. Aaaah la voiture… Le totem de virilité par excellence qu’il ne faut surtout pas toucher si tu es un homme parce que c’est comme un prolongement de leur pénis. Généralement, plus les hommes en ont un petit, plus ils prennent une grosse voiture, raison pour laquelle je me déplace en Mini en attendant la livraison de ma toute nouvelle Twizzy.

Nous allions retrouver les infrastructures de la salle Saint-Charles où nous avons évolué pendant des années Laurence et moi, ça fait toujours un petit quelque chose, il faut bien l’admettre.
En pénétrant dans la salle, aujourd’hui bien plus lumineuse qu’à notre époque, nous retrouvions quelques souvenirs chaleureux mais vite dissipés. Dans la foule, peu de gilets jaunes, sauf peut-être quelques vitriers parisiens qui, chaque lundi post manifestation depuis ces 3 dernières semaines, reconstruisent toute la capitale et ont vu leur chiffre d’affaires exploser au point de les pousser à mesurer les meilleures formes de défiscalisation.

Monaco allait nous recevoir avec un effectif amoindri puisqu’il manquait Léa et Célia dans leur rotation. Les filles valides allaient devoir concentrer leurs efforts pour contrer les attaques de l’Eveil et elles allaient se donner avec générosité tout au long de la partie.

Du côté niçois, Geoffrey décidait d’aligner Zoé, Chiara, Thilelli, Hana et Amélie.

Les asémistes décidaient de mettre en place une zone bien compacte en défense pour ralentir et limiter la production offensive de nos joueuses. Mais si le jeu démarrait de façon un peu crispée, Hana et Amélie, sur lancers-francs, et Zoé, par un tir à 3 points, plaçaient notre équipe à bonne distance pour mener 7-0.
Bizarrement, les choses allaient se détraquer, dérailler. Ça allait devenir un immense bordel et notre équipe était à ce moment de la partie dans le même état que le cerveau d’Arielle Dombasle.
Nos filles n’arrivaient pas à enchaîner, vendangeaient en attaque, ne défendaient pas, elles se battaient moins qu’un manchot au baby-foot. A peine un petit lancer-franc glané, le reste du quart-temps n’était que brouillon et, ne les mésestimons pas, à l’avantage de nos adversaires.
La Fête Dieu était de leur côté, à l’image de ce shoot improbable d’Anna dont la trajectoire irréelle nous faisait penser à l’Immaculée Conception. Immaculée, certes, mais y m’a fait mal.
Jusqu’au terme de la période, nos filles allaient faire preuve d’apathie, au point de laisser Clara rentrer son tir à 3 points et remporter le quart-temps 14 à 10 sous les yeux de Geoffrey, médusé, qui faisait preuve d’un grand sang-froid et d’une maîtrise de lui stupéfiante, le genre à éviter de se donner la mort en plein live des Kids United.
Ces 10 minutes ressemblaient à une désolation et j’avais en tête une phrase du rap « Marly-Gomont » de Kamini, qui fêtait au passage ses 38 ans ce jour, pour définir ce qui venait de se passer.
« Un début de match dans l’coin, quelques lancers-francs, un 3 points, et rien… »

Mécontent de sa production, Geoffrey allait laisser Zoé sur le banc en ce début de deuxième quart-temps et tentait d’insuffler un peu de révolte à nos U18 un peu perturbées par ce début de rencontre loupé. Mais rien n’y faisait. Des hésitations, de la précipitation, des mauvais choix, un florilège de ce qu’il ne faut pas faire sur un terrain nous était offert gracieusement par nos cadettes.
Hana tentait de mettre un peu d’énergie en attaque, pour dynamiser l’ensemble, mais elle perdait en lucidité à l’image de ce ballon chèrement récupéré mais catapulté immédiatement sans possibilité de rentrer. C’était pourtant une évidence et ne pas le voir, c’est comme ne pas réaliser dès 1985 que le groupe Modern Talking aurait une durée de vie limitée, ne serait-ce qu’à cause de leur coiffure.
Les monégasques continuaient de creuser leur sillon et elles menaient alors 18 à 11. C’est à cet instant que Nico reçut sa 5° faute et quittait la salle, totalement déprimé par la prestation de nos jeunes pousses. Pour être honnête, si Jim Morrison ne s’était pas donné la mort à 27 ans, il aurait fêté ce jour son 75° anniversaire mais aurait certainement décidé d’ingérer des barbituriques à la vue de la prestation de l’Eveil sur ces 15 dernières minutes.
Il restait donc 5 minutes à jouer dans cette période et Zoé revenait sur le terrain.
Piquée, la bondissante meneuse allait marquer 8 points d’affilée pour nous permettre de recoller au score à 21 partout. Elle marquait panier sur panier, on aurait dit un vendeur de chichis qui, l’été, se serait installé au bas de la villa de Gérard Larcher.
Monaco reprenait l’avantage mais Hana et Thiziri inscrivaient chacune un lancer pour finir le quart-temps sur le score de 13 à 9 en notre faveur et à la mi-temps, le tableau d’affichage montrait 23 partout.

