Nous avons perdu quelques plumes dans le derby niçois !
Ce samedi 11 mars, on se serait cru au Trophée des Alpes de La Turbie tellement il y avait d’aigles !
C’est en réalisant que Leyrit accueillait le derby niçois que je réalisais mon erreur ! Une fois encore, la troisième depuis le début de saison, l’Eveil allait affronter le Cavigal et livrer une bataille féroce pour les play-offs. Forcément, dans une bataille d’aigles, l’un des deux allait y laisser des plumes…
Si ce fut un plaisir de recroiser Emilie sur le parquet, une fois encore, le Cavigal montrait qu’il prenait l’affaire au sérieux en appelant une joueuse entraînée quotidiennement au Pôle Espoirs d’Antibes.
Le reste de l’effectif de nos adversaires était au complet.
(Petit correctif : sur les conseils avisés et experts d’un vieil ami, je me permets de légèrement atténuer mon propos sur le fait que la jeune numéro 11 du Cavigal s’entraîne 2 fois par semaine avec l’effectif du Pôle Espoirs d’Antibes et aps de façon quotidienne. Ca n’en fait pas moins une jeune joueuse redoutable par ailleurs !)
Ce n’était pas tout à fait le cas du nôtre. Malheureusement, Thiziri s’était blessée à la cheville et Aya était absente. En rajoutant le douloureux genou de Romane, un problème de taille, au propre comme au figuré, allait se poser pour gérer le secteur intérieur de notre défense. Mais il fallait faire avec les moyens du bord, et les forces du jour.
Le match allait débuter comme à chaque fois sur les chapeaux de roue. Je dois dire en préambule que chaque match disputé contre le Cavigal, et ce même s’il existe une dichotomie profonde de conception et de philosophie de jeu entre les deux clubs, les équipes se livrent sans compter et avec grand respect. Je tiens vraiment à souligner cet aspect des derbies niçois entre nos filles, cela est plaisant autant physiquement que techniquement pour les spectateurs, et reste toujours dans un esprit tout à fait sain. Et accessoirement ça facilite le travail de l’arbitrage, bizarrement inégal dans son jugement durant ce match, se révélant tatillon sur certaines infractions et plutôt souple sur d’autres pourtant plus évidentes.
Ce match démarrait donc en trombe et les filles se marquaient à la culotte. Elles se rendaient coup pour coup et c’est avec férocité que chaque ballon était disputé. Ce quart-temps, très équilibré, montrait qu’avec organisation et application, l’Eveil pouvait tenir la dragée haute à son prestigieux voisin. Les 186cm de Sophie étaient bien contenus par Romane qui donnait ce que son corps lui permettait de livrer, les autres filles se concentraient sur leurs tâches respectives. La fin de cette période allait sonner et nous étions à une parfaite égalité de 9-9. C’est à cet instant qu’une balle dans les mains de Thileli allait être brusquement contestée par le Cavigal. Elle prit un coup sur le visage et resta sonnée une seconde, ce qui laissait à Emilie le temps de filer droit au panier pour tenter un shoot à 3 points. Notre jeune arrière attendait une faute sifflée, ou au moins que l’on vérifie son état, mais ce ne fut pas le cas. Sa réaction, un peu tardive, fut de revenir en défense sur sa voleuse du moment et de tenter de contester un shoot parti à plus de 9 mètres du panier. Dommage, ce panier ne serait jamais rentré mais la faute fût sifflée… 3 lancers venaient d’être offerts à la pensionnaire du Pôle antibois et Emilie n’allait pas se louper pour convertir ses 3 lancers… Nous étions menés 12-9, rien de rédhibitoire.
A en juger par la qualité des applaudissements de la salle, on sentait bien que rien ne rassurait nos hôtes. Les mains moites s’entrechoquaient mollement, rappelant plus le bruit d’un coït batracien que celui du Stade de France les soirs de grands concerts !
Malgré tout, cette dernière action semblait avoir un peu déstabilisé le groupe et les filles revinrent sur le terrain, animées d’une certaine nervosité. Ce que nous pouvions redouter, c’est un quart-temps comme celui de la semaine précédente contre St Laurent. De plus, nous notions l’absence de Romane à cette reprise, son genou ayant cessé de lui laisser assez de liberté pour jouer… Il fallait repenser un peu la défense, pendant un temps, et c’est sur cette phase que l’Eveil allait se faire mal. L’écart qui allait se creuser deviendra pratiquement celui de la fin du match et c’est vraiment dommage. En effet, en proposant des aides arrières pour endiguer les actions de la géante adverse, cela laissait des brèches sur l’avant-poste. Flavie ne se faisait pas prier pour crucifier notre équipe de ses tirs lointains et précis. Elle en alignait 2 d’affilée, et inscrit la bagatelle de 12 points dans ce quart-temps, sur un total de 22 sur ce match. Le mal était fait, les filles baissèrent têtes et épaules… Evidemment ce qu’il ne faut jamais faire ! Un match n’est jamais perdu, les remontées sont possibles, le combat ne cesse que faute de combattants ! Nous perdions cette période 27-12 et comptions donc 18 points de retard à la mi-temps, menés 39-21.
