Une petite birème contre RCM
En ce samedi 24 Novembre débutaient les matches retour de la première phase du championnat PACA pour nos cadettes. Le temps était venu de pouvoir apprécier le travail effectué au cours des presque 3 mois écoulés et mesurer ainsi avec effets leur progression. Roquebrune restait un mètre-étalon avec son bilan indiscutable de 4 victoires en 4 matches.
Avec leurs 6 filles nées en 2001 sur les 9 présentées, le challenge allait de nouveau se révéler élevé, mais il faut en passer par là pour grandir, dont acte. De notre côté, nous étions en groupe restreint avec les absences de Romane et de Maïssa, victime d’un douloureux évènement familial. Les 7 filles qui restaient allaient devoir redoubler d’efforts et, heureusement, l’action des gilets jaunes n’empêchait pas la venue de Zoé au match ! L’autoroute était pourtant bien encombrée…
Bref, avant que tout ça ne démarre, allez savoir pourquoi, une petite musique résonnait dans ma tête. La mélodie date de presque 40 ans, mais elle reste marquante.
« I am a woman in love
And I do anything
To get you into my world
And hold you within
It’s a right I defend
Over and over again
What do I do ? »
L’avez-vous reconnue ? Et pourquoi me direz-vous ? Ahaha, parce qu’au moment de pénétrer la salle Apollinaire, je croisais notre amie Barbara à l’entrée, en quête de café. Une Barbara un peu stressée en guise d’avant match, mais elle allait se détendre, d’abord parce que le match tournerait plutôt bien pour son expérimentée équipe, mais ensuite parce que le goûter présenté en fin de match répondrait aux exigences du label « fait maison », label de bon ton dans tout club digne de ce nom !
Mais c’est durant ce moment d’après-match qu’une autre forme de pression montait, celle qui nimbait la rédaction du présent article. Désireuse et impatiente de le lire, je me retrouvais donc dans l’urgente nécessité de respecter une deadline, comme un journaliste l’aurait eue avec son rédacteur en chef, dur ! Ainsi de stressée, elle devint Barbara stressante, d’où ma petite chanson entêtante !
Mais retournons à notre match si vous le voulez bien. Roquebrune avait perdu sur blessure Léna, mais récupérait Tara, la combattive fille de Benjamin, et Lisa, la fille de Coach Weber.
Pour que le décor soit complet, les arbitres de notre rencontre n’avaient pas été nommés et c’est avec grâce que ceux de la rencontre précédente restaient pour nous. L’expérimenté Ricard et la jeune Cécile Fabre, dont toute la formation de jeune joueuse s’était faite à … Roquebrune.
Phrase un peu sournoise, certes, mais qui pourra expliquer un ou deux coups de sifflet exotiques.
Enfin, notre salle s’était vidée au point de devenir une sorte de désert dans lequel on pouvait presque imaginer passer quelques touffes de branches sèches comme dans les vieux westerns de Sergio Leone.
Il faut aussi comprendre les gens et réaliser que ce vide pouvait aussi être la conséquence de la reprise de « Bella Ciao » par Maître Gims et on se met à redouter le moment où il s’attaquera au « Temps des Cerises », featuring Black M, au risque de voir plus de monde encore tenter de se donner la mort pour échapper à cette douleur sonore. Et ainsi avoir encore moins de monde dans les salles de basket.
Les 5 filles qui allaient débuter de nôtre coté étaient Zoé, Chiara, Thiziri, Hana et Hayam, à ne pas confondre avec Ayem, Nour, qui fêtait ses 30 ans ce jour. Dire que cette figure de proue de la lénifiante télé-réalité est née le même jour que Toulouse-Lautrec, les coïncidences sont parfois douloureuses.
Nous entamions la partie avec difficulté. Pas physiquement, non, mais avec un peu de tension et de fébrilité. De fait, nous perdions 2 balles lors d’attaques mal négociées et, par 2 fois, Roquebrune convertissait nos offrandes pour mener 4-0.