Jusqu’alors, même si le soubresaut orchestré dans les 5 dernières minutes redonnait des couleurs à l’équipe, l’ensemble avait été bien terne, ennuyeux. Tellement ennuyeux qu’on s’en serait presque donné la mort sauf que la mort est encore plus ennuyeuse puisqu’il paraît que tout ce qu’on voit c’est un long tunnel, comme celui de Las Planas, et qu’au bout, alors qu’on pensait retrouver Kurt Cobain et Amy Winehouse en train de gober des Xanax comme des M&M’s, on doit se farcir Aznavour qui, inlassablement, répète « mais il est où, ici, le Crédit Suisse ? ».

Il ne faut pas négliger les asémistes qui tentaient crânement leur chance et résistaient avec abnégation, se battaient avec courage et volonté au point de faire douter fort logiquement nos joueuses. Il allait nous falloir montrer un autre visage lors de la deuxième mi-temps pour ne pas courir au-devant de grandes déconvenues.

A l’entame de la 3° période, on se disait qu’il était temps que les filles se réveillent et commencent la partie, ce qu’elles firent en nous donnant l’impression d’assister à un remake d’Hibernatus mais version basket.
Nous retrouvions l’attaque en triangle préférée non pas de Phil Jackson mais des sœurs Moudoud qui scoraient, mais Monaco recollait aussitôt sur un triple rebond offensif.
Zoé redonnait un peu d’avance, mais tel le sparadrap sur le capitaine Haddock, les monégasques s’accrochaient d’une façon ou d’une autre à nos shorts.
Petit instant de flottement à ce moment du jeu car le score affiché ne correspondait plus à ce qui se passait sur le terrain. Le coach, les parents ainsi qu’une délicieuse et souriante joueuse de Monaco réalisèrent qu’il manquait 2 points au total de l’Eveil. Rien de fou non plus mais je me voyais chargé de m’enquérir de la situation auprès de la table de marque. Bon, mon intervention avait été encore moins appréciée que la grippe espagnole de 1905 et les choses restaient en l’état. Pour la petite histoire, le revisionnage du match montre qu’en effet, il y avait bien un panier oublié pour nos U18, ce n’est pas grave.
Nos filles finissaient bien le quart-temps en creusant un petit écart qui offrait un peu de confort avant la dernière ligne droite. Hana rentrait un shoot pour conclure la période par une victoire 20 à 13, nous avions maintenant 7 points d’avance à 43-36 (enfin, 41-36 du coup avec ce panier d’écart).

Afin de s’assurer de la mobilisation de ses joueuses, Geoffrey tenait un discours musclé et il était aussi excité que le médecin de Gérard Depardieu au moment de lui annoncer les résultats de son bilan sanguin.

