Un petit amical entre Monaco et Saint-Lo
Voilà que l’on se retrouve en Septembre et, avec la rentrée, on oublie ces choses aussi futiles que le soleil, l’océan, les merguez végétales, les mots mêlés et le sable qui essaye toujours de rentrer dans les fesses, comme un ami rencontré un soir et à qui on n’avait pas précisé qu’à la base on cherchait plutôt quelqu’un pour discuter.
Mais Septembre, c’est aussi, pour les afficionados du basket, le mois des derniers tests, réglages et ajustements avant la reprise du championnat, ainsi que toute l’excitation que ça peut générer chez les joueuses, les coaches et les supporters.
La semaine dernière, c’était aussi la rentrée du Blog, et, comme à chaque rentrée, je reçois un grand nombre de messages. Je vous en partage un.
« Cher BlogdeZette, vous êtes super, blah blah blah, vous êtes le M’Bappé de l’humour, pas celui contre le Bayern mais celui de d’habitude, blah blah blah, je vous veux en petit slip dans ma cave », bon.
Puis la personne me dit, en gros, « Est-ce que vous portez le masque, vous, ne serait-ce que pour montrer l’exemple ? ». Là, aussi stupéfait qu’un cocaïnomane qui réalise que Courtepaille ne vend que des steaks, j’ai réfléchi.
Montrer l’exemple, alors que je suis l’incarnation de la rebelle-attitude ?
Une fois, après avoir bu trois Virgin Mojitos, j’ai failli traverser alors que le bonhomme était rouge !
Je devrais donc penser à donner l’exemple ? Mais je le fais déjà, c’est pour ça que je ne bifle personne, bref, j’ai un comportement exemplaire. Donnez-moi un pichet vide, trois pis de vaches et un grand-père barbu, je suis Heidi.
Mais c’est vrai, le Covid, c’est dangereux, ça fait peur, comme tout ce qui vient de Chine parce que le problème, c’est qu’on n’est pas sur un virus de qualité. Une grippe Made in France, c’est du solide, elle vous plaque dans votre pieu, pendant neuf jours vous regardez le plafond et c’est ennuyeux un plafond, sauf pour ceux qui ont des moulures mais il faut être riche.
Alors pour se rassurer, il faut un masque, et comme les gens se sont rués dessus, je n’ai pas réussi à en acheter un, tout ce que j’ai trouvé, c’est sur internet, un masque intégral en cuir qui recouvre toute la tête et, pas de bol, il y a un seul trou, justement pour la bouche. Bref, j’ai laissé tomber et j’en reviens à ce que je crois savoir un peu faire, parler avec humour de basket, je laisse les campagnes de prévention du Corona Virus aux professionnels.
Ce samedi 5 septembre, alors que Philippe Dana cartoonait à célébrer son 60ème anniversaire, nous recevions l’ambitieuse équipe de Saint-Laurent du Var, qui évolue en PNF mais qui est un prétendant à la montée en NF3 cette saison.
Un petit bonhomme doux et affable avait pris les rênes de cette équipe, non, il ne s’agit pas de Pac-Man, mais de Geoffrey Ben Mergui, même si, pour les décrire, on utilise les mêmes termes.
Geoffrey, c’est l’ancien coach de Zoé en U15 et U18, et quel plaisir de le revoir !
D’ailleurs la scène de nos retrouvailles n’était pas sans rappeler ce film émouvant qu’est Brokeback Mountain.
Ce weekend était entaché d’une disparition pour toute une génération. En effet, Annie Cordy s’était déchirée la ficelle du Yo-Yo la veille de notre match, et, de fait, avait emporté avec elle une part de nos vies de jeunes vieux… Alors une amuseuse part, une autre arrive. Elle est jeune et sympathique, c’est Wejdene, que j’ai découvert ce weekend sur Quotidien. Bien sûr vous ne la connaissez pas, parce que vous êtes des vieilles personnes, mais les 9-17 ans, ces gens pour qui Julien Doré est Giscard d’Estaing, Wejdene, ils la kiffent de ouf. Wejdene est à l’origine de plusieurs hits, dont « Anissa », qui traite de la déception sentimentale, le refrain est digne d’Honoré de Balzac, après sa mort cérébrale, puisque ça fait « Nous deux c’est terminé eh eh, Tu me cherches mais j’suis plus là ah ah, j’étais déterminée eh eh, à construire quelque chose avec toi ah ah », c’est la chanson préférée des bègues.