Puis Zoé servait Hayam qui marquait, puis mettait un nouveau panier pour égaliser à 4 partout. Mais dans le même temps, elle commettait 2 fautes, une en attaque et une en défense, contraignant Geoffrey à la sortir au profit d’Amélie.
Nous enchaînions avec une interception de Zoé et un autre panier pour passer un 8-0 à nos adversaires et mener 8-4 dans un début de quart-temps qui allait aussi vite qu’un pilote de chasse, ces mecs qui prennent 4G sans avoir à acheter un iPhone.
Thiziri était solide en défense, et abattait un boulot costaud ligne de fond pour stopper les assauts de nos adversaires tout en restant disponible en contre-attaque, dont une qu’elle concluait pour mener 12 à 8.
Si c’est un 24 novembre de 1642 que la Tasmanie fût découverte, c’est un 24 novembre 2018 que Tara allait en découvrir le Diable. Par ses dribbles chaloupés, bas et rapides, Zoé prenait à contre-pied la jeune roquebrunoise qui finissait sur les fesses, mais cette dernière allait se venger le reste de la partie en crucifiant notre équipe par ses 23 points.
Ne restaient que 16 secondes à jouer dans cette période et Geoffrey prenait soin de communiquer le décompte tout en demandant de profiter des 10 dernières secondes pour manger le temps. Mais Hana n’attendait pas et tentait un shoot improbable de côté contre 3 défenseurs, une action qui relevait de la même aberration que la réception d’un avis d’imposition par le patron de FaceBook.
Heureusement, Roquebrune ne convertissait pas la contre-attaque et nous empochions le gain du premier quart-temps sur le score de 12 à 10. Comme à l’accoutumée, certains mauvais choix en attaque nous coûtaient des points et nous aurions pu compter un peu plus d’avance, mais en revanche, la débauche d’énergie mise en défense était remarquable et productive de résultats, ce qui est toujours le cas quand on joue avec intensité.
Le deuxième acte de la partie était sur le point de débuter et j’étais curieux de voir comment les 2 équipes allaient réagir. Avec mon appareil photo, je me mettais dans le coin, derrière le rideau, je m’offrais ainsi un peu de la vie de Diams.
Nos jeunes U18 reprenaient leurs courses et Amélie marquait un panier avant de provoquer une faute en transition, ça glissait bien, tout comme ce passe-et-va « made in Moudoud » quand Thiz passe à Thil qui repasse à Thiz pour marquer et mener ainsi 16 à 12.
Mais c’est aussi cette période qui voyait Tara, déterminée, nous harceler, provoquant chance et fautes. Elle allait marquer pas moins de 13 points durant ces 10 minutes.
Malgré quelques erreurs normales ci et là, nos combattantes se livraient sans compter et même Amélie offrait son corps au jeu quand elle se voyait stoppée dans son élan par un Ippon qui ne fût pas sifflé…
Qu’importe, Thiziri mettait un contre à Lisa et, sur la contre-attaque, c’est Zoé qui plantait un beau tir à 3 points pour permettre à l’Eveil de mener 19 à 14, et qui ensuite sauvait une balle en ligne de fond pour offrir une passe décisive à Thiziri. Bilan provisoire : nous menions 21 à 15.
Les choses allaient un peu s’enrayer au retour d’Hayam sur le terrain qui, sur son premier ballon en attaque, balançait une improbable saucisse contre 3 défenseurs bien en place et, en retard sur le repli défensif, elle commettait une faute aussi inutile qu’une bibliothèque pour Franck Ribéry.
C’est à ce moment que nos adversaires allaient refaire leur retard, à coups de lancers-francs plutôt nombreux puisqu’elles en convertirent pas moins de 7 dans la deuxième moitié de ce quart-temps.
