Et le Gers nous mit un coup au foie !
Alors que nous venions à peine de laisser notre odorat s’emplir des effluves doucereuses du printemps et de son muguet, nos petites basketteuses de la Sélection des Alpes-Maritimes allaient se remettre à l’ouvrage. Le mercredi 4 mai fut béni par chacune des filles puisque le départ en bus se faisait le matin et qu’elles allaient donc louper cette demi-journée de classe.
Elles sont vraiment prêtes à tout pour se mettre sur les flancs nos U13 ! Même se taper 750 bornes et presque 10 heures de trajet pour échapper à de sympathiques contrôles de Maths, ou d’enthousiasmantes évaluations de français, choses que nous, parents responsables, n’aurions jamais pu imaginer… Ahahaha !
Les parents tiens, parlons-en ! Ben oui, rouages essentiels de la logistique des filles, ils avaient décidé de se déplacer en masse pour célébrer cet inhabituel évènement de Temple-sur-Lot. De mémoire de Nicole Manca, ce qui nous rapproche tout de même pas loin du Jurassique, le 06 n’était pas allé en finale depuis au minimum 18 ans… Performance à saluer et à mettre au crédit de nos joueuses et de leurs Coaches, maîtres d’œuvre de l’alchimie du miracle, celui entr’aperçu à Voiron !
Sans s’éterniser sur ces supporters inconditionnels, il est nécessaire de mentionner que leur arrivée au milieu de nulle part était de nature angoissante, même David Vincent les as vus, jusqu’à ce qu’ils atterrissent dans un petit Eden tenu par un belge. Non, ce n’est pas une blague ! Sandra nous avait dégoté un endroit magnifique qui allait être le théâtre de nombreuses péripéties, mais d’un niveau différent de celles que nos filles allaient subir.
Pour nous remettre en condition, rappelons ici les postulats de cette finale.
Nous nous retrouvions dans la poule du Gers et du Nord.
Dans l’autre, le Puy de Dôme, le Bas-Rhin et la Charente-Maritime allaient ferrailler.
Les dieux du basket nous gâtaient car il fallait se rendre à une évidence. Si nous devions gagner un match et nous positionner pour disputer la 3° place nationale, il fallait battre le Gers. La région Nord semblait intouchable, et ça se confirmerait 2 jours plus tard lorsqu’elles décrocheraient le titre national.
De plus, Le Gers et Le Nord avaient bataillé le matin même, à 9h30, et cela nous donnait un autre avantage, celui de la fraîcheur.
Ainsi le match qui s’annonçait à 13h30 était empli de promesses et, pour conclure la rime, de stress !
Il était évident que les visages des parents massés en tribune en disaient long sur les espoirs du jour, et sur la peur de ne pas atteindre l’objectif de l’instant. Les filles entraient ainsi dans la salle pour s’échauffer avec sérieux, application, et certainement un peu de tension. Les minois habituellement décontractés et souriants de nos gamines n’étaient plus aussi détendus.
Il fallait faire la présentation des équipes et envoyer 5 bleues commencer la lutte du jour. A savoir aussi, du fait qu’un autre match devait se dérouler l’après-midi, la durée de la partie serait de quatre fois 6 minutes.
Le match débutait donc avec Ilona, Mathilda, Zoé, Hermance et Manon, les dés étaient lancés.
Et ce début se fit en fanfare ! La vitesse de déplacement de nos petites prenait de court les filles du Gers qui devaient constater les dégâts. Grâce à nos grandes qui bouclaient les actions dans la raquette et qui fermaient bien la nôtre en défense, l’écart se fit presque punition. 12 à 2 en notre faveur au bout de 2 minutes 30. Une sorte de rêve éveillé et une façon aussi étonnante que savoureuse de tenir notre feuille de route. Mais voilà, que serait le basket sans ses aléas ? Ses rebondissements ? Ses tensions qui font frémir ? Aucun scénario n’est identique et chaque émotion est à nulle autre pareille.
Ainsi une contre-attaque des gersoises alertait notre défense et notre cavalerie lançait le galop de repli avec fougue. Ilona décontenançait son adversaire directe et plongeait au sol chercher le ballon pour le lui disputer. Rien de phénoménal en fait, une action presque banale, mais avec l’énergie que l’on connaît de notre capitaine, on assistait à une espèce de retournement façon Osoto-Gari des tatamis, mais qui se terminait avec l’étrange ippon d’Ilona… Grimaçant de douleur, elle restait au sol et c’est interloqués que nous cherchions les racines du mal, pas celles de Maurice Dantec…
Sortie sur le banc à la 4° minute donc, le match devait reprendre et nos filles continuèrent d’être valeureuses. Privées de leur élément clé, elles allaient décupler d’efforts pour maintenir la barque sur les flots, tandis que les gersoises commençaient à revenir en jambes.