Si du point de vue du score, les choses n’allaient pas empirer, elles n’allaient pas forcément s’arranger non plus… Dans sa générosité défensive, Chiara colmatait les brèches, et utilisait par deux fois de trop ses bras, ce qui occasionnait des fautes irréversibles… Elle sortait pour 5 fautes à 2 minutes du terme de ce quart-temps et allait s’asseoir sur le banc regarder ses coéquipières lutter jusqu’au bout sans elle. Les filles essayèrent de refaire surface, autant que faire se peut, mais le combat était inégal. Henola, de retour de longue blessure, donnait de sa personne mais finissait par manquer un peu de condition, puis ce fut le tour de Camille, qui prit un violent coup sur la cuisse avant de pouvoir revenir sur le terrain, et Kim, qui chutait lourdement sur le dos et qui allait se reposer en bordure de terrain.
Mais nous finissions dans des temps de passage plutôt corrects puisque nous perdions cette période 12-11, rien de bien méchant. Au total, nous étions à 19 longueurs de nos adversaires, soit le même écart que lors de notre dernier match disputé contre elles, déjà mieux armées à l’époque par la présence de renforts spécifiques.
Le dernier acte allait être difficile à endurer. En effet, et une fois encore, physiquement, nos filles allaient plonger contre une équipe entraînée plus régulièrement, ou tout du moins plus de fois que nous. Et le tableau d’affichage allait montrer ça… Nous étions menés de 30 points peu avant le terme de la partie mais comme souvent, armées du courage et de la rage des condamnés à mort, l’instinct de survie se mettait en place et la remontada s’engageait ! Oh je vois bien quelques sourire narquois fleurir ci et là, mais si ce n’était pas une remontée teintée d’accent catalan, ce n’était pas non plus ce que d’aucuns qualifiaient d’explosion. Et c’est avec courage que les filles reprenaient l’assaut du nid d’aigle et à défaut de faire tomber la Grosse Berta, au moins empochions-nous le dernier quart-temps 21-19, pour finir sur le score de 70-53.
Alors que dire de ce match ? Déjà quelques paramètres statistiques simples. Les arbitres avaient sifflé autant de fautes à chaque équipe (17) mais quand nous ne faisions que 8/22 aux lancers, les Angelinos en marquaient 7/15. Si on considère l’apport de joueuses très expérimentées dans ce match, les 12 points d’Emilie constituent une grande portion de cette défaite de 17 points. Enfin, une équipe aussi technique que le Cavigal devrait nous rassurer sur le jeu proposé. Si la semaine précédente nous perdions pied à St Laurent avec 29 points dans la musette, le redressement de barre opéré durant ce derby est à mettre dans la catégorie des évènements positifs !
Je crois aussi qu’il faut garder à l’esprit l’âge de nos jeunes joueuses, fragiles et faillibles, tout comme la structure d’entraînement aux objectifs variés. Mais une chose est certaine, il n’y a aucune fille seule qui peut sauver le match, tout comme aucune fille seule peut porter la responsabilité personnelle d’un échec sur un match. Il s’agit d’un sport d’équipe où tout repose sur la confiance que chaque joueuse a en ses partenaires, et sur les efforts que chacune est prête à livrer pour ses coéquipières. Bien entendu, ces mots paraissent simples mais il faut pourtant les répéter et qui de mieux que l’entraîneur pour le faire ? Le guide, c’est lui, la science, c’est lui, la technique, c’est lui, la tactique, c’est lui. Il est nécessaire de se conforter à ces indications et encouragements permanents qu’il prodigue. Je me permets de rappeler que les meilleurs matchs que nous avons livrés furent ceux durant lesquels les consignes étaient appliquées à la lettre, et pas contre des petites équipes, je repense en particulier au CTC de Toulon durant la première phase…
Enfin, il faut aussi croire en vous-mêmes car toute l’énergie des supporters, celle de vos coaches, dirigeants, parents, amis, frères, sœurs, ce serait le bonheur, ne peut rien si vous n’avancez pas vers votre destin. La victoire en soi n’apporte rien de particulier si ce n’est la joie d’une chanson ou d’un coup à boire. Mais la façon de l’atteindre signifie bien plus. Il faut cesser de baisser les bras dès que l’écart constaté est de 10 points, car tout peut se renverser !
Il faut en appeler à l’union pour mieux se ressouder et affronter les prochains adversaires. Ca commence par Antibes, équipe qui nous donne souvent du fil à retordre, mais je ne vois pas ce qui peut nous empêcher de vaincre ! Et comme les matchs retour nous donneront l’occasion encore une fois de mesurer nos écarts, différences, progressions, ils donneront aussi l’occasion à chaque joueuse de renverser la vapeur et croire en la valeur d’une cohésion indéfectible. Les filles, nous sommes derrière vous, quoi qu’il advienne ! Faites-vous plaisir avant de nous faire plaisir, de toute façon, le plaisir, c’est communicatif ! Vos valeurs sont insubmersibles.
Avec tout ça, j’ai eu la chance de prendre quelques beaux clichés durant cette partie, je vous laisse y jeter un coup d’œil !