Y a eu grosse bagarre contre le Var
Tiens, c’est amusant, en même temps que je commençais la rédaction de cet article, j’écoutais la radio et j’entendais Jean-Jacques Goldman, dont c’était l’anniversaire ce dimanche 11 octobre, jour de notre match contre le CTC Var-Littoral Basket. Il fêtait ses 69 ans, vous vous rendez compte ?
Mais pourtant, les années 80, c’était hier non ? Les tee-shirts Chevignon, le groupe Bros, les appareils dentaires, la mononucléose, les posters de Sabrina, hmmm là, je réalise que je mets trop de moi dans cette introduction. Mais comme une prémonition, enfin, à cet instant, plutôt comme une confirmation, je me laissais distraire par « A nos actes manqués », chanson qui allait certainement symboliser notre match du jour.
Après 3 premiers matches bien négociés pour autant de victoires, nous recevions le 4° du Championnat, les filles du CTC Littoral Var Basket. Elles débarquaient diminuées du fait de l’absence de 3 de leurs joueuses, et avec l’impression de n’avoir à opposer au rouleau compresseur monégasque que leur envie d’en découdre.
Côté monégasque, les données restaient les mêmes, Nakim était toujours indisponible, le groupe était constitué des mêmes 8 filles. Le Covid réduisait grandement le nombre de spectateurs venus assister au match, il y avait autant de monde dans la salle que de militants aux meetings de François Asselineau.
Pour débuter la partie, Didier lançait Wera, Cindy, Mélissa, Sharon et Cathy.
Rapidement, nos filles donnèrent le tempo et s’illustrèrent à longue distance, comme Mélissa et Sharon, ou à l’intérieur avec Cindy, ou encore sur les ailes avec Cathy et Wera. Nous menions 15-4, tout semblait aussi simple que la lecture d’une interview d’Amel Bent, et le coach varois prenait un temps-mort pour stopper l’hémorragie.
Didier faisait souffler Mélissa et Sharon et lançait Mahé et Zoé. Le score paraissait confortable, mais il était un trompe-l’œil, car si les varoises subissaient, elles arrivaient néanmoins à grappiller avec hargne de nombreux rebonds pour revenir à 15-8, leur intérieure profitant notamment d’un mismatch sur Zoé sur son dernier panier.
De notre côté, Cindy éprouvait quelques difficultés à l’image de ce tir loupé à 0°, elle n’était pas dedans comme me l’expliquait en 1983 Marie-Hélène, cette jeune fille rencontrée à la section ado du club Mickey de La Baule.
Wera sortait, Alexia rentrait. Sur la remise en jeu, un combat de chiffonnières débuta quand Zoé se faisait percuter, sans bénéficier de faute, et perdait la balle. Elle se jetait à terre pour la récupérer, la perdait de nouveau, la reprenait, mais le ballon finissait malgré tout dans les mains de la meneuse adverse. Cette action était digne d’une performance qui aurait pu figurer au palmarès du magazine « Challenges », à côté de celle de Didier Sanchez, patron du Bar-Tabac « Le Chiquito » à Nevers qui, par 7 fois dans l’année, avait été à cours de Chipsters.
Nos adversaires revenues à 15-12, notre coach relançait ses starters et Cindy offrait à Sharon un ballon qu’elle convertissait en 3 points, immédiatement imitée par les varoises sur l’action suivante.
Mélissa remettait un tir longue distance, le CTC faisait encore de même, et ajoutait un dernier panier marqué en contre-attaque sur le buzz sur une balle volée. Nous remportions le premier quart-temps 23-20 alors que nous aurions probablement dû creuser un écart beaucoup plus conséquent. Actes manqués ? A suivre…
Dès la reprise, nos joueuses interceptaient la remise en jeu varoise mais ne convertissaient pas cet effort. Pendant près de 2 minutes, le score n’évoluait pas, ce qui n’empêchait pas Cindy de prendre sa deuxième faute.
Les arbitres avaient l’air d’être en difficulté avec le gabarit de notre intérieure, à l’image de cette prise de balle où elle se faisait pousser violemment dans le dos mais se voyait sanctionnée d’un « marché »… Ceux qui sifflent ce genre de fautes sont des ignorants, ou des incompétents, une phrase qu’en italien on traduirait par « Va Fanculo ! ».
