C’est juste une question d’équilibre

L’été touchait à sa fin… Dans la torpeur des derniers soirs d’été, quand on continue d’apprécier une légère brise venant rafraîchir nos cuisses et nos fronts encore un peu moites, on laisse vagabonder son esprit tout en sachant que la redoutée reprise se dessine irrémédiablement… Il va falloir reprendre nos places dans le trafic, sur la route frénétique et fréquentée de la vie quotidienne, loin des chemins de traverse… Ces chemins chantés par Cabrel… qui m’inspire d’ailleurs le titre de cet article…

Si la fin du mois d’août sonne la reprise des activités professionnelles, du collège ou du lycée, c’est aussi le retour du basket. Les amoureux de la balle orange vont retrouver les vestiaires et les salles de la région. Les odeurs, les lumières, les sols, les entraîneurs, les adversaires, les cris et les goûters qui remplaceront habilement les marchés d’été… Le championnat sera long, rude, éreintant, et pourtant, alors que les derniers rayons de soleil viennent picoter les pigments de notre peau, on a hâte de replonger dans ce maelstrom… We love this game !

Cette année, le championnat PACA sera relevé, à n’en point douter. Tout d’abord, lors de la première phase, il y aura 2 poules de 5 équipes, et une poule de six, celle dans laquelle l’Eveil se trouve, en compagnie du Cavigal, de Saint-Laurent du Var, d’Antibes, de Brignoles-Saint Maximin et de Carqueiranne. De ces 16 équipes, la Ligue fera une poule haute de 8, et une poule basse du même nombre. Commencer par 10 matchs, puis en disputer 14 autres en deuxième phase. La saison pourra alors s’achever fin mai, nous ramenant vers ce soleil estival que nous quittons langoureusement en cette fin septembre…

Longue introduction n’est-il pas ? Oui, mais en même temps, comme à toute rentrée, on essaye de prolonger de peu l’illusion de calme et de sérénité de notre été. Même si, pour ma part, il ne fut pas de tout repos, malgré tout, la météo clémente et l’odeur du Monoï revêtent cette vertu apaisante que l’on ressent en vacances.

La reprise signifie aussi la préparation. Il faut retourner physiquement au charbon, remuscler un corps alangui, augmenter son coffre, retrouver des sensations, travailler son adresse, bref, reprendre contact avec le basket, de façon aussi ludique que physique. Geoffrey prenait les rênes de notre jeune attelage avec l’espoir de confirmer les belles promesses entrevues au mois de juin dernier.

Le site du Mont Boron allait accueillir les premières suées de nos minimes, tout comme les premières douleurs d’ailleurs. Remettre les jambes en route après une longue pause, voilà une chose peu aisée, un fragile équilibre. On peut aujourd’hui confesser que la reprise fût tronquée par divers pépins physiques… Ceci retardait la mise en place de notre formation, à l’image de Thiziri et Zoé qui se donnèrent toutes les deux une déchirure à la cuisse, contrariant sérieusement la remise en forme prévue dans le programme.

C’est donc avec de grosses incertitudes que le championnat allait débuter ce samedi 23 Septembre contre nos meilleures ennemies, les niçoises du Cavigal. Premier match, premier stress, mise en route difficile, attentes élevées, pas forcément le meilleur départ à espérer, pour une équipe comme pour l’autre, même si, forcément, une des deux allait plus apprécier l’issue du match que l’autre…

La salle Apollinaire était bondée en ce samedi… Les parents des deux équipes étaient venus massivement soutenir leurs enfants, mais ça reste tout de même toujours étonnant de voir l’intérêt suscité par le derby niçois ! Presque comme à son habitude oserai-je dire, le Cavigal se présentait avec une équipe patchwork composée d’éléments divers, à savoir les 3 rescapées de la croisade 2017, puis la montée en catégorie des jeunes benjamines, et, enfin, des pensionnaires du Pôle Espoirs, venues elles aussi avec leur lot de fans inconditionnels. Noa, en provenance de Draguignan, complétait la scène.

Le 5 de départ du Cavigal se composait de Lola, Rania, Marie, Flavie et Noa. Celui de l’Eveil comprenait Chiara, Maïssa, Thileli, Camille et Hana.

