Un peu amorphes contre Antibes-Golfe
Et bien voilà, quelques heures après la double émotion d’un match enlevé contre Vence et l’installation de Zoé dans ses nouveaux quartiers, nous allions devoir remettre le couvert. Le Tournoi des Amis nous invitait à disputer une nouvelle rencontre et, cette fois, ce serait contre l’entente Antibes-Golfe, équipe qui évolue en NF3 elle aussi.
Ce Tournoi des Amis portait vraiment bien son nom car après le plaisir d’avoir revu Marine la veille, j’allais avoir celui de croiser Marylène et Olivier, accompagnés de leur petite tête blonde Aurèle. Un vrai chouette moment au cœur d’un weekend complexe, il y a des gens qui te font du bien quand tu les croises… Bon, Marylène, elle ne fait pas que du bien, surtout quand tu es contre elle sur le terrain, ce serait plutôt du mal en fait, mais on en reparlera plus tard !
Côté monégasque, le match du samedi avait servi d’avertissement, et les filles étaient prêtes, enfin, pour celles qui étaient opérationnelles. Toujours privés d’Océane, nous enregistrions l’arrivée de la jeune Téa tandis que Sharon avait son genou bandé et Zoé avait un mollet en douloureuse délicatesse.
Il était écrit sur le quotidien local, journal dont on se sert normalement sur les marchés pour emballer les beignets de fleurs de courgettes, que la partie allait être compliquée.
Les 5 filles qui allaient démarrer seraient Cathy, Ali, Sharon, Maylis et Patience.
Le début de match était difficile et, comme nous le supposions, Mary nous faisait mal puisqu’elle scorait les 8 premiers points de son équipe avant d’aller souffler alors que nos adversaires menaient 8-2.
Après 12 tentatives de tirs infructueuses, Alexia servait Maylis, puis Zoé piquait la balle dans les mains de Camille, revenue dans la région après son escapade basketballistique iséroise, pour lancer encore une fois une Maylis très disponible. Revenus à 8-6, c’était au tour de Carlo Vulin de prendre un temps-mort.
Les antiboises se redonnaient un peu d’air et elles menaient 15-6. Didier appelait alors Téa et, au moment de rentrer sur le terrain, elle donnait l’impression d’être Jean-Vincent Placé si Macron lui avait envoyé un sms qui dirait « Je te veux ! ». Téa a toujours été en avance. 14 jours après sa naissance, elle était propre, à 2 ans et demi, elle savait lire, à 9 ans, elle arrêtait de fumer. Et là, à tout juste 15 ans, elle faisait ses premiers pas avec la NF3.
La physionomie de la rencontre ne changerait toutefois pas, nous avions inscrit 2 paniers et 4 lancers, nous étions menés 15-8, principalement par une Marylène bien en jambes. Elle rajeunissait minute après minute, hélas pour nous, ce qui lui conférait un côté Benjamin Button. Sur ce premier quart-temps, elle avait été aussi à l’aise que Choupette, la chatte héritière de Karl Lagerfeld, qui doit être en ce moment sur son yacht à Monaco à fumer des souris séchées.
A la reprise, le score allait ressembler à une partie de yo-yo mais l’écart se stabilisait autour des 8 points. Cathy, Patience et Ali nous permettaient de revenir à 20-12 quand Mary écopait de sa 3° faute. Elle sortait et, alors que nous espérions prendre l’avantage de la taille, Ali prenait elle aussi sa 3° faute et sortait à son tour. Sharon tentait de maintenir l’embarcation à flots mais c’était fragile, à l’image de cette contre-attaque durant laquelle elle se faisait durement sécher. Nos adversaires profitaient de quelques oublis pour accentuer leur avance. Elles menaient 28-13 quand Didier demandait un temps-mort. L’avenir de ce match ressemblait sacrément à une partie de Monopoly, ce jeu où on gagne plein d’argent, on achète tout puis on est ruiné et on finit en prison. C’est la biographie de Bernard Tapie mais avec des pions.
De retour sur le terrain, Alexia marquait, Zoé servait Maylis, puis, suite à une arabesque dont elle a le secret, un mouvement très divertissant qui rappelle ces soirées passées à s’envoyer des pistaches devant le plus Grand Cabaret du Monde, Zoé scorait et nous étions revenus à 10 points (30-20).
Une dernière action de Cathy qui servait Mahé terminait le quart-temps, perdu 17-15.
A la mi-temps, nous étions menés de 9 points sur le score de 32 à 23.
Si cette première mi-temps comportait des zones de frustration, d’insatisfaction pour le coach, elle n’avait rien à voir avec celle de la veille. L’opposition était différente, mais notre positionnement était plus efficace. La différence en faveur des joueuses de Golfe-Antibes était principalement l’œuvre d’une joueuse difficile à contrôler.
Le début de la 3° période était tout aussi crispant. Quand Cathy servait Sharon pour inscrire un tir à 3 points, sur l’action suivante, Ali prenait sa 4° faute. Cathy enchaînait 2 paniers pour recoller à 36-30, mais nous trébuchions et encaissions dans la foulée un 7-0. Malgré un temps-mort pris pour enrayer ce run adverse, nous prenions un autre 9-2. Nous pointions alors à 20 points sur le score de 52 à 32.
Didier était pour le moins courroucé, il était à deux doigts de planter des aiguilles dans une poupée à l’effigie du coach adverse tout en sacrifiant un poulet avec les yeux révulsés, le corps usé totalement et habité par le démon.