Si Mélissa trouvait la mire et que Cindy inscrivait un lancer, nos adversaires annihilaient nos efforts par un nouveau tir longue distance (26-25). Et elles ajoutaient un nouveau missile longue portée qui leur permettait de passer devant à 26-28.
Elles grattaient encore un rebond offensif pour augmenter leur avance, puis une contre-attaque rondement menée les plaçaient à 32-29.
Malgré le temps mort pris par Didier, de retour sur le terrain, elles subissaient la fougue de nos adversaires, à l’image de cette action durant laquelle les varoises captaient 3 rebonds offensifs d’affilée.
Nous commettions des fautes, et nous étions maintenant menés 36-29.
Apathiques, nos joueuses n’avançaient plus, elles avaient perdu de leur légèreté, comme si elles avaient succombé à l’offre « 4 croissants achetés le 5° offert » de la Brioche Dorée.
Avec l’aide de Mahé en ligne de fond, puis de l’adresse de Sharon et Mélissa à longue distance, nous rétablissions un peu l’équilibre pour tempérer l’agressivité de tous les instants de nos adversaires.
Pour les varoises, capter un rebond, c’était une question de vie ou de mort. Elles étaient prêtes à tuer père et mère pour ça, ou père et père si elles sont issues d’une GPA.
Nous perdions ce quart-temps 22-18 mais nous restions au contact à la mi-temps sur le score de 42-41 en faveur du CTC Littoral Var Basket.
Nous étions à la pause un peu groggys, un peu décontenancés, comme devait sûrement l’être Novak Djokovic qui disputait en même temps que notre match la finale de Roland Garros contre Nadal. Roland Garros, ce tournoi de tennis qui n’est plus du sport mais plutôt un biopic du joueur espagnol, le seul buffle déguisé en mec que je connaisse.
Il était nécessaire de se ressaisir vite pour ne pas aller au-devant d’une désillusion face à une équipe certes combative, mais, sans leur faire injure, assez éloignées des qualités techniques individuelles de notre groupe.
Dès le début du troisième quart-temps, les filles eurent un sursaut d’orgueil. Sharon passait à Cindy pour marquer, puis Cindy fit de même pour Wera, nous repassions devant (45-42).
Les varoises étaient toujours aussi pugnaces au rebond offensif et marquaient sur ces deuxièmes possessions offertes par notre défense.
Et la situation allait se corser, alors que nous étions en phase d’attaque. Pour prendre un peu de place sur un écran, Cindy commettait une faute, sa quatrième… Il est des choses à ne pas faire, au risque d’être puni de peine de mort ou, pire, de subir l’opprobre sur Twitter.
Obligée de sortir, elle se retrouvait en première loge pour voir nos adversaires revenir dans la partie sur un nouveau tir à 3 points (47 partout).
Un nouveau moment de frénésie nous fut offert par Mélissa. Sur les 3 possessions d’affilée que nous avions, elle interceptait la balle et prenait 3 rebonds offensifs. La joueuse au 65k de fans sur Instagram, ce qui fait que l’on compte les humains en kilos quand moi je serais obligé de les compter en grammes, avait un gros passage actif, mais, malheureusement, nous n’arrivions pas à décoller puisque nous en étions à 49 partout après un énième rebond offensif converti par les varoises.
Nos adversaires continuèrent de nous harceler, elles provoquaient des fautes, mettaient leurs lancers-francs, si bien que nous étions menés 55-51, sous le regard courroucé de Coach Didier. Il s’énervait, il faisait peur. On ne voulait pas qu’il sorte de ses gonds par crainte qu’une malédiction s’abatte sur l’équipe, que la salle se mette à brûler ou, pire, que nos box se retrouvent bloquées sur Chérie 25.
Derniers efforts, un rebond offensif gagné par Zoé, une faute provoquée sur une passe d’Alexia vers Sharon qui inscrivait ses 2 lancers et un panier de Mélissa nous permettaient de remporter cette période 14-13 et de revenir à une égalité parfaite de 55 partout au score. Les dernières 10 minutes allaient être crispantes, telles qu’elles l’avaient déjà été sur ces 3 derniers matches.
