En piétinant contre Draguignan
Janvier 2020, nouvelle année, nouveaux challenges, nouvelles envies. La première phase enfin terminée, notre jeune équipe allait pouvoir se concentrer sur d’autres objectifs, parmi ceux atteignables en Poule R2, une poule constituée de Draguignan, Brignoles, Six-Fours et l’AS Monaco, que nous allions affronter pas moins de 4 fois cette saison donc.
Pas de grand séisme, au contraire de celui qui frappa Haïti le 11 janvier 2010, mais il ne fallait pas s’endormir sur nos lauriers. Une tâche immense faisait face à nos joueuses, et le travail à accomplir était énorme.
Ainsi pour cette deuxième série de match, les cartes allaient être rebattues et la concurrence nécessaire à ce niveau allait se faire plus forte. Présence, assiduité, ponctualité, implication, qualité, comportement, tout allait devoir être pris en compte afin de d’atteindre le Final Four de notre second championnat. Et cela commençait par une semaine chargée en sessions d’entraînements.
Et c’est avec cet afflux massif de joueuses que le groupe avait pu travailler cette semaine, Zoé enchainant pas moins de 5 entraînements, en ajoutant une journée de ski passée avec son père dans un Isola totalement dépeuplé, superbe souvenir !
Avec Clara encore sur le flanc, il restait 6 mutées à gérer. Le choix de la joueuse à sortir pour ce match se portait sur Romane, il ne lui restait plus qu’à se restaurer au plus proche restaurant Courte-Paille… c’est ainsi.
Le match allait être arbitré par Yanis Merabet, à un âge où les garçons passent de la voix de Jimmy Sommerville à celle de François Baroin, mais avec cette phase de transition où ils ont les deux en même temps.
Pour tenter de contenir les varoises, Franklin envoyait sur le terrain Zoé, Chiara, Chiara Ivaldi, Léana et Maylis.
A un tir loupé à 3 points de Léana, Draguignan répondait par l’ouverture du score.
Zoé tentait d’envoyer Maylis au panier mais elle loupait et Draguignan accroissait son avance.
Les erreurs allaient s’accumuler en ce début de rencontre, avec des tirs loupés, de la précipitation, des marchés, et nos adversaires menaient 6 à 0 avant que Franklin n’effectue des changements, notamment avec la rentrée des jumelles. Notre équipe prenait ainsi du poids et de l’âge alors que quelques minutes auparavant, le rajeunissement de l’équipe était certain. Finalement, les jeunes, ce sont des gens comme nous, sauf qu’ils n’ont pas encore contracté de convention obsèques vendue par Jean-Marie Proslier.
Mais après ces 4 minutes et demi d’errance, le Mba marquait enfin son premier panier par Maguette, bien servie par Chiara Ivaldi. Puis ce fût Tinane qui marquait les 2 paniers suivants pour égaliser à 6 partout, coaching gagnant. Mais Maguette commettait 2 fautes d’affilée, puis Janna à son tour, ce qui relançait Draguignan, devant à 9-6.
Eunice rentrait et Zoé la trouvait pour la servir à droite, puis Janna marquait à son tour, mais faisait une faute qui donnait 2 lancers convertis par les varoises, nous étions menés 11-10.
Malgré quelques errances, nous allions savoir appuyer sur l’accélérateur lors des dernières minutes de jeu de ce quart-temps. Et nous allions passer un 8-1 à nos adversaires, avec notamment une passe décisive de Zoé à Eunice qui marquait sur le buzzer. A 19-11 à la fin du quart-temps, les filles étaient rassurées.
Mais on le sait, en basket, rien n’est jamais acquis, à l’instar des positions boursières que Jérôme Kerviel, qui fêtait ses 43 ans et quelques millions de dettes ce jour, avait prises.
Il fallait donc rester concentrées et appliquées, résolution qui dura 17 secondes avant que Janna et Tinane ne récoltent leur 3° faute du match, ce qui compliquait la tâche du coach un peu trop prématurément.
Tinane puis Eunice, sur services de Zoé, scoraient et nous menions 24-13, avant d’encaisser un improbable bras roulé dos au panier des varoises qui revenaient à 15 points.
Puis Zoé déboulait dans la raquette adverse et sur son double-pas, une grosse faute était oubliée, ça donnait envie de crever dans un sujet/verbe/complément tenté par Frank Ribéry.
Sur l’action suivante, c’était au tour de Chiara d’encaisser sa 3° faute, sous les acclamations enthousiastes de son père qui lui rappelait que, je cite, elle faisait cette même faute depuis 10 ans !
Moindre mal, les varoises ne mettaient qu’un seul lancer mais, requinquées, elles marquaient 2 paniers dans la foulée pour se rapprocher à 24-22 avant temps-mort de Franklin.
