Court succès de Rousset
Nous sommes dimanche 19 septembre et ça y est, c’est le grand jour. Un jour assez funeste quand on réalise que ce même jour sont décédés Jimmy Hendrix et René Malville, mais aussi parce que c’est en 1998 que la Techno-Parade a été instaurée par Jack Lang, un jour vraiment tragique.
Mais aujourd’hui, c’est aussi le début du championnat NF3, l’évènement qui nous intéresse le plus, sauf si les 56 ans de Sabine Paturel vous passionnent plus. Notre équipe paradait avec ce nouveau t-shirt Domey qui porte le mantra du club « We are One ». C’est vrai que les vêtements, c’est une apparence, une identité, et donne une idée précise sur le rôle qu’on occupe dans la société. A un type qui porte un t-shirt Bob Marley, on imagine pouvoir demander du shit. A un type qui porte un t-shirt Keen-V, on sait qu’on peut lui demander à quel moment il a perdu le contrôle de sa vie. Mais bref, avec ce t-shirt fièrement porté sur le torse, l’indubitable solidarité de nos filles allait pouvoir s’exprimer.
Ce premier match avait lieu au Nouveau Gymnase R & J Peisson, la nouvelle antre flambante d’Ail de Rousset. La salle était en meilleur état que notre équipe puisque notre effectif comptait son lot de désagréments. Océane, atèle sur le doigt, allait devoir s’employer malgré son arrachement osseux, Cathy, percutée lors du tournoi des amis de Vence, souffrait d’un traumatisme crânien et, plus modestement, Zoé avait traîné une vilaine toux toute la semaine.
Mais qu’importe, pas le choix, il fallait se présenter sur le terrain et assurer, ce qu’allaient faire Ali, Patience, Maylis, Sharon et Mahé en prenant place dans le 5 de départ, sous les yeux de Corentin, le coach de la N1 venu accompagner Didier.
Comme bien souvent, Ali faisait parler sa taille pour arracher l’entre-deux et, d’une action fluide, et avec un pick and roll d’école, Sharon trouvait son pivot qui inscrivait les premiers points de la partie. Les deux récidivaient sur l’action suivante, ça partait bien, et notre défense, haute et agressive, était efficace.
Suivirent quelques échanges improductifs des deux équipes, le retour à la compétition y étant certainement pour quelque chose, et nous atteignions la moitié du quart-temps. Nous menions 7 à 6 avant qu’Océane ne trouve Sharon qui marquait en déséquilibre et obtenait en plus un lancer. Elle avait défoncé la raquette adverse comme Miley Cyrus assise sur sa boule de démolition, mais avec son ensemble maillot et short du MBA sur elle. Nous menions 10-6. Revenues à 12-9, nos adversaires tentaient un tir longue distance pour égaliser dans cette dernière minute mais sans succès. Zoé gobait le rebond défensif, passait à Océane en tombant, et cette dernière servait Patience qui marquait. Nous empochions le gain de ce premier quart-temps 14-9. Bien en jambes et solides défensivement, les filles avaient bien négocié ces 10 premières minutes.
A la reprise, grâce à Sharon qui servait Alexia, nous accentuions notre avance à 16-9. A cet instant, nos joueuses étaient plus à l’aise qu’un footballeur dans une Call-Girl. Pendant une paire de minutes, chaque tentative de retour de nos adversaires était rattrapée par nos joueuses, ce qui fait que le score évoluait avec le même écart, jusqu’à 24-17.
Une contre-attaque éclair organisée par les roussetaines permettait à Zoé de se mettre en lumière puisqu’elle offrait son corps dans un choc violent pour stopper son adversaire. Dans le jeu de Mikado qui gisait ensuite au sol, on distinguait la balle récupérée par Sharon sous les huées d’un public remonté, nos joueuses étaient en cet instant moins populaires que la pizza aux ananas.
Malgré de réels efforts, il était difficile d’endiguer tous les assauts de nos opposantes qui étaient revenues à 24-21, puis qui égalisaient avec un tir à 3 points.
Cette période était passée aussi vite que la carrière de Larusso et, à 4 secondes de la mi-temps, elles prenaient même l’avantage. Elles gagnaient le deuxième quart-temps 17-10 et avaient donc 2 points d’avance à 26-24 en leur faveur.
Difficile de prédire quoi que ce soit sur l’issue de cette partie. Ceci dit, si on ne devait parler que de ce qu’on connaît, déjà ce serait la fin de l’émission de Pascal Praud, et Gad Elmaleh ne ferait plus que des sketchs sur le copyright. Seule une petite panne d’adresse avait permis aux roussetaines de revenir dans le match, notre collectif était resté efficace et appliqué. La deuxième mi-temps allait montrer si toutes ces bonnes intentions allaient payer.
Nos filles étaient de retour sur le parquet flambant neuf de la salle Peisson, ainsi baptisée en hommage à Roger et Jacky. A sa disparition, Roger laissa son épouse Jacky continuer son œuvre au sein du club, aujourd’hui dirigé par Michel Tardieu. Nos filles allaient s’illustrer en continuant de défendre fort et faire du sale chez Jacky et Michel. Sous pression, nos adversaires commettaient quelques erreurs, au point de se faire mal. C’est ce que la 6 de Rousset, le genre à trouver la dentition de Freddie Mercury plutôt classique, ressentit en se retournant le doigt avec le ballon… Par deux fois nous poussions Ail de Rousset à jouer les 24 secondes pour récupérer la possession, ce qui prouve que nous étions en place et que pour nos adversaires, trouver une position de tir s’avérait une aventure aussi difficile que Pékin-Express.
