Tournoi de La Valette : Le venin d’Aix-Venelles
Il était 12h15 quand les organisateurs du tournoi convoquèrent les filles pour ce dernier match de poule. Un match qui allait avoir une certaine importance dans le sens où, de son résultat, dépendait la présence en finale de notre équipe. Du moins était-ce la compréhension que nous en avions au début de cette partie. Mais Aix-Venelles est une équipe bâtie sur la nécessité de gagner et il est bien évident que nos adversaires allaient tout faire pour nous empêcher de continuer notre route.
Nos minimes devaient alors finir leurs Mojitos et quitter les abords de la piscine à débordement du Pool-House du Parc des Sports pour rejoindre les abords du terrain. Inutile de dire qu’il faisait particulièrement chaud…
Mais cette chaleur allait monter d’un cran, d’abord par l’échauffement des filles, puis par la tension du match. Les Bucco-Rhodaniennes étaient passées en mode Black Blocs, vérifiant leurs armes avant le combat.
Quand l’arbitre fût prêt, il sifflait le début de la rencontre. Un match qu’allaient débuter Zoé, Chiara, Romane, Thiziri et Hana. Cette 3° partie commençait à peser dans les chaussettes de nos joueuses mais, avec force et courage, nos jeunes minimes envoyaient la sauce.
Un joli jeu collectif et pétillant, fait de passes et de pression défensive, et ça portait ses fruits puisque l’Eveil menait 6 à 2 avant que les choses commencent à se dérégler. Nos U15 avaient l’opportunité d’aggraver le score mais elles ne parvenaient pas à concrétiser cette domination. Alors que nous aurions pu aisément mener 10 à 2, nos adversaires, après temps-mort, décidaient de fermer leur zone, et de monter fort leur curseur d’agressivité. En conséquence, les contacts devenaient un peu plus appuyés et pas forcément très amicaux… Les gabarits des joueuses d’Aix-Venelles étaient plus imposants que les nôtres. Elles étaient plus grandes, plus costaudes, et devenaient un peu plus violentes que techniques.
Mais à cette panoplie déjà avantageuse, et sous la voix de leur vociférante coach, à la gorge aussi profonde et puissante que celle de légendes comme Maria Callas ou Traci Lords, elles ajoutaient de désagréables petites touches de simulation afin d’influencer l’arbitre rapidement dépassé par les évènements.
Par moments, à voir le ballet de nos adversaires qui vacillaient sous les assauts de gabarits hors-normes comme celui de Zoé, on aurait cru visionner le Fantasia de Disney.
Mais ça payait et les joueuses d’Aix-Venelles comblaient leur retard, refaisaient surface, et comme un effet de vase communiquant, nos minimes perdaient le fil, mélange de maladresse et de frustration aidant.
Si nous perdions 3 ballons de suite, il y avait quelques sursauts de notre part à l’image de ce contre d’Amélie sur la 11 ou encore les rebonds offensifs gobés par Maïssa.
Malheureusement, le show continuait sur le banc bucco-rhodanien, à l’image de la véhémente remontrance de la coach envers l’arbitre pour demander une faute sur une de ses filles au sol… La pauvre enfant avait glissé sur la partie légèrement sablonneuse du terrain, au même endroit où Inès avait glissé elle aussi contre Cavalaire, et elle était tombée toute seule dans la rigole en se tordant la cheville.
Puis Maïssa se faisait chahuter par la 11 et le débat allait s’envenimer un peu plus sur l’attaque suivante. Les filles se cherchaient et prenaient une faute technique chacune, ambiance…
Bref, c’est sous le regard médusé et bizarre de Geoffrey, comme s’il avait ingurgité des stéroïdes russes, que la première période s’achevait sur le score de 10 à 12 en faveur des rouges. Pas si mal compte tenu des aléas de ces 8 minutes de jeu.
Sous le regard de Mathilda, venue encourager les copines avec ses parents, la deuxième période allait débuter. Comment ? Et bien avec l’énergie restante mais aussi avec l’envie de continuer cet apprentissage de la catégorie U17.
