Quand nous avons perdu le Nord !
La fin de l’épisode précédent nous avait toutes et tous laissés un peu K-O…
Les vagues d’assauts répétés des Gersoises nous avaient submergés, tout comme l’émotion de ce long voyage, la fatigue et la tension prégnantes, et la perte de notre capitaine qui avait une cheville comme un ballon de basket, aussi grosse et orange !
Dans cette tempête, il fallait retrouver notre esprit et notre feuille de route, ce à quoi allaient s’employer Barbara et Sarah. Car si nous devions nous reprendre, ce devait être contre le Nord, l’épouvantail du tournoi !
Au moins, avec cette sélection du Nord, plus besoin d’être déboussolés, la direction nous était indiquée, et elle affichait celle de la route de l’exploit. Cette équipe chère à la famille Loyer était armée à l’intérieur de Palmyre, sorte de créature aussi grande que notre Mathilda avec la vitesse de Zoé… Parfois, on peut se demander sous quelle sorte d’incubateur on élève certains enfants !
Cette équipe évoluait avec un encadrement pléthorique, staff pour échauffer les intérieures, staff pour les extérieurs, staff pour approvisionner la bière et la fricadelle, vraiment tout était pensé pour le bien-être des joueuses. Mais l’heure passait, et le glas sonnait le début de notre rencontre.
Est-il nécessaire de vous donner une idée de la vitesse du jeu développé par les Ch’tits ? Au bout de 5 minutes de jeu, le panneau d’affichage indiquait le score de 19-0, la messe était dite…
Les filles pratiquaient un jeu simple, mais rapide, efficace, avec un ballon qui allait de mains en mains, avec très peu de dribbles, et une grosse efficacité en contre-attaque. Nous étions à la peine dans pratiquement tous les compartiments du jeu, nous subissions leur pressing de tous les instants, leur agressivité défensive, leur hargne. Difficile d’exister sous l’étouffoir des nordistes qui avaient l’air de ne pas tant souffrir de la fatigue de leur long voyage vers Temple-sur-Lot.
En deuxième mi-temps, Stéphane Rodeck, le coach adverse, desserrait un peu l’étreinte, renvoyant ses titulaires sur le banc se reposer en dégustant un sandwich au Maroilles et lançait son banc se faire les jambes sur la planche à découper qu’était devenu le parquet de cette salle aux fauteuils jaunes… Avec élégance, il relâchait aussi la presse tout terrain pour revenir à une individuelle plus classique dans sa partie de terrain, ce qui nous permettait de pouvoir monter le ballon avec moins de pression que les deux précédents quart-temps.
La fin de la troisième période indiquait 38-12 au tableau d’affichage, reflet de cet étau un peu desserré mais qui ne masquait pas la réalité. Nos adversaires, futures et incontestables lauréates du tournoi, et donc championnes de France 2016, nous étaient bien supérieures dans tous les compartiments du jeu.
Si elles venaient du Nord, elles avaient bien réussi à nous le faire perdre et c’est déboussolées que nos valeureuses benjamines allaient tenter de finir le match. Score final 43-16, si le score n’est pas une avalanche, les 27 points de différence auraient pu être une totale curée… Mais il fallait s’incliner, ce que nous venions juste de faire sportivement, devant cette brillante équipe de jeunes filles. Les aléas de ce tournoi, qui nous étaient défavorables, allaient montrer que le Gers, puis le Nord, que nous venions donc de jouer coup sur coup, allaient devenir Championnes et vice-Championnes de France.
Reste malgré tout un petit regret sur cette journée de luttes intenses, c’est de n’avoir pas pu accrocher le Gers, qui semblait à notre portée. Les émotions véhiculées à Voiron étaient si fortes que comme des toxicomanes en manque, nous étions tous à la recherche de notre dose psychologique du moment au point d’en oublier la réalité de notre aventure Iséroise, qui fut un exploit !
Les filles sortaient donc la tête basse, alors qu’il n’y avait rien à dire, rien à faire, et allaient se reposer au bord de la rivière pour reprendre leurs esprits, entre elles, le groupe passait en mode auto-guérison avant de rejoindre les parents pour un câlin de circonstance…
Et puis il restait à affronter le Puy-de-Dôme, pour parachever ce tournoi, et tenter de relever la tête une dernière fois ! Il fallait donc penser plan et panser plaies !
Et comme à l’accoutumée, les supporters déchaînés et inconditionnels allaient frapper un grand coup pour montrer aux filles leur attachement, leur amour, leur humour… On en reparle, vite, et en attendant, voilà quelques photos du match contre le Nord.