Les arbitres, eux aussi, allaient entamer leur reprise. Bon, je sais qu’il faut faire preuve de mansuétude envers nos amis vêtus de gris et noir, mais, mais, mais… A leur décharge, encore 48 heures avant le match, de nouvelles consignes, en plus de celles impliquant les « marchés » et les fautes intentionnelles, allaient bousculer leurs certitudes et les forcer à considérer certaines actions autrement, on y reviendra.

Le match démarrait donc avec fougue et envie, mais aussi avec maladresse, c’est peu de le dire. Bizarrement, la domination physique attendue du côté de nos adversaires, pourtant bien mieux préparées au vu du programme d’entraînement qu’elles avaient suivi les semaines précédentes, penchait plutôt en notre faveur, mais les occasions n’étaient pas converties… Le score piétinait, les fautes pleuvaient puisque 22 allaient être sifflées dans cet unique quart-temps ! Il aura fallu du temps pour se sortir d’un score généralement réservé aux supporters de l’OM puisqu’après un lancer de Chiara, et un de Noa, la parité de 1 partout tenait de longues minutes ! A 3 minutes du terme de la première période, l’Eveil dominait les rebonds (20 à 10) et menait au score 9-5. Premier couac arbitral au moment où, sur une remise en jeu, nos filles entamèrent une presse qui bloquait habilement la meneuse adverse dans le coin du terrain. Une récupération de balle qui nous permettait de mener 11-5 mais qui était annulée pour une prétendue défense de zone à la Bernard de la Villardière : interdite ! L’arbitre confessera plus tard, après vérification des textes, que cette action était bien valable, c’est à son honneur, mais ça ne nous rendait pas la petite avance espérée. Pire, sur l’action suivante, la mise en place du nouveau règlement sur les fautes intentionnelles pénalisait Thileli et offrait 2 lancers au Cavigal, puis la possession de la balle. Les rouges ne se privèrent pas de convertir ces occasions et le score passait à 9 partout, et resterait comme tel à la pause. Un peu rageant quand même !

Notablement, durant ce quart-temps, Maïssa prenait 3 fautes, tout comme Thileli, compromettant de facto le reste de leur match, c’était un peu sévère. Les arbitres allaient ajuster leur niveau d’exigence par la suite, pour le bien des 2 équipes, mais le match allait tout de même durer, durer… Zoé, quant à elle, faisait sa rentrée après une préparation tronquée. 4 entraînements dans les jambes en 6 semaines, et les quelques jours avant ce match avaient été consacrés à de longues randonnées avec son collège, et sur des dénivelés à faire pâlir les experts du CAC40 !

Le deuxième quart-temps allait se révéler plus prolifique à la marque, comme si la mise en route poussive était enfin achevée. Les diesels pouvaient donner leur pleine mesure et la période allait se terminer sur le score de 20-20 et une égalité parfaite de 29 partout à la mi-temps.

Si durant cette période Hana récoltait ses 3 fautes du match, Chiara, dont la demande de remplacement fût oubliée par le corps arbitral, prenait elle sa quatrième faute, un autre fait de jeu aux grandes conséquences. Cela allait modifier la suite puisqu’elle allait sécher sur le banc tout le troisième quart-temps. Et un malheur n’arrivant jamais seul, Maïssa, en disputant un rebond, se donnait une entorse à la cheville droite…

La reprise allait être tonitruante à plusieurs titres, mais une fois encore, tout est une question d’équilibre… Avec une Maïssa claudiquant et Chiara en repos forcé, avec Thiziri et Zoé pas au meilleur de leur condition, il fallait tenir physiquement une équipe qui opérait un roulement régulier pour reposer intelligemment ses joueuses. Dans ce combat, pourtant apprécié par Thileli, cette dernière prenait sa cinquième faute, sa deuxième intentionnelle. On peut s’interroger profondément sur ce changement de règlement censé fluidifier le jeu puisqu’il le ralentit… Un match débuté à 15h30 qui allait se finir à 17h30 à cause des 55 fautes sifflées… Notre défense, réorganisée avec les moyens disponibles, subissait un peu plus les assauts de nos adversaires du jour. Les rebonds nous échappaient plus qu’en première mi-temps et la tendance allait s’inverser, et d’ailleurs, à la fin du match, nous menions à cette catégorie statistique que 56 à 52, loin de la domination de la première mi-temps…
C’est durant cette période que Rania imprima une différence même si certains de ses paniers semblaient touchés par la grâce ! Certains tirs me semblaient avoir autant de chance de rentrer que de voir Luis Fernandez conjuguer correctement les verbes « enorgueillir » ou « vilipender » à l’imparfait du subjonctif ! Et pourtant… le score enflait… Inexorablement, c’était écrit…