Et il faisait bien le bougre, car le retour sur le terrain se faisait de nouveau dans une certaine forme de torpeur. Si Thiziri et Hana nous permettaient de mener 47 à 36, nous allions passer un long moment sans que rien ne se passe… Environ 4 minutes durant lesquelles les filles ne faisaient rien, tel le biographe de Nicolas Dupont-Aignan.
Il restait 5 minutes à jouer et le peu d’écart au score aiguisait la tension des joueuses des deux camps. Celles qui voulaient revenir coûte que coûte contre celles qui avaient peur de voir fondre leur avance.
Ainsi les défenses devenaient un peu plus rugueuses et on se disait parfois que pour endiguer cette violence, il aurait fallu, a minima, l’intervention décisive d’Alexandre Benalla. Mais nous avions les arbitres qui faisaient le job, et plutôt bien en l’occurrence. Il convient de souligner une fois encore que Brieuc Albe et Imene Bouzdou avaient l’assurance nécessaire à la conduite de match de niveau PACA.
Hélas les esprits s’échauffaient un instant sur une contre-attaque monégasque durant laquelle Cléo assénait malencontreusement un coup de coude à Hayam, qui entrait dans une colère aussi noire que celle de Jean-Luc Mélenchon quand le livreur de chez Lapeyre veut changer la porte du siège de son parti, et que Maïssa intervenait d’un contre un peu robuste en sanction.
Pas grand-chose en fait, et Mlle Bouzdou fit acte de pédagogie immédiatement pour recadrer les joueuses en cette fin de match.
Sur la reprise, Zoé marquait un panier pour mener 52-44 avant un temps mort pour organiser les dernières 100 secondes à jouer.
Monaco scorait par Cléo pour revenir à 52-46 (pensez dans le contexte à retirer 2 points au score que j’écris) et le money-time allait être celui de Chiara.
Elle allait tout d’abord inscrire un panier important à une poignée de secondes du terme, mais sur la possession suivante, elle allait valider le panier qui fait mal.
Sans véritable solution ouverte, notre numéro 6 se dirigeait vers une zone du terrain propice au repli défensif quand elle héritait de la balle. 2 secondes à jouer dans la phase d’attaque de l’Eveil et la voilà qui décochait un tir à presque 10 mètres du filet adverse.
Dedans. Ce shoot claquait en rappelant le son que l’on peut entendre dans la salle d’attente d’un proctologue quand il enfile ses gants en latex. Le score n’évoluerait plus.
Ainsi l’Eveil remportait le dernier quart-temps 14 à 10 et le match sur le score de 57 à 46 (enfin 55 à 46 vous avez compris).

Quel drôle de match quand même, se faire de telles sueurs froides, mais je dirais qu’on est habitué malheureusement avec ces joueuses. Se compliquer pareillement la tâche, ce n’est pas réel.
Nous avions eu la sensation de visiter la Foire du Bricolage tellement il y eut de briques et parpaings.
Si nous avions empoché 2 EUR par shoot manqué, notre équipe aurait été plus riche que Bruno Lemaire s’il créait une taxe sur les gens qui utilisent l’expression « au jour d’aujourd’hui ».

Un match pas très sexy donc, du moins autant que Kim Basinger aujourd’hui qui vient d’avoir 64 ans, mais il faut savoir reconnaître qu’elles ont su s’extirper d’une situation bien délicate. Tant sur le plan de la motivation, de l’engagement, que du point de vue du résultat en soit. Menées de 7 points dans le deuxième quart-temps, il s’en était fallu de peu pour que la glissade soit définitive.
Monaco a su bloquer l’essentiel et faire ce qu’il fallait en attaque pour faire douter nos joueuses, les pousser dans leurs retranchements, bravo à elles.

Du côté de l’Eveil, les supporters respiraient un peu mieux, ils avaient été eux aussi soumis à rude épreuve, nerveusement parlant. Ainsi pour retrouver le sourire, ils avaient dû recourir aux mêmes techniques euphorisantes que les joueurs d’Arsenal quand ils prennent des capsules de gaz hilarant.

Tout le monde avait senti le presque faux-pas et le frisson fût réel.
En même temps, c’est ce genre de situation qui permet d’apprendre, d’engranger de la confiance et surtout de l’expérience. Rien n’est jamais acquis, et cette leçon s’applique au-delà des murs d’une enceinte sportive. La vie est un combat et les arbitres y sont moins conciliants.

Bref, nos jeunes filles vont retourner au travail avant de recevoir le Cavigal samedi prochain, nul doute que la partie sera encore relevée. Enfin les vacances arriveront et dès janvier, il y aura une nouvelle phase. Comme le chantait Gérard Blanc, dont c’est le 61° anniversaire ce jour, on démarrera une autre histoire.

En attendant, voilà quelques souvenirs de ce match.

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