Roquebrune égalisait par ce truchement à 24 partout et allait prendre l’avantage sur 2 erreurs d’inattention de notre part. En laissant Lisa Weber déclencher un tir à 3 points puis avec Zoé, surprise en défense par Tara Clément qui marquait avec la faute convertie. 2 actions, 6 points, soit la différence au score à la mi-temps puisque nos adversaires menaient 30 à 24 après avoir remporté la période 20 à 12.
Nous avions bien négocié cette première mi-temps dans l’ensemble, même si le score tournait en notre défaveur. La dimension athlétique et l’expérience des roquebrunoises n’étaient pas négligeables, et elles géraient plutôt habilement le match, sûres de leurs forces et de leur supériorité physique. Si ça ne s’était pas forcément vu de façon criante pour le moment, les 2 autres périodes allaient être plus flagrantes, on va voir pourquoi et comment.
La reprise sonnait et déjà les effets des efforts préalablement consentis se faisaient sentir.
Zoé loupait de peu un flotteur, Thiziri était virilement secouée sur un double-pas loupé et la faute n’était pas sifflée, Hana loupait 2 lancers-francs, Thiziri, une nouvelle fois, était bousculée dans le dos au rebond défensif sans encore aucune réaction de l’arbitre, il était difficile ne pas garder en tête l’altercation de notre joueuse avec le même arbitre lors de notre match contre Carros mais n’y voyons aucune persécution. En vérité, nos attaques étaient toutes stériles, impossibles. C’est comme le feu sur Koh-Lanta. Tous les candidats tentent tout pour l’allumer mais rien à faire, ça ne prend pas, et ils se retrouvent à 12 avec un bol de palourdes crues.
Ce qui faisait mal, dans ce début de reprise qui démarrait difficilement, c’est que nous encaissions un panier improbable de Marina, sorte de cloche sans rebond qui finissait sa trajectoire au fond de nos filets. Il fallut attendre une petite chorégraphie de Zoé qui rebondissait sur son pied de pivot pour inscrire notre premier panier du quart-temps. Mais nous en étions déjà à 36-26 en faveur de nos adversaires.
Plus grand-chose à se mettre sous la dent, si ce n’est Hayam qui commettait sa quatrième faute, et Thiziri qui offrait un « and one » à Roquebrune, qui menait donc 39-26.
Une nouvelle action de nos joueuses se révélait brouillonne et faisait « Pschit », ce bruit que l’on entend quand on plante un compas dans la poitrine de Nabilla.
Le grand flottement de ce troisième quart-temps faisait mal même si nous le perdions que 13 à 4.
Le score devenait un peu lourd puisque nous étions menés de 15 points à 43-28, mais ce famélique taux de réussite de 10% aux tirs nous était fatal. 10%… Notre adresse avait autant fondu que si on avait mis le visage de Nicole Kidman près d’un appareil à raclette.
La dernière partie du match allait être difficile physiquement, même si nos cadettes entretenaient une petite illusion, notamment grâce au panier de Zoé et aux lancers d’Hayam. Nous étions revenus à 43-31 mais c’était le mode low-battery qui s’enclenchait. L’équipe disparaissait peu à peu, comme les illusions politiques de Nicolas Hulot ou Groquik. On en revient à la multiplication des sessions techniques et physiques que d’autres équipes peuvent avoir, et le plan de développement de RCM Basket répond justement à ces critères.
Nos filles essayaient de s’employer en défense, à l’image de Chiara qui attrapait encore quelques rebonds défensifs, mais nos joueuses procédaient plus par à-coups que de façon coordonnée.
Zoé perdait une paire de ballons et n’arrivait plus à enchainer avec la tentative de presse que Geoffrey tentait de diriger du banc.