Le chanteur à moustache écrivait aussi sur la petite Marie qui, pour le coup, n’avait rien de petite dans ce match, et c’est durant cette deuxième mi-temps qu’elle inscrit 8 de ses 11 points, la désertion de notre raquette aidant… Maïssa tentait des efforts pour endiguer les assauts des Cavigaliennes, mais sur une jambe, difficile de performer. Le troisième quart-temps se terminait sur le score de 15-10 en faveur de nos adversaires qui prenaient donc 5 points d’avance à 44-39.

Le dernier quart-temps allait être compliqué… Il fallait tenir quand Zoé était déjà aussi rouge que les maillots adverses. Mais les filles n’allaient pas se désunir et elles allaient lutter jusqu’au bout, avec leurs armes, celles restantes du moins. Combativité incarnée par l’énergie déployée par Hana et Hayem, mais énergie contrariée par des fautes étranges, dont celle, sa cinquième et dernière, sifflée à l’encontre de Camille sur un empalement en règle de son adversaire directe… Quand de l’autre côté du terrain, une énorme faute d’Elsa sur Chiara n’était pas considérée comme intentionnelle, tout comme quand Rania, avertie 10 secondes auparavant par l’arbitre, faisait une faute appuyée sur contre-attaque à son tour, sa cinquième, toujours rien d’intentionnel… Ceci permettra de réfléchir sur la considération même de faute intentionnelle, qui s’apparente peu ou prou à la conception de dernier défenseur. Ma foi, que peut-on y faire ?… Baroud d’honneur de nos filles qui sera vain car nous allions nous incliner 15-9, et sur le score final de 59-48 en faveur de nos voisines niçoises qui allaient humblement entamer leur danse de victoire dans le rond central. Notre endémique maladresse aux lancer-francs nous coûtait la victoire, tout comme ce petit manque de réussite sur des contre-attaques, quand la faute était provoquée mais que le ballon ressortait de peu de l’anneau orange et n’offrait pas le fameux AND ONE !… Une question d’équilibre, encore, toujours… Equilibre entre physique et technique, entre tactique et psychique, nous laissions aller cette victoire chez l’adversaire, mais le résultat était somme toute encourageant.

La physionomie de ce match est différente de ce peuvent laisser apparaître les statistiques. Un match disputé, engagé, avec la tension dramaturgique que l’on connaît, et qui laisse tout de même le goût étrange et jamais très agréable de la défaite. La saison sera longue, les combats se répèteront, les aléas seront nombreux. Les U15 doivent travailler, progresser, trouver l’unité, améliorer de nombreux points, les matches ne sont que la répétition des acquis, tout comme le reflet du travail fourni tout au long de l’année. Ces matches, comme tous les autres, se déroulent un samedi après-midi sur la terre, et j’y assiste avec Zoé, la fille qui m’accompagne. Ce match est déjà fini, nous nous projetons sur le suivant. Il se déroulera dimanche prochain, le 1er Octobre. Sans doute on verra apparaître quelques dessins sur la buée des fenêtres, mais l’automne va nous faire rentrer de plein pied dans le championnat. Les deux heures passées à combattre ce samedi ont donné un bel aperçu de ce que sera cette première phase, tout le monde a hâte d’y être, aussi fragile soit l’équilibre !
Au vu de l’énergie déployée par nos joueuses, les premiers frimas n’auront pas raison de la chaleur qu’elles dégagent. Bravo à vous les filles, on continue !

Et bien entendu, c’est le retour photographique, voilà quelques souvenirs de cette belle journée…

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