Mais rien n’y faisait, et malgré un tir longue distance de Maylis, et 2 lancers de Mahé, nous perdions cette période 31-14 et nous avions maintenant 26 points de retard à 63-37.
Difficile de dire ce qui s’était passé sous nos yeux mais clairement, tous nos fondamentaux étaient tombés, enfoui, à tel point que des archéologues se sont chargés de retrouver notre fond de jeu. A force de creuser, ils ont retrouvé la côte de popularité d’Emmanuel Macron, puis l’amour porté à Geoffrey Baratheon et, enfin, notre jeu se trouvait là, bien tapi.
Drôle de clin d’œil de l’histoire, ce fût le 5 septembre 1986 que le Boeing 747 de Karachi avait sombré mais Didier n’était pas Balladur, il remotivait ses joueuses car il restait encore un quart-temps pour travailler. Mais les filles avaient quand même pris un coup au moral. Le coach antibois profitait de son avance pour lancer ses plus jeunes joueuses et, toute à son enthousiasme, la jeune Camille tentait de passer Sharon, qui résistait, et l’antiboise, en rebondissant sur elle, tombait au sol en poussant un cri rappelant le brame du caribou qui, en s’asseyant, a plongé ses bourses dans la neige un peu trop vite. Touchée au genou, elle sortait poser de la glace, match terminé, on lui souhaite un bon rétablissement.
Cathy, touchée durement à la tête la veille, jouait avec douleur, mais elle arrivait à servir Patience pour entretenir une certaine forme d’illusion car ce serait le seul panier que nous marquerions pendant ces 10 minutes. Nous enchaînions plusieurs erreurs et faits de jeu, pour finir sur la 5° faute d’Ali.
De nouveau, le jeu était arrêté pour blessure quand la petite Léna, lancée dans le trafic de la peinture, retombait mal sur son genou et sa jambe pliait malheureusement sur un angle inhabituel. A son tour elle sortait du terrain rejoindre sa copine, on espère pour elle que ça sera moins grave que ça n’en a l’air. Les fautes pleuvaient, le match était haché, mais dans cette opposition, Mary continuait son chantier et portait le score à 72-40 pour Antibes.
Sur le banc, les antiboises entamaient la Macrona, cette danse des macronistes créée lors de sa prise de pouvoir et qui consiste à prendre une poupée gonflable de François Hollande, se mettre derrière et la chevaucher jusqu’à son éclatement. Tout le long la poupée sourit d’un air béat afin de ressembler le plus possible au quinquennat de François Hollande.
Epuisées, les filles subissaient la fin de partie autant que faire se pouvait jusqu’à la chute d’Alexia seule, elle était aussi pâle qu’Amélie Nothomb si elle avait passé 4 ans dans une cave jamais ouverte, pas comme celle de Benoît Poelvoorde.
Comme un symbole, Ali, autorisée à revenir sur le parquet, commettait sa 6° faute sur Mary, qui inscrivait les 2 derniers lancers de la partie. Nous perdions cette dernière période 11-3 et le match de 34 points sur le score final de 74 à 40.
Le match se finissait enfin, ça faisait autant de bien qu’arrêter l’écoute des disques de Plastic Bertrand. Physiquement, les filles des 2 équipes étaient vraiment entamées. Elles avaient assurément perdu l’habitude d’enchaîner sur 2 jours et les dégâts étaient réels, à l’image de ces 2 genoux touchés en deuxième mi-temps.
Evidemment, quand on n’a plus les jambes, il est difficile de tirer correctement et, sur ces 10 dernières minutes, notre adresse avait fait comme la banquise, elle avait disparu. De son côté, Marylène finissait avec 20 points et 10 rebonds, le facteur X d’une entente Golfe-Antibes bien chanceuse de l’avoir dans ses rangs.
Ainsi s’achevait un weekend difficile à plusieurs titres. Question basket, les matches restent de la préparation, du travail, des expériences. Il ne sert à rien de tirer des conclusions hâtives car les divers tests effectués ont délivré des verdicts, des réponses, des évidence, mais aussi soulevé d’autres questions. C’est donc une surface de travail qui s’offre à Didier et nul doute qu’il saura ajuster ce qui doit l’être avec son groupe.
Question photos, cette fois, j’ai opté pour la couleur, et j’ai essayé de lutter comme je pouvais contre les lumières artificielles de la salle Dandreïs, je vous laisse vous faire une idée, j’espère que vous les apprécierez.
Enfin, sur un plan plus personnel, ce dimanche soir, comme un condamné, je partageais un dernier repas en famille (je sais, j’adore exagérer le trait, quoique !). Au fond, la vérité, c’est que ce soir, c’était la première nuit d’une nouvelle vie pour nous. Après un dernier regard et une dernière étreinte, en soutenant ta mère, et en traînant mes pas, je rentrerai chez nous, dans un chez nous désert, je rentrerai chez nous, où tu ne seras pas.
Merci pour l’émotion Charles, cette vérité, elle est cruelle et douloureuse, mais c’est la vie, et nous sommes heureux de voir notre fille commencer si bien sa nouvelle vie, même si ce sera déstabilisant pour nous tous pendant quelques temps.
On se retrouve bien vite, sur le blog, dans les salles, mais aussi à la maison ma fille hein ?!
Au fait, je ne sais plus si je te l’avais dit hein mais… Je t’aime ma fille !