L’Eveil de Nice, Terminus pour Fréjus
Il avait été nécessaire de récupérer de l’épopée émotionnelle qu’avait été ce match contre l’AS Monaco, et faire le compte des dégâts. En effet, l’équipe perdait Thiziri suite à son coup reçu sur la cuisse, un coup qui n’était pas sans rappeler celui que Tonya Harding assénait à Nancy Kerrigan le 16 Mars 1994, soit exactement 25 ans jour pour jour aujourd’hui. Incapable de s’appuyer sur sa jambe gauche, elle augmentait le nombre de nos joueuses sur le flanc.
Cette courte victoire avait poussé les filles à réfléchir, ce qui, de manière générale, dans le sport, se pratique aussi peu que le Ball-Trap à l’école des jeunes aveugles. Mais elles prirent conscience d’abord de leurs difficultés du moment, mais ensuite, et surtout, de leurs qualités mentales.
Cependant, au moment d’affronter cette équipe de Fréjus, leader invaincu du championnat, elles se rendaient compte qu’il s’agissait d’un exercice d’escalade périlleux, loin d’un François Hollande qui, naguère, entrepris l’ascension par l’escalier B de l’immeuble de Julie Gayet.
Nos adversaires varois, sans rien enlever de leur magnifique victoire acquise au match aller, avaient tout de même bénéficié de la totale apathie de nos joueuses. Ainsi L’Eveil méritait une revanche pour mieux figurer et montrer un autre visage que celui de ce précédent match. Une fois encore, notre effectif allait avoir du mal à lutter contre le secteur intérieur varois, avec en plus les absences combinées de Chiara et Thiziri. Si cette dernière avait essayé de s’échauffer, il était évident que ça ne tiendrait pas et son œil du Tigre s’évanouissait dans le baume du même nom. Enfin, il y avait le cas de Romane, qui avait réussi un échauffement sans douleur et qui, peut-être, allait pouvoir disputer sa première poignée de minutes de la saison. Bref, ce n’était pas la panacée, mais nos U18 allaient faire front, et pouvoir compter de nouveau sur Manon, présente sur le pont pour soutenir l’équipe et lui apporter sa précieuse aide.
Fréjus se présentait avec sept filles, un groupe restreint qui allait se passer de la petite Lison mais surtout de la grande amie Mathilda.
La partie allait démarrer avec Zoé, Maïssa, Thilelli, Hana et Amélie, toutes les 5 vêtues de leur maillot d’un blanc plus éclatant que les dents de Jean-Marc Morandini.
Tel qu’on pouvait l’imaginer, Cléa Edon imposait sa taille à l’entre-deux pour l’emporter, mais Amélie, bien placée, interceptait le ballon, le passait à Zoé qui envoyait Hana ouvrir le score.
Zoé lançait encore Hana qui convertissait de nouveau son panier, puis elle lançait ensuite Amélie qui scorait, et enfin Thilelli servait Maïssa qui marquait à son tour. L’Eveil menait 8-4 et, contrairement à ses habitudes, avait su convertir ses occasions en réalisant un 4/4 aux tirs dans ce début de quart-temps. Une période qui allait voir Hana flamber puisqu’elle allait inscrire 11 points, et on voyait l’équipe se lâcher telle une corde vocale de Tina Arena quand elle pousse la voix en espérant que ça cachera l’inanité des paroles de ses chansons comme « Aimer jusqu’à l’impossible c’est possible ».
Si côté attaque ce n’était pas mal, nos cadettes éprouvaient un peu plus de difficultés à contenir les assauts Fréjussiens et l’écart ne se creusait pas, même si le score restait en notre faveur à 10-5 (après correction d’un lancer-franc réussi par Zoé que la table avait oublié).
Pour les deux minutes suivantes, Geoffrey décidait de lancer Romane qui, jusqu’à présent, était apparue plus en photo que sur le terrain, à l’instar de Pamela Anderson, sauf qu’aucun conducteur de poids lourd l’a en poster dans sa cabine pour combler sa solitude des nuits d’été trop moites.