Nous revenions et tenions nos positions, Mahé tirait à 3 points pour porter le score à 32 partout.
Sur l’action suivante, Ali récoltait sa 3° faute en étant piégée par sa taille, son gabarit, le tout bien accentué par une joueuse maline. Pourtant, la simulation de cette faute était grotesque et faisait partie des situations les moins bien jouées, juste après la mort de Marion Cotillard dans Batman.
De son côté, valide, Océane, qui jouait à la Jamel Debbouze, débordait d’énergie et allait au carton sur chaque position défensive. Elle avait tellement la patate que, chez Flodor, ils songeaient à la nommer directrice des ventes. Elle parvenait à servir Maylis qui concluait cette 3° période par un tir lointain, ce qui nous offrait le gain du quart-temps (13-12) et nous faisait pointer à 1 point de retard des roussetaines à 38-37. La bataille fut rude, engagée, le match était serré et crispant, et rien n’était encore joué dans ce mano à mano.
L’heure, enfin, les minutes, du verdict, allaient sonner.
Océane offrait un caviar à Mahé (39-38), Ali faisait une interception et, sur fond de Lac des Cygnes, s’envolait vers le panier en contre-attaque (41-38), le coach adverse prenait un temps-mort dans la foulée. Un peu de flottement s’ensuivit mais Maylis rentrait un 3 points pour mener 44-40.
Maylis avait un passage très actif et, par 2 fois, Zoé la trouvait, à 2 points puis à 3 points. Nous menions de 10 points à 50-40 avant qu’elle ne reçoive sa 4° faute à 4 minutes et demi du terme. Les 2 minutes qui suivirent furent difficile à subir. Malgré de bonnes séquences, nos joueuses avaient du mal à endiguer le retour des roussetaines. Au forceps, elles revenaient, on avait la frousse, les miquettes, les M&Ms au fond du sachet. Grâce à un tir à 3 points, le 3° sur 14 tentatives, elles recollaient à 52-49, moment pour Didier de prendre un temps-mort.
Quand nos adversaires revenaient à 52-51, le public, jusque-là silencieux, se mettaient à gronder et à entonner un chant qui sonnait faux, comme quand on reprend telle quelle une chanson de Maître Gims.
Dans ce brouhaha, Take on me, Patience provoquait une faute mais la tension aux lancers était trop forte. Elle commit ensuite une faute qui permettait à Ail de Rousset, grâce à un lancer marqué sur deux, d’égaliser à 52 partout. A 18 secondes de la fin, Maylis parvenait à obtenir une faute et convertissait ses 2 lancers pour offrir 2 points d’avance au MBA à 54-52.
La séquence défensive qui suivit fut à notre avantage, une belle lutte, qui rappelait un octogone de MMA en même temps que les supporters hurlaient « Rousset ! Rousset ! », augmentant l’impression que la star éponyme Ronda allait entrer sur le terrain. Nous tenions, mais le ballon glissait de mains en mains, sans être capté de façon définitive, sauf par la 7 adverse, surgie de nulle part, qui balançait un tir que, dans le jargon, on appelle « Le Fist de Satan ». Le ballon retombait dans nos filets, Ail de Rousset passait devant à 55-54 avec 1 seconde et 7 dixièmes à jouer. En même temps que Didier prenait son dernier temps-mort pour tenter l’impossible, nous songions à cette action avec l’envie d’allonger les roussetaines sur un lit de tiques pour leur faire choper la maladie de Lyme et de les voir paralysées de la face comme Nicole Kidman… Que c’était cruel après cette débauche d’énergie de voir ce tir rentrer…
Comme nous le supposions des tribunes, la remise en jeu ne donnait rien, nous terminions ce quart-temps sur une égalité de 17 partout, mais nous perdions ce premier match 55-54, aussi tristes que si nous avions gagné sur « Rires & Chansons » l’intégrale en DVD des Vamps.
Il n’existe jamais de défaite encourageante, jamais. Une défaite reste une défaite. Néanmoins, la complexité des situations vécues depuis notre préparation estivale, ainsi que les aléas de blessures, maladies et autres, nous permettent de relativiser. Jamais nous n’avons pu aligner notre équipe au complet, et, pourtant, elles ont su faire preuve de solidarité, d’efficacité, malgré l’adversité.
Ainsi la prestation réalisée par notre équipe laisse une note positive et beaucoup d’espoirs pour la suite. Nous avons de très jeunes joueuses qui devront savoir gérer leurs émotions, et écouter les conseils des darones de l’équipe pour les guider. Nos adversaires n’ont jamais rien lâché, même quand, par deux fois, elles furent menées de 10 points. Elles ont su provoquer leur réussite, nous n’allons pas les blâmer, ni les condamner à mort, cette peine a été abolie un 19 septembre de 1981 de toute façon.
Ainsi s’achève le premier acte de cette saison, il n’en reste pas moins de 21, bien assez pour que notre équipe vive des jours meilleurs. Je vous laisse avec les souvenirs du jour.