La répétition, ça marche avec Ta et Yo, Tata Yoyo, donc voilà, c’est à elle que revient maintenant la tâche difficile d’apporter de la bonne humeur aux français ces quatre-vingt prochaines années.
Enfin, ces bêlements me rappellent qu’il nous faut revenir nos moutons et parler du match.
Même si c’était une rencontre amicale pour travailler, il fallait la disputer.
Et dans le combat du jour, si on devait comparer ça à un battle de rap, Didier, ce serait Eminem tandis que Geoffrey, ce serait plutôt Benny B. Le match allait-il être fou ? Oh oui !
En l’absence de Cindy qui participait à un mariage, et de celle d’Alexis, toujours coincée par le fait des dispositions sanitaires américaines, c’est tout notre secteur intérieur qui était affecté. Didier allait devoir composer autrement, les aléas habituels de la vie d’un entraîneur de basket.
Ainsi il lançait sur le terrain Wera, Mahé, Sharon, Alexia et Cathy.
Nos joueuses perdaient l’entre-deux qui se soldait par un panier marqué par les laurentines.
Puis, après deux rebonds offensifs, Justyna obtenait une faute et deux lancers, elle n’en convertissait qu’un, mais nos adversaires menaient maintenant 3-0, ce qui serait la seule et unique fois de la partie.
Car Alexia, puis Cathy et Mahé se chargeaient de nous remettre devant à 5-3 après 3mn30 de jeu.
Nakim et Wera contrôlaient bien la raquette et les rebonds, Sharon délivrait les ballons à Mélissa et Mahé, et quand Zoé envoyait Mahé marquer et obtenir un lancer-franc, nous en étions déjà à 16-5.
Puis 18-5 sur une interception de Cathy, et 20-5 quand Maïmouna servait Zoé pour un flotteur.
Maïmouna volait un ballon dans les mains des laurentines et lançait Nakim qui, sur un appui fuyant, se tordait le genou. Cette action semblait être un des sept signes de l’Apocalypse, les six autres étant les acteurs de « Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ? ».
Il restait à peine le temps de clore la première période sur une victoire de 22 à 9.
Dès le début du deuxième quart-temps, Zoé délivrait un caviar à Wera qui portait le score à 24-9 puis Wera lançait Cathy qui inscrivait un panier pour mener 26-9.
Cathy imposait un gros rythme et sa défense ultra collante n’était pas sans rappeler les orgies dans « Liaisons Dangereuses » sauf que ce n’était pas la Marquise de Merteuil qui butinait mais Cathy, dite la sangsue, parce qu’il était impossible de la décoller.
Zoé servait Mélissa pour un tir primé validé et le score avait copieusement enflé à 29-9.
C’est à cet instant de la partie qu’un petit incident survint au moment où Alexia interceptait un ballon et bousculait le pivot adverse, qui réagissait avec véhémence. Geoffrey avait envoyé en mission son ange du Mossad, et, pour ma part, si j’avais été sur le terrain, plutôt que de recevoir ce bump, j’aurais préféré me faire épiler à la disqueuse.
Les choses reprenaient leur cours normal, et le score évoluait au rythme des actions appliquées de toutes nos joueuses. Concernées, concentrées, elles appliquaient les consignes et travaillaient de manière chirurgicale, le dernier panier fût marqué par Cathy sur une passe décisive de Zoé. Nous empochions le gain du deuxième quart-temps sur le score de 26 à 13 et, à la mi-temps, nous comptions 26 points d’avance sur le score de 48 à 22.
Il n’y avait pas vraiment grand-chose à dire sur ces vingt premières minutes tant le match était à sens unique et ce malgré l’absence de nos joueuses intérieures, bien supplées par Wera, Nakim et Alexia. Didier était décontracté, quoique préoccupé par le genou de Nakim, et allait maintenant travailler la zone, aux deux bouts du terrain. De son côté, Geoffrey trouvait les bons mots pour transcender son équipe. Il est bon à l’oral, il arriverait à convaincre Claire Keim de se produire au Hell Fest.
A la reprise, nos filles continuaient leur travail, à l’image de cette passe décisive de Mélissa pour Nakim mais, dans le même temps, la 5 adverse plantait deux tirs à trois points d’affilée.
