Le Blockhaus de Carros

‌Et voilà, nous sommes le premier décembre, déjà…
Il y a peu encore, nous avions les pieds dans l’eau et le nez dans le Spritz, puis est venue la rentrée scolaire, et ces sanglots longs des violons de l’automne qui blessent nos cœurs d’une langueur monotone, et voilà que nous en sommes arrivés à déchirer les petites portes en carton de nos calendriers de l’Avent afin d’en extirper de précieux et caloriques petits chocolats à l’effet antidépresseur si réconfortant en cette morne période hivernale.
Le pire c’est que dans moins d’un mois, on fêtera la Saint Sylvestre, qui n’a rien à voir avec le matou qui avance mille prétextes pour dévorer Titi, et nous aurons basculé en 2019… Mince alors !
Le temps passe tellement vite, on ne sait pas, ou on ne sait plus, comment maitriser le rythme de nos vies trépidantes. Tiens, regardez, vous vous souvenez de Charlene Tilton ? Elle incarnait la jeune blonde et pulpeuse Lucy Ewing dans l’univers impitoyable de Dallas. Et bien elle a fêté ses 59 ans aujourd’hui, quittant le confort de ses couches culottes pour celui de ses couches Confiance.
Il n’y a pas si longtemps, nous étions devant les Enfants du Rock à observer les premiers pas d’Antoine De Caunes dans l’exercice de l’humour télévisuel et paf, voilà que lui fête ses 64 ans !
Quelque part, Pablo Escobar aura réussi sa sortie, car s’il n’avait pas péri sur le toit d’une maisonnette de Medellin, il aurait une drôle de tronche le roi des narcotrafiquants du haut de ses 69 ans ! Je sais, l’âge se dissocie du talent, mais je m’inquiète quand même de celui de Daniel Pennac, qui avance vite, pouvant me priver potentiellement chaque jour un peu plus du plaisir de me régaler d’une de ses nouvelles pépites littéraires.
J’avoue montrer moins d’impatience à l’idée de la sortie d’un nouvel album de Frankye Vincent.

Enfin bref, vous voyez ce que je veux dire par “temps qui passe”, par frénésie. Et ce samedi n’allait pas se limiter à cette cruelle constatation, non, et ça allait être terrible ! En effet, le soir même, Iris Mittenaere perdait la finale de Danse avec les Stars alors qu’elle avait tout pour l’emporter et ça, ça fout la rage aux dents !
Et ce constat est presque similaire à celui effectué au sujet de notre match du jour contre la sympathique équipe de Carros.
Au match aller, quelques aléas nous avaient empêchés de l’emporter mais nous savions aussi que nous ne bénéficierions plus de l’avantage de la surprise.
Nos jeunes filles allaient devoir redoubler d’efforts pour gravir cet autre sommet du championnat. Autre montagne à deux titres, d’abord parce que cette équipe est bien installée à la 2° place de notre poule, ensuite parce que l’effectif de nos adversaires présentait de la taille, des grandes, vraiment grandes, nous allions amèrement le constater.

Pour commencer, Geoffrey envoyait sur le terrain Zoé, Chiara, Thilelli, Hana et Amélie. Difficile de dresser les contours d’une organisation apte à lutter contre les Twin Towers Chloé Teyssier et Chloé Angelot, 2 filles au-dessus du mètre quatre-vingt qui ont certainement, comme tous les points culminants d’une chaîne montagneuse, le dessus du crâne enneigé, hiver oblige.

