L’Eveil coule une bielle contre Fréjus-Saint Raphaël
La tête encore dans les dernières minutes du match contre Monaco, on en oubliait presque la grande nouveauté de ce samedi 19 Janvier 2019. En effet, après 4 mois de compétition, nous allions vivre notre premier déplacement dans le Var pour affronter l’entente Fréjus-Saint Raphaël.
Déplacement qui se ferait en voiture, ce truc qui peut transformer tonton Henri, 64 ans, affable comptable dans une PME de Saint-Lô, en psychotique hurlant à une conductrice qui a oublié de mettre son clignotant de prendre sa mère dans tous les sens, devant, derrière, au-dessus, en-dessous, par l’oreille droite et la narine gauche, mère s’avérant au passage être une péripatéticienne.
Bref, une petite route pour enfin changer de l’univers habituel des rencontres maralpines disputées depuis de nombreuses années, jusqu’en ce début de championnat PACA.
Fréjus-Saint Raphaël est une équipe dont certaines joueuses ne nous sont pas inconnues. En effet, nous avions eu le plaisir de partager un peu de temps de jeu avec Mia Rubechi l’année dernière lors de la sélection 06 U15 constituée dans le cadre du Tournoi International de Fréjus.
Mais il y avait aussi, passée de Draguignan au Cavigal, puis du Cavigal à Fréjus, Noa Arndt, et, enfin, Mathilda Loyer, revenue au bercail après de nombreuses et enrichissantes expériences basketballistiques.
D’un point de vue général, cette équipe, elle avait de la hauteur. Car en plus de Mathilda, le secteur intérieur varois possédait en Cléa Edon une deuxième tour d’importance et même si non jumelle de la première, pas sûr que nous puissions les faire tomber toutes deux comme Oussama Ben Laden le fit en 2001.
Le défi s’annonçait donc de taille, au propre comme au figuré, et nous allions devoir batailler avec nos armes, c’est-à-dire la vitesse d’exécution et une défense investie, solide. Mais avec seulement 7 joueuses puisque, suite à son attitude lors du match précédent, Thilelli était suspendue. C’est comme ça, quand on fait une bêtise, on assume et on se fait sanctionner, on aurait pu même l’envoyer purger sa peine à Tulle avec tous les retraités.
Avant de débuter le match, et malgré la pluie, persistante, épaisse, nous avions passé le déjeuner en excellente et chaleureuse compagnie, non sans évoquer le bon temps de notre folle jeunesse, quand en parlant des filles, agiles et jeunes, nous mentionnions les gilets jaunes. Nous aussi nous étions descendus dans la rue en 1986 pour lutter contre la réforme d’Alain Devaquet en chantant « Devaquet, si tu savais, ta réforme où on s’la met ! ». Et bien sachez-le, ça faisait un an jour pour jour, le 19 janvier 2018, que l’ancien ministre disparaissait.
Bref, recentrons-nous sur le match et précisons que mon habituelle réalisatrice n’était pas venue en terre varoise filmer cette rencontre. C’est Sandra qui s’y collait, avec brio, qui n’est pas un boulanger italien, et avec le sourire elle aussi, celui de son adolescence bercée par Stefan Edberg, une idole de jeunesse, qui célébrait ce jour son 53° anniversaire.
Qui allait début le match pour nos cadettes ? Et bien Zoé, Chiara, Maïssa, Hayam et Amélie.
Etonnamment, l’entre-deux était remporté par Mathilda mais l’Eveil récupérait la balle et lançait Amélie vers le panier. Sa course fut interrompue par une faute d’une violence inouïe de la part de la 6 adverse. Mathilda aurait certainement mérité l’exclusion définitive sur cette action, ce qui aurait été justice pour l’Eveil, mais nous étions dans le Var, et nous allions devoir souffrir.