Alors que nous étions menés 10-6 dans ce quart-temps, et afin d’éviter de reproduire le crash du 747 à Karachi le 5 septembre 1986, Didier prenait un temps mort durant lequel, pas content, il menaçait ses joueuses de les envoyer à Wuhan sans même un Doliprane. Mais les filles étaient toutes d’accord avec lui, question décision, il avait pour le coup la même vie que Robert Mugabé.
Cathy et Sharon, tour à tour, provoquaient des fautes, inscrivaient leurs lancers mais les filles de Geoffrey étaient en mode commando, comme celui du 5 septembre 1972 aux JO de Munich. Et, ainsi, elles braquaient la troisième période pour la remporter 16-11. Au tableau d’affichage, nous disposions toujours de 21 points d’avance sur le score de 59 à 38.
En parlant de JO, vous rappelez-vous que ce fut aussi un 5 septembre que Ben Johnson pulvérisait le record du monde du 100 mètres ? En 1989 ? Et bien voilà la question. Les laurentines allaient-elles garder le rythme de ce sprint ou bien allaient-elles être rattrapées par la patrouille et échouer au test anti-dopage ? Aha, nous allions vite le découvrir.
Nos adversaires, dans leurs maillots bleus, nous faisaient penser à des schtroumpfs, mais sans la petite queue bleue, et, gavées de salsepareille, elles allaient proposer de la résistance avec leur défense de zone. Nos joueuses, quant à elles, un peu fatiguées par la préparation de début de saison et les efforts déjà consentis, à savoir aussi que Saint-Laurent était venu avec un grand nombre de joueuses pour une large revue d’effectif qui autorisait les nombreuses rotations, commençaient à lever un peu le pied et à gérer leur confortable avance. Surtout que l’attaque de la zone maralpine était plus délicate sans nos pivots.
Ca n’empêchait pas Mahé de provoquer et marquer sur lancers-francs, ou de faire une passe décisive à Wera à 62-42. Par deux fois, Justyna évitait de jouer son ancienne coéquipière Wera et cela profitait au MBA qui en était à 68-44.
Sharon provoquait une faute, et elle inscrivait ses deux lancers. Imitée par Saint-Laurent qui, à trois secondes du terme, obtint deux lancers qui furent convertis. Perte du quatrième quart-temps 14-11 mais victoire finale 70 à 52.
Il est vrai que si nous avions été prolifiques en première mi-temps en inscrivant 48 points, nous n’en marquions que 22 en deuxième. Notre scoring avait vécu la même baisse que le niveau de vie de Patrick Balkany.
De son côté, Geoffrey était content de la deuxième mi-temps de ses joueuses, tout comme l’étaient ses supporters. Le coach générait chez son public la même folie que Britney Spears en 2001 quand elle jouait la collégienne candide qui léchait une grosse sucette en faisant semblant de croire que tout le monde ne voyait qu’une grosse sucette.
Mais cela dit, pour les deux équipes, il s’agissait ce jour de travailler, de voir, d’étudier, de se préparer, et, dans un sens comme dans l’autre, des enseignements seront tirés par les entraîneurs.
Pour Didier, difficile d’aborder certains aspects de ses schémas de jeu en l’absence de son pivot, mais c’est ainsi, le travail se fera aux entraînements.
Le 20 septembre arrive vite, et il faudra être prêt pour ce début de championnat qui s’effectuera dans la peur du Corona Virus alors qu’en soi, ce nom est peu anxiogène. Ca rappelle les Spring Break à Cancun et le jeu de la vache qui fait tâche à quatre grammes entre deux vomis. Ce qui effraie, c’est « virus » à la fin. C’est comme Maître Gims, si vous dites « Maître », on imagine un donjon et un martinet à boules, ça fait un peu mal, mais si on ajoute « Gims », là, ça fait très mal, on a les tympans qui crachent du pus.
Bref, on verra bien comment ça va se dérouler et en attendant, tout le monde allait profiter d’un sympathique et généreux goûter concocté par les jeunettes Mahé et Zoé, avec des biscuits Augustin & Michel, qui n’ont rien à voir avec les cookies Jacquie & Michel.
Et puis bien entendu, quelques photos pour agrémenter tout ça !