Très vite, Chloé Angelot, allait s’illustrer en remportant l’entre-deux, puis en contrant Thilelli qui s’était aventurée en terre inconnue, mais sans Frederic Lopez pour lui indiquer la route la plus sûre. Aller sous le panier face à un tel pivot, c’est au moins aussi dangereux qu’enfiler un préservatif avec les ongles longs.
Mais nos U18 ne désarmaient pas et elles prenaient des initiatives comme le double rebond défensif d’Amélie ou cette interception d’Hana qui fut stoppée par un croche-pattes. En rentrant 1 lancer-franc, nous retrouvions la folie des grandes soirées de l’époque catenaccio du football italien : nous menions 1-0.
Chiara assurait une belle présence défensive et repoussait les vagues carrosiennes tandis que Thilelli se montrait agressive et saignante dans ses interventions et interceptions.
Puis Zoé partait ligne de fond et visitait la raquette et les défenseurs avant de déposer la balle d’un habile lay-back, une belle action savoureuse qui me rappelle le délicieux moment de mon enfance quand je croquais un biscuit Chamonix fourré à l’orange. Nous en étions donc ainsi à 5 partout.
L’échange qui suivait était physique, intense, brutal, nous provoquions des fautes, nous perdions quelques balles, mais c’était bien, correct.
Première surprise, l’arbitrage du jour. Enfin, une surprise, non, il faut reconnaitre la très grande qualité des interventions d’Imène Bouzdou qui n’a pas sifflé une seule fausse note de toute la partie, conduisant le jeu et les joueuses avec clairvoyance et justesse.
Ce ne fut pas exactement la même limonade avec Mathilde Brouillard qui, sur cette action particulière, devait s’y trouver, dans le brouillard.
En effet, sous pression commandée par le coach carrosien, Zoé se retrouvait avec 2 gardes du corps lors de sa montée de balle. Tâche dont elle s’acquittait plutôt brillamment mais alors qu’elle franchissait la ligne en 5 secondes, elle se voyait siffler 8 secondes !
Notre public avait vu Superman remonter le terrain mais l’arbitre, quant à elle, n’avait vu que son interprète Christopher Reeve qui aurait crevé le pneu droit de son fauteuil…
Nous aurons un peu de frustration à digérer, bien entendu, et quelques difficultés à contenir les assauts de nos adversaires, à l’image d’Amélie qui provoquait une intentionnelle d’Ella Reczek.
Mais elle rentrait ses 2 lancers, exercice réussi durant ce match puisque nous finirons à 14 sur 20, preuve que l’entrainement porte ses fruits.
Le quart-temps se terminait, avec un oubli en défense qui permettait à la 9 adverse de nous asséner un tir à 3 points, et de mener 16-9.
Mademoiselle Angelot avait déjà un rythme d’enfer puisqu’elle avait déjà inscrit 8 points.

Retour sur le terrain pour la suite de David contre Goliath.
Un retour un peu difficile puisque nous perdions 2 balles, écopions de 2 fautes, loupions 2 tirs ouverts et dormions sur une remise en jeu qui profitait à Carros.
Le bilan aurait pu être catastrophique, mais il était aussi compensé par une belle activité de nos filles, avec des écrans bien posés, des fautes provoquées qui nous menaient sur la ligne des lancers-francs, ainsi qu’un joli contre de Chiara.
Nous en étions à 22-14 en faveur des carrosiennes.
Thiziri plaçait un bloc trop costaud et prenait une offensive, Hayam gaspillait une magnifique offrande ligne de fond de sa meneuse puis se voyait sanctionnée de sa déjà 3° faute sur le pivot adverse. Elle avait pourtant fait preuve d’intelligence et d’intensité dans son replacement mais au lieu de tenter le passage en force, ce qui équivaut à accepter de se faire rouler dessus par un 35 tonnes lancé à pleine allure, elle optait pour le saut et donc le contre raté.
N’est pas Rudy Gobert qui veut !
Bon, si vous ne regardez pas la NBA, vous aurez du mal à comprendre la comparaison et savoir de qui il s’agit, du moins autant qu’Alain Duhamel ne sait qui est le dernier coiffeur à la mode, celui qui pourrait lui donner cette petite touche de folie.
Passé cet instant Chiara s’affairait toujours généreusement en défense et, sur un de ses rebonds, elle sortait la balle sur Zoé qui servait Thiziri à l’autre bout du terrain pour revenir à 28-18.
Sur cette période, la bataille était rude et les filles se rendaient coup pour coup.
Il fallait gérer les attaques pour récupérer un peu mais Hana n’hésitait pas à lancer une contre-attaque à la vitesse de l’éclair et décocher un tir non moins rapide. Une action échevelée que n’aurait pas renié Jack Bauer mais le shoot était pris derrière la planche, ce qui était aussi efficace que si Peter Pan offrait une lingette rince-doigts au Capitaine Crochet, ça sert à rien !
Dernière attaque à négocier et Zoé se faisait encore secouer par ses 2 bactéries qui ne la lâchaient jamais. Mais on lui sifflait un marché, que Mlle Bouzdou requalifiait en faute évidente, nous permettant de sortir une fois encore du brouillard déjà traversé précédemment. Zoé convertissait ses 2 tirs et le quart-temps avait été de parité à 14 partout. A la mi-temps, le score était toujours en faveur de Carros qui menait 30 à 23.