Un rebond offensif de Zoé permettait de recoller au score mais sur l’action suivante, et déroulant toujours le même plan de jeu, Inès se faisait rattraper le bras par « l’amie de Maïssa »… Et ne le lâchait pas, au point de la mettre au sol et, tel Sergio Ramos quand il s’occupe de Mohammed Salah, la finir avec une entorse de la coiffe des rotateurs de l’épaule gauche… Blessure douloureuse, longue à soigner, et qui privait l’équipe de sa percussion, tout comme la priver elle-même du plaisir de disputer ce tournoi tout simplement.
Dans la confusion, et les vocalises, la remise en jeu se faisait au profit de nos adversaires… Pourquoi pas n’est-ce pas ?… Enfin, toute cette agitation me fait penser à ce vieil adage qui dit que c’est en voyant un moustique se poser sur ses testicules qu’on réalise qu’on ne peut pas régler tous les problèmes par la violence.
Il ne se passait plus grand-chose de part et d’autre du terrain, Aix verrouillant sa raquette et l’Eveil procédant par petites accélérations vite annihilées. Jusqu’à un panier de Romane marqué sur un intéressant « passe et va » mais la 13 adverse répondait par un shoot très longue distance.
Menées de 5 points, nos filles faisaient dans ce match ce que Mickey Rourke a fait à sa face : la figer.
Une action conclue par Zoé pour réduire le score, mais c’était encore contré par nos adversaires qui avaient réussi à creuser un écart de 6 points malgré un dernier rebond offensif de Romane pour scorer et finir à 25-17. Parce que l’arbitre aura annulé un LF valable tiré par Romane.
Il s’en excusera au match suivant même si on sait que ça n’aurait pas changé la donne ni le résultat final. Dommage mais au bout du compte, cette équipe constituée de U17 et de U15 tout juste sacrées championnes R1, renforcée par une joueuse Elite, avait certes remporté ce match mais nous ne pointions que 6 points derrière, et donc savourions cette note particulièrement encourageante.
L’autre information du moment, c’était que les règles du tournoi étaient différentes que celles comprises et, ainsi, ce n’était pas uniquement la première équipe de chaque poule qui allait en finale, mais les 2 premières qui devaient s’affronter en format croisé pour y accéder. Cela laissait une chance supplémentaire à nos joueuses de s’illustrer, même si on comprenait que ça devenait très compliqué dans les conditions du tournoi. Une chance supplémentaire s’offrait à Thilelli de disputer un match car elle n’avait pas eu l’occasion de s’illustrer durant celui-ci. Il était temps pour nos minimes de se diriger vers les salons de cryothérapie pour se rafraîchir et récupérer musculairement de ce combat.
Dernier enseignement de ce match qui rejoint des convictions personnelles, il me semble que la victoire ne doit pas se faire à tout prix, et que la formation prime sur tout. D’abord en tant que joueuse, mais aussi et surtout en tant que future citoyenne. Encourager un certain type de comportement, c’est le légitimer. Que ce soit de la catégorie baby à celle des seniors, milieu professionnel mis à part (même si on peut discuter du devoir d’exemplarité des joueurs de haut-niveau envers les plus jeunes), il revient au coach de veiller à ce que le fair-play et le respect de l’autre soit mis en avant. Il faut sanctionner les excès égotiques, empêcher les dérives anti-sportives, éradiquer la simulation (on commence à voir d’ailleurs des fautes sifflées contre le flopping) et encourager le rapprochement et le respect mutuel des jeunes sportifs. Ce match m’a donné quelques vieux relents désagréables et je suis heureux que notre équipe ne soit pas rongée de ce type de maux, même si ça peut coûter la victoire parfois.
Bref, je m’égare, mais une fois encore, tout va bien, mes Jordan ont survécu un match de plus, leur locataire du jour les soigne particulièrement bien ! Il faut maintenant aller au buffet se restaurer avant la partie suivante car nous allions retrouver de vieilles connaissances. En effet, les jeunes filles de Carqueiranne se présentaient à nous mais en attendant, quelques clichés de cette brutale rencontre tout juste terminée.