Jouer avec une grande, même un petit instant, ça bouleverse le jeu mais ça permet aussi de nager vers d’autres horizons. Ainsi en 4 actions, elle avait collé 2 contres aux varoises et imposait un jeu plus dense dans la raquette, au point de faire une faute offensive contestable mais non discutée.
On sentait un truc bouillir, mais il fallait garder ses nerfs, le match n’avait débuté que depuis 7 minutes. Manon entrait à son tour et défendait avec toute l’énergie qu’on lui connaît, mais elle prenait une faute, et Maïssa lui emboîtait le pas en commettant ses 2ème et 3ème fautes consécutives, de quoi faire suer à grosses gouttes le coach.
Zoé sortait souffler un peu, et Noa permettait à Fréjus de recoller au score au tout dernier moment avec 2 lancers-francs. L’Eveil, grâce à son entame tonitruante, avec rythme et engagement, l’emportait 19-15.
Le 2ème quart-temps repartait sur de bonnes bases. Zoé marquait un panier, auquel la jeune Mya répondait de façon un peu Christique, puis Zoé lançait Amélie qui scorait pour mener 23-17.
En augmentant de manière sensible la pression en défense, nos cadettes récupéraient des ballons sans pour autant tous les convertir, à l’image de ce double-pas loupé par Hana alors qu’elle était seule, mais malgré tout, L’Eveil menait 27-19.
Sur l’action suivante, Fréjus catapultait un ballon en touche mais l’arbitre rendait la balle aux varoises, provoquant ainsi la colère d’un public acquis à notre cause, et situé à l’endroit même de la sortie de balle. Cette déconcentration avait des conséquences immédiates et permettait à nos adversaires de revenir à 27-23 dans une ambiance un peu électrique. Dans ce moment dur, Geoffrey prenait un temps-mort. Il était tellement chaud que si on lui posait une merguez sur le pelvis, elle était cuite en 3 minutes.
Sur une faute offensive du pivot varois, L’Eveil récupérait la balle et Zoé en profitait pour balancer un tir à 3 points et redonner de l’air à son équipe (30-23). C’était un tir de tueur, comme dans les films d’Al Pacino, cet acteur qui a joué dans « Le parrain », un biopic sur Patrick Balkany, dans « Scarface », un film sur la drogue dans lequel il n’y a pourtant aucun cycliste professionnel, ou dans « L’enfer du dimanche », qui n’est pas un film sur le fait de tomber sur Stade 2 alors que Patrick Montel commente le lancer de disque.
Romane revenait sur le parquet pour une autre paire de minutes, une période qu’elle mit à profit pour marquer un panier, forcer une perte de balle de son vis-à-vis et placer un nouveau contre.
De l’autre côté du terrain, au moment de rejoindre la mi-temps, Cléa marquait un gros power-shoot en faisant parler sa puissance et son gabarit à porter des sweats Waïkiki taille XXL.
Nos joueuses gagnaient encore ce quart-temps 13-10 et, à la pause, menaient de 7 points sur le score de 32-25.
Que dire de ce qui venait de se passer ? Difficile de s’exprimer clairement. Mais en tout cas, les filles faisaient honneur à leur maillot et s’investissaient plus que jamais dans ce match. Tout n’était pas parfait, non, et si tel avait été le cas, alors l’écart eut été pantagruélique, mais il y avait beaucoup de motifs de satisfaction à avoir. Elles défendaient fort, haut, elles étaient organisées, et en cela respectaient les consignes données, elles mettaient de l’engagement, jouaient rapidement en traversant le terrain à la vitesse de l’éclair, c’était très encourageant. Enfin, la prudence est de mise avec nos joueuses quand on se réfère à certaines de leurs récentes et déroutantes sorties passées.
Sept points d’avance, c’était bien de les avoir, mais ça ne garantissait rien non plus.