Le temps s’écoulait encore et toujours et j’imaginais Casimir pointer son ventre orange et dodu sur le terrain pour entonner un « voici venu, le temps, du troisième quart-temps », celui durant lequel il faut gérer le coup de pompe physique et porter des ajustements tactiques.
En toussotant, nous reprenions notre marche en avant et c’est Hana qui nous permettait de maintenir l’équipe à bonne distance en scorant 2 paniers pour rester à 34-27.
Nous étions en train de craquer peu à peu sous les coups de boutoir carrosiens et tentions de faire illusion. Malheureusement, le travail de sape des 3 grandes adverses faisait mal, jusqu’à subir des contre-attaques de la Chloé, numérotée 11, une version plus piquante du 5 de Chanel.
Elles loupaient parfois de dessous mais elles arrivaient à enchaîner des séries de 3 rebonds offensifs pour finalement conclure leurs actions, et cela plusieurs fois de suite.
Notre défense était aussi déchirée qu’Olivier de Kersauson à Quiberon quand il fait la fermeture du bar « Le Menhir Branlant » de son pote Gwendal.
Nos meneuses arrivaient à servir une fois Hana, une fois Chiara et le score était de 44 à 31 pour nos adversaires.
De nouveau apparaissait un coup de brume, au sujet d’un pied non-sifflé, puis une immense passe de Zoé pour Thiziri qui était aussi seule dans la raquette qu’un cheveu sur le crâne d’Alain Juppé. Mais elle mettait à côté sa tentative avant que sa sœur ne rende un hommage appuyé à Olivier Giroud et ses frappes de balle avec pieds carrés !
Elle shootait dans le ballon et cette action aurait pu être sanctionnée d’une intentionnelle mais Thilelli, elle, elle s’en foutait comme de sa première brosse à dents, une particularité qu’elle partage avec Didier Deschamps.
Amélie essayait d’aller au panier, dont l’accès était vraiment bien verrouillé par les cerbères adverses, et elle provoquait des fautes, encaissait les coups, elle était plus coriace que Lara Croft sous stéroïdes.
Maïssa, sur courant alternatif, perdait une balle et faisait faute, mais sur l’action suivante, elle délivrait une belle passe à Thiziri pour rester à 45-33.
C’est l’action d’après que Thiziri faisait une Neymar et se tordait la cheville en retombant de côté après son shoot. Ça sentait la grosse marave. Cette mésaventure n’empêchait pas Hayam de marquer ses 2 lancers-francs mais nous perdions la période 23-13 et nous étions menés de 15 points au tableau d’affichage qui indiquait 51 à 36 en faveur de l’Olympique de Carros.