Voilà comment en deux lignes on peut révolter le corps arbitral, provoquer l’indignation du camp adverse et enfin récolter les haineux en train de se repaître des déboires sportifs d’une joueuse ou de ceux de notre équipe. Et donc je vais faire œuvre de prétérition en précisant qu’évidemment, cette histoire est une pure invention sans aucun fondement. Tout n’est pas toujours vrai sur internet. Enfin. Sur la remise en jeu, c’est Hayam qui allait scorer et nous allions mener 2-0, la seule et unique fois du match. Le reste du premier quart-temps, et même du match, allait être une longue traversée du désert.
Les filles furent rapidement gênées, parfois inquiétées, par la taille de la défense fréjussienne. Ainsi elles prenaient de mauvaises décisions, précipitaient leurs shoots, jouaient en première intention, et oubliaient des fondamentaux travaillés la semaine, comme les passes au sol ou les courses des ailières dans les couloirs.
Un petit incident chronométrique forçait les 2 équipes à rejoindre leurs bancs respectifs le temps d’écouler 3 minutes et 30 secondes, et, au retour, Zoé provoquait une faute et marquait ses 2 lancers-francs pour égaliser à 4 partout.
Le match était encore hésitant mais l’écart qui se creusait n’avait encore rien d’alarmant, et ce malgré les petites alertes entraperçues pendant ces premières minutes de match. Notre défense n’avait rien d’énergique, manquait d’intensité, on voyait nos adversaires, plus grandes, moins mobiles, contre-attaquer avec plus de vélocité que nous.
Ces craintes envisagées, mais rejetées tant elles semblaient impossibles, se révélaient exactes et nos filles allaient tomber dans une spirale infernale. Elles jouaient par courtes intermittences, rendant hommage à la loi sur les 35 heures votées un 19 janvier de l’an 2000…
Inexorablement, Fréjus allait creuser la tombe des niçoises jusqu’à ce double-pas manqué d’Amélie qui offrait à nos adversaires une balle pour mener 21 à 6.
Zoé prenait par la suite 2 rebonds offensifs d’affilée pour marquer et revenir à 21-8, avant qu’Hana n’aille s’empaler dans la raquette pour provoquer une faute en attaquant le panier aussi violemment que DSK sa chambre au Carlton. Elle mettait 1 lancer, mais la période n’allait pas s’achever immédiatement et nous perdions celle-ci sur le score de 25 à 9… Sont-ce les 16 points de retard après seulement 10 minutes de jeu qui furent inquiétants ? Ou plutôt le fait d’encaisser 25 points ?
Un mélange de tout ça un peu, mais peut-on parler de jeu quand nos filles ne faisaient absolument rien, nous rappelant ainsi le fantôme angoissant d’une paire de matches du même acabit réalisés il y a peu ? Les mains sur les hanches, les têtes basses, les épaules voûtées, tout le body language de filles qui avaient déjà abandonné la partie… Nous venions de prendre un mur en pleine tête, le genre d’obstacle fatal que même l’application Waze n’aurait pas pu signaler et que le grand Ayrton Senna lui-même n’aurait pu éviter, même si Waze n’existait pas encore à l’époque.
Il fallait repartir au combat, et encaisser déjà 2 nouveaux lancers-francs inscrits par Noa Arndt.
On assistait au retour des passes approximatives à hauteur des joueuses adverses et, comme un symbole de l’incapacité de nos cadettes, la bonne passe de Zoé dans les mains d’Hayam pour son double-pas finissait en 4 tours le long de l’arceau avant de ressortir.
A part un gros retour défensif de Zoé sur la rapide Lison, le reste était inexistant. Thiziri loupait son power shoot et écopait sur le retour de sa 3° faute à 5 minutes de la mi-temps. Maïssa prenait sa 3° faute elle aussi dans la foulée, le risque de finir à 4 filles se révélait d’une probabilité plus importante à chaque seconde qui passait. Noa inscrivait encore 2 lancers et profitait de l’apathie totale de nos joueuses. Nos U18 n’avançaient plus, ne faisaient plus rien, elles avaient la même vie qu’Alessandra Sublet. Zoé se démenait tant bien que mal, prenait un gros rebond sur Mathilda, donnait les ballons quand elle en avait la possibilité, mais ses coéquipières en perdaient trop pour espérer revenir dans la partie. Malgré tout, nos joueuses n’avaient pas démérité et ne perdaient ce quart-temps que sur le score de 17 à 10. A la mi-temps, L’Eveil était mené de 23 points sur le score de 42 à 19.