Alors que Stéphanie, en Pamela Anderson d’Alerte à Temple-sur-Lot, courrait au chevet d’Ilona, la bouée en moins, je l’accompagnais pour trouver de quoi glacer cette cheville qui, elle, nous glaçait les sangs !
Une énorme boule au-dessus de la malléole ne faisait aucun doute sur la nature de la blessure : une entorse. Comment en déterminer la gravité ? Ce n’était pas possible sur l’instant…
Dans le même temps, nos benjamines œuvraient à maintenir l’espoir et force est de constater qu’elles ne pliaient pas et faisaient honneur à leur maillot bleu, celui qui porte chance… On atteignait la mi-temps avec un +10 au tableau d’affichage.
Que pouvait-il se passer dans le vestiaire avec les coaches ? Quelles allaient être les consignes ? La gestion des 2 derniers quarts-temps ? Nous allions bientôt le savoir mais nul doute que les efforts fournis, combinés au stress de la situation et la disparition de leur fer de lance allaient affecter nos joueuses. Cela dit, nous avions joué à Voiron sans notre capitaine, et nous venions de clôturer une belle mi-temps, elles devaient garder espoir !
Mais la reprise fut beaucoup plus pénible et c’est une déferlante qui est venu s’abattre dans nos rangs. Au milieu de la tempête, nos azuréennes semblaient ne plus être en mesure d’endiguer les vagues successives qui se multipliait sur ce qui ressemblait maintenant à un frêle esquif… Et puis nous connaissons tous ce cercle vertueux qui se brise, qui finit par miner le moral, comme un scorbut mental, et fait baisser les bras de nos marins d’un match. Les pirates de la première mi-temps devenaient de petits moussaillons qui avaient donc troqué leurs mousquets contre d’inoffensifs balais…
Rien de précis à leur reprocher, si ce n’est de n’avoir plus la force de croire en elles-mêmes, et de laisser le contrôle du match à des gersoises qui n’en demandaient pas tant.
Quelques vaines tentatives continuaient de déséquilibrer le collectif mais il fallait oser prendre des initiatives quand l’apathie happait notre équipe.
Et ce qui domine, c’est encore cette impression amère ressentie d’avoir plus offert le match que de ne l’avoir réellement perdu … Il manquait ce petit supplément d’âme qui nous aurait aidé à tenir bon, d’insuffler cette petite dose d’espoir qui leur aurait permis de plier mais pas rompre, mais c’est facile de le dire aujourd’hui, dans le calme de l’après-match, quand l’analyse et le débrief se font sans l’ambiance du moment et dans le confort d’un canapé. Devions-nous nourrir des regrets ?
Je suis persuadé que oui quand on voit le déroulement du reste du tournoi, et en même temps, on se dit qu’avec Ilona, le match n’aurait presqu’été qu’une simple formalité. Difficile de trancher, comme d’être lucide dans le feu de l’action. Que fallait-il faire ? Plein de choses, et rien de plus. C’est tout le paradoxe du basket, si on peut prendre la main sur l’organisation du jeu, les minutes défilent et ne peuvent pas être contrôlées. L’écart se creuse, on revient, on repart, le yoyo se met en place, on paye chaque effort supplémentaire et le résultat final de 48-38 devenait l’addition à payer. C’est ainsi, inexorablement, implacablement, le piège de nos spécialistes du foie gras s’était refermé et c’est avec une victoire méritée malgré tout qu’elles se qualifiaient pour le prochain tour.
Le nôtre allait être une belle séance de basket contre la sélection Nordiste de Palmyre, un récital plaisant à voir, mais nous en reparlerons très prochainement.
Il convient de rester un supporter de tous les instants et ainsi consoler nos filles de cet accident de parcours. Il restait malgré tout 2 matches pour faire exister notre beau département, il fallait donc panser les plaies, soigner les têtes et redonner l’énergie nécessaire à nos jeunes gladiatrices.
Petite séance de musculation pour BigJay et moi, porter Ilona… Punaise, elle est grande et lourde ahaha ! Mais nous avons pu la conduire au cabinet de kyné du tournoi. Ses larmes et ses gémissements montraient que le mal était profond, le diagnostic ne se ferait pas en cabinet mais à l’hôpital. Le kyné voulait savoir si l’astragale était touchée avant d’éventuellement manipuler.
Personnellement, je me demandais comment un kyné pouvait proposer sur une enfant de cet âge de ramener la cheville à un état acceptable pour disputer le match de l’après-midi ?… La bosse sur sa cheville prouvait l’existence d’une lésion, il fallait du repos. Nous allions avoir des nouvelles dans les heures qui suivirent, mais le match contre le Nord se déroulerait assurément sans sa capitaine… Malheureusement…
Malgré tout, voici quelques bons souvenirs de cette première bataille !