Et puis quand on manque de lucidité, on cumule les mauvais choix, par précipitation, ou sous influence, et on fait parfois la mauvaise passe. Il faut le dire, ce n’est pas toujours bon les influenceurs. Par exemple, c’est comme si moi j’achetais ce que portait Nabilla sur sa dernière publication, un petit haut avec écrit « Lick my Pussy », un truc qui fait sûrement référence à la cause animale, et bien ça ne m’irait pas du tout, parce que je n’ai pas de poitrine, alors qu’il tomberait nickel sur Gérard Larcher. Mais je m’égare.
La fin de match était longue, les filles sortaient les déambulateurs, les masques à oxygène, leurs langues frottaient le sol, il était temps que ça s’arrête. Ce fût le cas sur le dernier raid d’Amélie qui provoquait une dernière faute et inscrivait 1 lancer pour clôturer le quart-temps sur une défaite de 14 à 8 et le match sur le score final de 57 à 36.
Un écart de 21 points qui ne reflète pas tant que ça la physionomie du match, son intensité et l’implication de nos joueuses. Avec 7 joueuses sur le banc, notre prestation fût plus qu’honorable.
D’un point de vue personnel, j’aurais préféré un écart moindre mais on a répondu avec nos armes, et surtout, j’aurais adoré voir le chiffre 60 affiché sur le tableau, histoire de faire honneur à l’anniversaire d’Alain Chabat, l’homme-chien de Didier.
Alors que dire ? Et bien que ce fût un beau combat et que nos jeunes pousses ont été vaillantes, combattives, appliquées dans la limite de leurs qualités et possibilités du jour, du moment.
Difficile de comparer notre effectif avec celui de Roquebrune, ça reviendrait à comparer la famine au Sahel à la gastrectomie de Laurent Ournac.
Lorsque l’on se rend sur le site de RCM Basket, on voit les filles que nous venions de jouer s’afficher sur les photos de la NF3 et/ou de la PréNat, ce n’est pas rien. Elles ont donc accès à des entraînements supplémentaires ou complémentaires, un carnet de route spécifique pour les faire mûrir, grandir, elles sont plus aguerries. Et on a senti la différence quand nous avons commencé à baisser de rythme en deuxième mi-temps. Plus âgées, plus techniques, plus hargneuses, presqu’une allégorie du Monsieur Plus de chez Bahlsen.
Nous avons eu à subir les effets de cette fatigue à des moments clés, qui nous ont poussés à de mauvais choix, à avoir une adresse plus qu’approximative à un moment important du match, et à montrer des sautes de concentration comme ces 6 points encaissés juste avant la mi-temps. Mais les filles ne se sont jamais démobilisées, elles sont restées soudées et battantes, à tenter l’impossible et figurer avec fierté contre le rouleau compresseur roquebrunois.
Cette belle équipe sera à son tour confrontée au renouvellement de ses joueuses si on en juge par la lecture de la feuille de match, car seule une 2002 et deux 2003 étaient dans la partie. C’est ce que nous vivons actuellement avec une seule 2002 quand le reste n’est que 2003, la formation continue.
Il faut s’accrocher quand les résultats sont parfois négatifs, et peuvent faire mal, car au bout du compte, l’objectif est tout autre. La trajectoire de nos joueuses est une courbe ascensionnelle et il est nécessaire qu’elles gardent tout le bon à l’esprit, pour le reproduire, l’améliorer et le bonifier.
En tout cas, pour aujourd’hui, elles méritent toutes les 7 de sincères félicitations.
Le coach fera sa thérapie de groupe pour bien les garder dans cet état d’esprit, et on pourra tester tout ça dès la semaine prochaine contre Carros.
Sinon la collation d’après-match était très sympathique, ces à-côtés des matches restent importants et à l’image de ce que les clubs veulent offrir d’eux-mêmes. Enfin, le temps de terminer ma chanson, je suis peut-être légèrement en avance sur ma deadline pour cette chronique ?
« I am a woman in love
And I do anything
To get you into my world
And hold you within
It’s a right I defend
Over and over again
What do I do ? »
N’oublions pas tout de même les quelques photos de la rencontre !