Si la musique avait été diffusée lors de la mi-temps, nous aurions sûrement entendu retentir en fond le célèbre et entêtant tube de Patrick Sébastien « Le doigt dans l’fion »…
Durant cette première mi-temps, les joueuses niçoises avaient plus rempli la fonction de plots d’entraînement pour Fréjus que celle de compétitrices venues disputer un match de basket.
Au vestiaire, il fallait interpeler nos cadettes sur leur prestation et les mobiliser mais ce samedi, tout semblait impossible et Geoffrey semblait avoir autant d’emprise sur ce match que la justice sur les Balkany.
L’entame du 3° quart-temps, souvent un moment délicat, allait nous donner une idée sur la capacité de rebond de notre équipe. Dans le même temps, Fréjus entrait dans une phase de gestion confortable puisqu’avec 23 points d’avance, elles pouvaient voir venir.
Si elles montraient un peu d’animation, la réussite et/ou la lucidité leur faisaient toujours défaut, à l’image des actions successivement loupées par Hana, Thiziri, Amélie et Chiara qui se fit cueillir un rebond sur le dessus du crâne par Mathilda, on oubliait les fondamentaux de box-out dont elle est pourtant une des meilleures utilisatrices de notre équipe.
Ensuite, très vite, le petit feu à peine ravivé allait s’éteindre et notre défense allait devenir plus amorphe que Doc Gynéco. Les pertes de balles, quand même au nombre de 56 sur ce match, offraient des points en contre-attaque aux varoises qui n’en demandaient pas tant. Le score enflait pour atteindre 55-21 et notre équipe explosait, comme quand on était gamin et qu’on collait un pétard mammouth dans une bouse de vache.
Durant tout le reste du quart-temps, Zoé comblait ce qu’elle pouvait, avant de sortir se reposer un peu. Pour illustrer le propos, sur les 14 derniers points marqués entre la fin de cette période et la fin du match, 13 l’ont été par notre jeune et bondissante meneuse.
Difficile de contrôler quoi que ce soit, le navire niçois sombrait, mais quand tout va mal techniquement et tactiquement, on peut essayer de compenser physiquement, défendre avec envie et énergie mais non, même pas. Zoé effectuait des contre-attaques rapides et revenait défendre à la vitesse de l’éclair, mais en solitaire. C’était dommage, rageant, frustrant, et cet abandon faisait aussi mal au coach qu’aux joueuses elles-mêmes. Le 3° quart-temps s’achevait et Fréjus l’emportait 19-9, nous repoussant maintenant à 33 points sur le score de 61-28 en faveur des varoises.
Geoffrey était atterré et il essayait de laisser passer la tempête comme dirait Laurent Wauquiez lorsqu’à la proue de son Optimist, vêtu de sa parka de capitaine Haddock, il voit couler son parti politique.
Saviez-vous que le 19 janvier 639 naissait le Roi Dagobert ? Et bien s’il est connu pour avoir eu sa culotte à l’envers, nous, c’était la tête que nous avions en travers.