Une marge extrêmement maigre que les varoises pouvaient à tout moment exploser.
D’ailleurs le discours de mi-temps allait dans ce sens, et Geoffrey gardait les filles mobilisées, leur faisant prendre conscience des risques habituels du 3ème quart-temps et des redémarrages poussifs rencontrés régulièrement cette saison. Bref, il était temps de revenir sur le terrain.
Manon réalisait une très belle action et se faufilait pour tenter un double-pas qui allait être contré rageusement par Cléa Edon. Bon, pour vous donner une image plus précise, c’était comme si, dans Game of Thrones, Tyrion Lannister partait à l’assaut de la gorge de La Montagne, difficile d’imaginer pour le premier une sortie victorieuse d’un tel duel.
Comme on pouvait le craindre, notre attaque s’était un peu enrayée et nous affichions un maigre 0/7 aux tirs en ce début de période. Après un double rebond offensif du pivot varois, Fréjus marquait et revenait à 32-27.
Ce panier allait être le seul du quart-temps pour nos adversaires, au moment où le match allait basculer dans l’irrationnel, car les filles allaient tout faire péter à tel point que, comparativement, Rambo IV, c’était l’histoire de la Comtesse de Ségur dans laquelle Sophie fait boire du lait à un chaton. Hayam marquait un panier, puis Zoé finissait une pénétration côté gauche pour donner 11 points d’avance à L’Eveil qui menait 38-27.
Hayam marquait un lancer, Maïssa gobait un rebond et faisait une passe décisive à Amélie, Hayam, encore aux affaires, lançait Zoé qui marquait 2 paniers d’affilée, c’était terrible. Après les 11 points d’Hana du premier quart-temps, c’était au tour de Zoé de disséquer ses adversaires avec ses 8 points. On aurait dit une partie de Docteur Maboul et, à cet instant, l’écart avait gonflé pour atteindre les 18 points à 45-27.
Sur la fin de la période, c’est Maïssa qui s’illustrait par une belle défense robuste, puis par un panier marqué, et, malheureusement, par sa 4ème faute reçue pour un coup de hanche presque imperceptible. Mais bon, les filles faisaient un boulot appliqué et dévastateur, on aurait dit une marée blanche, soit l’exact contraire colorimétrique de la marée que l’Amoco Cadiz déversa sur la Bretagne le 16 mars 1978.
Le quart-temps se terminait sur une victoire de 15 à 2 et, au tableau d’affichage, nos cadettes menaient de 20 points à 47-27. Fréjus était sans dessus-dessous, retourné, comme les phrases de Maître Yoda, sans pour autant être vert de rage.
Si on sait très bien que rien n’est jamais fini à ce stade d’un match, nous l’avons régulièrement expérimenté, cet écart faisait l’effet d’une douche froide qui avait plombé l’ambiance, comme transformer un concert de zouk en soirée gothique.
Geoffrey allait profiter de cet écart pour sortir longuement Zoé et la faire reposer, ce qui n’empêchait pas l’équipe de continuer son petit bonhomme de chemin, à l’image d’Amélie qui convertissait ses 2 lancers-francs avec la régularité d’un métronome.
Du côté varois, les filles n’avaient pas abdiqué et elles continuaient de tenter de revenir, à l’image de Camille Reichart qui rentrait fort dans la raquette et recevait le 4ème contre de Romane, revenue passer 2 nouvelles minutes sur le terrain pour recevoir son adversaire dans l’abdomen.
Manon donnait le tournis à son défenseur et provoquait une faute, puis, elle repartait à l’assaut de La Montagne, sans crainte, elle avait le mental d’Hannibal qui déboule des Alpes.
Mais sur le contre du pivot Fréjussien, elle se brisait comme une biscotte manipulée par le catcheur Hulk Hogan.