A la reprise, notre ailière loupait totalement son tir et une faute commise permettait à Draguignan de se rapprocher encore plus à 24-23. Et en réparation de la 3° faute de Maguette, les varoises égalisaient, puis prenaient la tête avec un panier à 15 secondes de la fin de la période.
Zoé s’offrait ces dernières secondes pour un rush qui lui permettait d’égaliser à 26 partout, mais nous avions perdu le gain de ce quart-temps sur le score de 15 à 7.
Ecrit comme ça, on pourrait croire la partie échevelée, mais le scénario de ce match tenait pourtant plus de Louis la Brocante que de la Trilogie Die Hard avec Bruce Willis.
Notre adresse était passée de 39% à un famélique 16% dans ce 2° quart-temps, clairement, il ne fallait pas continuer sur cette piste car elle nous conduirait tout droit vers une grande désillusion.
La reprise serait-elle bonne pour nos joueuses ? Nous allions vite le savoir. Et bon… Pendant une longue minute, il ne se passait rien. Puis rien non plus les 2 suivantes… on se serait cru sur la partie 1988-2020 du CV de Jean-Pierre François.
Zoé décalait Léana qui rentrait un tir longue distance, mais Draguignan répondait par 2 fois pour mener 30-29. Le score évoluait de -1 à +1 pendant plusieurs possessions jusqu’à la 4° faute de Janna alors que son adversaire s’empalait sur elle. Elle s’était retrouvée dans la position d’un homme tronc qu’on aurait mis dans les buts à la finale du mondial et qui voit Kylian Mbappé se diriger vers lui avec le ballon. Puis Tinane commettait elle aussi sa 4° faute et les 2 équipes étaient à 33 partout.
Maylis rentrait et, sur la contre-attaque varoise, le public lui conseillait à voix haute et forte de ne pas faire faute. Elle ne l’entendait pas de cette oreille et offrait un panier avec lancer converti à nos adversaires, avant de faire dans la foulée une autre faute qui, heureusement, ne prêtait pas à conséquence. Mais dans ce jeu crispant des fautes, nous en étions à 19 sifflées contre nous alors que Draguignan n’en avait que 8… Et nous perdions cette période 10 à 7, pour être menés 36-33 à ce moment de la partie, avec 17% de réussite aux tirs, les choses ne s’étaient pas arrangées.
Dépitées, les filles passaient devant nous abattues, les oreilles basses, comme des cockers. Si elles étaient passées comme ça devant La Madrague, Brigitte Bardot leur aurait préparé une gamelle.
Mais il fallait se réveiller, et mettre de l’énergie à reprendre le cours de ce match pour l’emporter.
Malheureusement, Léana recevait sa 4° faute et devait sortir un moment.
Zoé pénétrait, marquait, et convertissait le lancer qui allait avec pour revenir à 36 partout.
Puis elle passait à gauche le ballon à Chiara qui inscrivait un tir à 3 points, nous menions alors 39-36 alors que Maguette prenait sa 4° faute.
Chiara était victime d’un passage en force, puis Eunice marquait, enfin, Zoé et Eunice pressaient la meneuse adverse pendant 8 secondes avant de récupérer le ballon, tout allait bien dans une salle aussi tranquille qu’un meeting de Nathalie Loiseau.
Draguignan ne s’avouait pas vaincu et le panier qui les ramenait à 41-38 les maintenait en vie.
Tinane recevait sa 4° faute mais nos joueuses ne baissaient pas de rythme et elles marquaient, par Zoé, Janna et Eunice pour mener 47-40, moment pour Tinane de tirer sa révérence après sa 5° et dernière faute, imitée dans la foulée par sa jumelle.
Avec 2 lancers convertis par notre meneuse, nous menions 52-43 et il n’y aurait plus rien, comme quand on débarque dans une boutique Prada après un car de touristes chinois.
Nous remportions la dernière période 19-7 et le match avec 9 points d’avance, une réussite aux tirs un peu en hausse, c’était une belle réaction et une belle finition.
La première marche de notre ascension en groupe R2 était franchie, non sans mal, non sans se faire peur, mais avec combativité et un certain brio.
Quelques hésitations et moment s coupables auraient pu coûter cher à l’équipe mais comme souvent cette saison, les filles avaient su faire preuve de combativité et d’abnégation pour se reprendre et contrôler la partie.
Il reste beaucoup de travail, et à restaurer une certaine forme de confiance, surtout quand on voit les effondrements cycliques de nos taux de réussite aux tirs, mais tout cela n’est que le quotidien normal d’une jeune équipe, en construction qui plus est.
Bref, une fin de journée somme toute agréable puisque les filles s’offraient la première place de cette seconde phase de championnat, avec l’espoir de la garder jusqu’au bout, même si on sait que la vie n’est pas un long fleuve tranquille.
Voilà quelques photos de cette partie avant la réédition du derby monégasque la semaine prochaine !