A l’entame du dernier quart-temps, Zoé était laissée sur le banc pour respirer un peu avant explosion. Fréjus allait certainement jouer avec notre équipe comme le fait Jeff Panacloc avec son singe Jean-Marc, avec une main dedans…
Même si le match était perdu, il fallait tenter une réaction, un sursaut d’orgueil. Ainsi le coach demandait la mise en place d’une presse mais cette initiative prenait aussi bien qu’un feu d’artifice tiré du fond d’un lac par des hommes-grenouilles. Il ne se passait rien. Mais rien. Tant dans l’application de la consigne défensive qu’en attaque. A tel point que nos joueuses ne marquèrent pas pendant plus de 6 minutes entières. Plusieurs air-balls, doubles-pas ratés, attaques à 2 contre 0 ou 3 contre 0 avortées, quand rien ne va, c’est à fond. Dans le même temps, Thiziri recevait sa 4° faute, puis quelques secondes plus tard, sa 5°, ce qui lui permettait d’assister à la fin de ce non-match du banc. Sur les 3 dernières minutes, Zoé revenait sur le terrain pour un dernier baroud d’honneur avant la tentative de passe aveugle d’Hana sur Chiara qui finissait dans les tribunes.
Zoé rentrait le premier panier de notre équipe dans ce dernier quart-temps, ce qui faisait du bien après le 12-0 encaissé. Le score était passé à 75-30 en faveur de Fréjus.
A part Amélie qui provoquait une faute et rentrait un lancer sur les deux accordés, il n’y avait que Zoé qui tirait son épingle du jeu. En 3 minutes, après 1 contre et 2 rebonds, elle marquait un panier en pénétration et 2 tirs à 3 points pour finir ce calvaire sportif. Nous perdions aussi la dernière période sur le score de 18-9 et le match sur celui de 79 à 37.
Nous avions encaissé 79 points, et nous devions digérer 42 points d’écart.
Notre équipe venait d’encaisser son plus lourd revers depuis des années. Elle avait sombré, disparu, comme Janis Joplin dont nous célébrions ce jour la disparition à 27 ans, soit 15 de moins que l’écart qui nous séparait des fréjussiennes.
C’était un match à oublier rapidement, comme le CV de Larusso. Et que tirer comme enseignement ?
Le désastre était tellement complet, le chantier tellement gigantesque, difficile de tirer de réelles conclusions. Sans rien enlever à la victoire de Fréjus, et à leur volonté de vaincre, nos joueuses n’avaient pas joué, et encore moins montré leurs qualités intrinsèques qui avaient fait déjouer nos adversaires de la première phase, aujourd’hui en poule haute PACA. Que s’était-il passé bon sang ?
Même si le secteur intérieur était ravagé, et notamment par la belle prestation de Cléa Edon et ses 17 points, sans compter ses innombrables rebonds, il est incompréhensible de faire face à un tel refus de jeu. Il n’est pas question ici de parler de classement, de victoire, de titre, non, rien de tout ça, juste de comprendre pourquoi cette apathie ? Cette absence de rébellion, d’envie, de motivation ?
Pourquoi ne pas reproduire ce qui est fait 2 fois par semaine aux entraînements ? Des consignes simples, efficaces, et qu’en plus, les filles appliquent correctement le travail durant ces sessions. Alors pourquoi travailler les passes avec précision les lundi et mercredi pour devenir aussi précis que des centres de Bernard Mendy le samedi après-midi ?
Il est amusant de constater que le match de la semaine précédente avait montré les prémices de cette catastrophe contre Fréjus. Les filles avaient été prévenues, et elles savaient que sans redresser la tête et les comportements, elles courraient au-devant de cruelles désillusions. Et bien merci aux varoises d’avoir brillamment illustré le propos.
Zoé avait réalisé une excellente performance en finissant le match avec une évaluation de 27, issue principalement de ses 21 points, 12 rebonds et 12 interceptions. Elle s’était comportée comme une vraie guerrière, elle était comme Clémence de Koh-Lanta, mais en propre.
En tout cas, il faudra revenir à l’entraînement avec d’autres intentions et de meilleures motivations pour éviter de reproduire cette bouillie à la réception de Toulon-La Valette, histoire d’éviter encore les journées Portes Ouvertes. Les filles sont capables de tout, du pire comme aujourd’hui, attendons le meilleur, il viendra, ou elles iront le chercher.
En attendant, je vous laisse avec quelques clichés de la partie du jour et je souhaite un excellent anniversaire à Mathilda !