Si Noa essayait de maintenir à flots son équipe, c’est Hana qui répondait par 2 lancers rentrés et par la suite avec une longue passe décisive qui traversait tout le terrain pour un autre panier qui nous permettait de mener 53-31.
Thilelli à son tour grattait de précieux ballons et tentait un power-shoot bien vu mais, malheureusement, la tour de contrôle adverse détournait le vol de son ballon.
Les petites étaient à l’honneur encore une fois avec Manon qui harcelait son vis-à-vis et lui faisait forcer son tir, puis, avec un excellent travail de box-out d’Amélie, elle récupérait son rebond défensif.
Dans l’esprit, c’était aussi fort que le jour où Tom Sawyer et Huck avait fait un serment écrit avec leur sang.
Zoé, Maïssa et Hayam faisaient leur retour et on allait assister au moment showtime orchestrée par nos jumelles, les Brock et Schnock de L’Eveil ! Elles combinèrent rebonds, passes, feintes et marquèrent, que ce soit des lancers ou des paniers, elles arrivaient à nous faire rugir de plaisir comme des ours, ces animaux qui se nourrissent à 80% de végétaux, comme Doc Gynéco.
A ce moment, nous menions 60-36 et, avec 24 points d’avance à une poignée de minutes du terme, il semblait difficile de voir le match être retourné.
Un petit moment de décontraction et ce fût le moment de la 2ème faute de Zoé, puis de la 4ème de Thilelli.
Une dernière remise en jeu des varoises, réalisée sans vigilance, permettait à Zoé de sauter sur la balle pour l’intercepter sur son premier pas, mais elle-même s’en retrouvait surprise et loupait le panier sur son 2ème appui, ce qui n’avait donc servi à rien, comme un shooting photo sexy avec comme modèle Michel Houellebecq.
Dernier ballon du match, Hana intercepte, lance sa sœur qui marque, quart-temps remporté 17-13 et le match gagné 64-40 (une erreur de la table de marque réduisait les scores respectifs des 2 équipes d’un point et le score validé sera 63-39).
Nos U18 n’avaient pas vraiment l’air de réaliser la portée du résultat de ce match.
La façon dont elles avaient joué, avec intensité et régularité toute la rencontre, leur avait permis de faire plier le leader.
Car oui, ce fût une grosse partie de nos filles, pleine d’énergie. Le jour où les iPhones auront l’autonomie de nos joueuses, on ne sera plus là en permanence à demander à nos collègues s’ils ont un chargeur.
Il est bien évident que le match aller laissera des regrets, nombreux, non pas pour en supputer le résultat et faire du basket fiction car les données étaient différentes, et ce pour les 2 équipes, mais elles avaient refusé le jeu à l’époque. Elles auraient pu gagner, ou perdre, on ne le saura jamais, mais on peut penser que ça n’aurait pas été avec ce score fleuve qui avait marqué durablement nos cadettes.
Une anecdote à garder à l’esprit, en Phase 2 des U18 PACA, Mathilda reste invaincue, tout comme de notre côté Manon, qui vient de participer à 2 victoires d’affilée pour son club.
Tout le monde allait passer un dimanche plus détendu, les joueuses comme l’encadrement, et la semaine de travail qui s’annonçait avant de nous rendre à La Valette serait plus léger.
Quand les filles sont à l’unisson, et à l’écoute des demandes, savent y répondre avec brio, c’est rassurant, encourageant, même si rien n’est jamais acquis.
La seule contrariété du jour venait d’Hayam qui s’était donnée une entorse à la cheville, une bien mauvaise nouvelle pour elle d’abord, mais aussi pour toute l’équipe dans la perspective du déplacement à Toulon samedi prochain.
Il sera bien temps de compter les présentes, malheureusement de moins en moins nombreuses chaque semaine qui passe, et aujourd’hui, il convient de savourer le résultat de ce match et continuer notre parcours.
Merci aux filles, et à nos adversaires, c’était un match plein et super agréable à regarder, j’espère au moins autant que les photos qui suivent.