Ca ne démarrait pas très bien avec un panier varois encaissé, puis 2 pertes de balle sur la même action qui nous faisaient reculer de 4 points (59-55). A 9 minutes du terme, Didier relançait Cindy sur le parquet. Notre intérieure, refroidie, devait retrouver un peu de rythme, et c’était difficile. Pendant près de 4 minutes, le score n’évoluait pas, mis à part ces 2 paniers encaissés. On se disait que pour partir à l’assaut de cette vaillante équipe, nos joueuses auraient dû partir en stage de survie avec Moundir l’Aventurier.
Cindy trouvait Sharon pour un nouveau panier à 3 points, le Littoral Var Basket en mettait un sur la possession suivante. Sharon provoquait une faute qui mettait nos adversaires au bord de la pénalité, au moment où Wera trouvait Cindy qui inscrivait un panier et un lancer sur la faute provoquée.
Ce travail allait-il être récompensé ? Tout portait à le croire. Notre défense était solide, acharnée, rugueuse. Alors que la 23ème seconde passait, de façon quasi désespérée, nos adversaires tirèrent de loin, et transperçaient notre filet… Nos filles avaient le visage aussi figé que celui de Nikola Sirkis depuis 1987… Menés 65-60, nos joueuses semblaient dead dans le game comme diraient la nouvelle génération. Surtout qu’après le dernier temps-mort pris, les varoises remettaient ça avec un nouveau tir longue portée pour mener 68-60. Il ne restait plus beaucoup de temps à jouer et nos joueuses avaient à cet instant les mêmes ressources mentales que Rocky Balboa, mais sur son lit de mort.
Avec 29 secondes à jouer, et avec la 3° faute de Cathy, ce fût lors du dernier temps-mort pris que nous allions rendre hommage au duo K-Maro et Nadiya, ou aux Bee Gees, et chantonner « Tragédie », ou « Tragedy ».
Car plus rien ne changerait, si ce n’est la 5° faute de Cindy à 3 secondes du terme de la rencontre, qui permettait à nos opposantes d’inscrire un nouveau lancer, d’empocher le dernier quart-temps 14-5 et le gain du match sur le score de 69-60.
Toujours ce sale petit air de Goldman qui me trottine dans la tête, et nos actes manqués furent disséminés tout au long d’une partie que nous n’avions jamais réellement prise en main, jamais vraiment dominée.
Le 2/14 aux tirs durant la dernière période était rédhibitoire, tout comme les 8 tirs à 3 points encaissés, et, surtout, les 9 rebonds offensifs qui offrirent 18 points à nos adversaires du jour.
Nous l’avions abandonnée cette bataille du rebond, une manière parmi d’autres de choisir notre façon de mourir, un peu comme Whitney Houston avait choisi de mourir dans son bain, ce qui risque fort peu d’arriver à Michel Houellebecq.
L’envie et l’agressivité des varoises avaient fait pencher le match en leur faveur, il faut leur reconnaître cette qualité, proche de la boulimie frénétique qui n’est pas sans rappeler celle d’une petite boule jaune nommée Pac-Man, née officiellement un 11 octobre 1979. A 41 ans, le sémillant croqueur de pastille partageait son sens de l’appétit et sa bonhommie avec Larusso, née le même jour que lui.
Le coach varois avait su faire preuve de calme, de sérénité, et de fairplay. Il a communiqué la confiance nécessaire à ses joueuses et il avait été tellement convaincant qu’il aurait pu vendre des exemplaires de la Torah à Téhéran.
Quant à nous, cette fois, pas de selfie ce dimanche, éventuellement un selfesse, c’est plus bas et aurait mieux souligné combien cette défaite nous avait fait mal au fondement…
Ce n’est que partie remise, un aléa du basket, le championnat sera long, s’il va à son terme, et ce n’était que le 4° match sur les 22 prévus. Cette partie nous permet de nous rappeler que l’envie peut déplacer des montagnes et que jamais aucun match n’est gagné à l’avance. L’année dernière, alors que les joueuses de Roquebrune-Cap-Martin se dirigeaient à grande vitesse vers la relégation, elles avaient su faire tomber à domicile l’implacable leader qu’était Carqueiranne. Les surprises seront nombreuses, notre équipe en a conscience, et elles sont déjà retournées au turbin dans la salle pour préparer le prochain déplacement à Bron. Elles feront ce qui est nécessaire pour se replacer là où elles doivent être, tout en haut ! En attendant, voilà quelques souvenirs de cette journée.