Acte IV, comme diraient les chaînes d’info continue en parlant des gilets jaunes, où comment rester dans le sillage de nos adversaires ?
Une fois encore, nos cadettes allaient faire preuve de bonne volonté, d’initiatives, même si parfois c’était un peu désordonné. Mais depuis plusieurs matches, elles montrent un visage intéressant, elles sont très combattives. Malheureusement, cette volonté se heurtait à l’expérience de joueuses plus aguerries et l’écart se creusait malgré les bons tirs de Zoé en milieu de période.
Le coach carrosien décidait de reposer son pivot auteur d’une superbe prestation puisqu’elle avait marqué pas moins de 31 points, soit plus de la moitié de ceux de son équipe.
Elle avait tout rentré, tout lui avait réussi, elle était tellement facile qu’elle aurait même pu finir par vendre des ceintures de chasteté au Cap d’Agde.
Chez nous, ce sont les multiples de cinq qui s’illustraient puisque Zoé (5) et Amélie (15) scoraient chacune 8 points dans ce quart-temps que nous allions remporter 18 à 13.
De belles phases de jeu rapide succédaient à quelques loupés, puis certains moments étaient un peu robustes, notamment les quelques contacts avec Ella, la 13 adverse. Le jeu souffrait d’un engagement parfois un peu trop violent, play hard, die hard, on s’attendait presque à voir surgir Bruce Willis.
Les 2 dernières secondes furent à l’image de cette alternance, ces up and down, puisque Maïssa commettait une faute mais les lancers étaient loupés, avant que Chiara ne termine le match par un contre à l’ultime moment.
S’ensuivit une petite friction entre notre joueuse et son vis-à-vis carrosien,  la toujours rugueuse Ella.
Après réception d’un coup de coude dans le visage, Chiara faisait preuve de caractère en repoussant vivement son adversaire et lui signifier son mécontentement.
Le match était terminé, et perdu sur le score de 66 à 54, mais Mlle Bouzdou prenait le temps d’appeler les joueuses pour faire preuve d’une intelligente pédagogie. Une pacificatrice qui prônait un mode de vie à l’image de celle des Bonobos en quête de paix sociale.

Tout est bien qui finit bien, il faut accepter la défaite contre un adversaire qui nous était bien supérieur dans plusieurs domaines, et tout particulièrement dans celui du jeu intérieur.
Plus grandes, plus rugueuses sous le cercle, les carrosiennes avaient usé nos jeunes joueuses.
L’incontestable domination de Chloé Angelot avait été la raison principale, pour ne pas dire unique, de la victoire de nos adversaires du jour. A côté de cette fille, Robocop, c’est Saturnin le caneton qui lâche une fiente dans la mare de sa maman.

De notre côté, le constat reste le même, nos filles sont jeunes, et n’ont pas le point d’ancrage nécessaire en-dessous pour faire le job. Il est très compliqué d’évoluer sans une intérieure de métier, joueuse, gynécologue ou autre proctologue, bref, tout spécialiste de l’intérieur à part Christophe Castaner.

Néanmoins le match fût agréable, dense, intense, déséquilibré à certains endroits, mais disputé dans une ambiance sympathique et avec beaucoup de respect.
La collation d’après-match en présence des joueuses des 2 équipes en est un exemple flagrant.

Il nous reste à retourner au travail pour aller défier les monégasques sur leurs terres samedi prochain. Nos U18 seront attendues, on s’en doute bien. Mais tout ça ne reste qu’un match de basket, il y a tellement de choses plus importantes…
A ce titre, en parlant de Monaco, je pense à son Festival du Cirque, ses clowns, et c’est en cessant mes pitreries écrites et en enlevant ce petit nez rouge que je ne peux m’empêcher de penser à la triste nouvelle tombée le même soir…

Avant de vous laisser voir les photos de la rencontre, je souhaitais rendre un hommage, aussi modeste fût-il, à Abdallah Chattahy, chaudement honoré par tellement d’autres personnes. J’ai connu ce brave homme pendant des années à l’AS Monaco, club auquel il a dédié temps, énergie, volonté, moyens.
Je pense à son épouse, accompagnatrice fidèle de l’équipe dans laquelle évoluait Laurence, à Hélène et Diana, ses filles, qui ont partagé terrain et vestiaire avec Laurence aussi, à Nicolas, avec lequel j’ai joué il y a fort longtemps dans une lointaine galaxie, et j’ai une pensée triste mais chaleureuse pour toute la famille.
De sincères et profondes condoléances à vous.

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