L’Eveil a mené grand train contre Saint Maximin
Revenues de ce périlleux déplacement en Corse, les minimes de l’Eveil attaquaient la semaine par de copieuses sessions d’entraînements concoctées par Geoffrey. Il était nécessaire de leur faire goûter les rivages mystérieux de l’intensité et de l’agressivité, deux valeurs qui nous font régulièrement défaut. Ainsi la semaine fut dédiée à l’aiguisement des sens de chaque joueuse, histoire de préparer comme il se doit le match contre Brignoles-Saint Maximin 2. Une équipe varoise qui n’avait pas survécu à son groupe relevé en première phase mais qui avait su embêter des ténors comme Venelles, actuel leader de la poule haute.
Les objectifs de cette deuxième phase sont restés les mêmes en termes de formation, mais les souhaits du coach se sont faits plus élevés quant aux résultats attendus ces prochaines semaines.
En ce jour de célébration des 25 ans du jour du Bundestag, qui nous offrit la célèbre image de François Mitterrand tenant la main d’Helmut Kohl, nous allions recevoir nos voisines varoises pour en découdre. Une équipe composée de joueuses de divers gabarits, avec un secteur intérieur très bien servi, notamment par une jeune pousse de plus de 180cm, mobile et habile, nous allions devoir composer avec.
Geoffrey allait lancer sur le terrain Zoé, Chiara, Maïssa, Thiziri et Camille pour organiser les premiers assauts. Après un entre-deux perdu assez logiquement contre la géante adverse, les équipes se mettaient en ordre de bataille. Le travail effectué sur la pression défensive payait… Mais vite, très vite, trop vite. Maïssa prenait sur sa première action défensive une faute, 2 secondes de jeu venaient de s’écouler. Saint Maximin en profitait donc pour mener 3-0.
Quelques minutes plus tard, Maïssa écopait de sa deuxième faute et obligeait Geoffrey à revoir ses plans et la sortir pour la protéger. Les varoises menaient alors 7-2.
Temps-mort. Sursaut d’orgueil.
Les filles reprenaient les choses en main et sous l’impulsion d’Hana, qui marquait à 3 points, et Zoé, l’Eveil recollait au score à 9 partout.
L’effervescence se faisait et nos minimes décollaient pour mener 15-9, puis 17-10, et puis plus rien pendant les 4 minutes qui restaient à jouer…
Nos adversaires ne demandaient pas autant de largesses et remontaient pour égaliser à 3 secondes de la fin de la première période à 17 partout.
Pour la petite histoire, l’arbitrage commençait à être un peu perçu de travers avec un bilan de 9 fautes à 1 sifflées en notre défaveur sur ce seul quart-temps.
La reprise du deuxième round allait s’annoncer un peu chaude. Dès la première minute de jeu, nous recevions notre dixième faute de la partie. La salle, qui n’était pas aussi silencieuse qu’un Monastère ou un Live de Lou Doillon, explosait de rage devant l’injustice ressentie. La situation était tendue au point que, sous la pluie de nombreux quolibets exprimés par de dangereux chenapans, l’arbitre menaçait d’expulser les supporters de la salle. Fichtre ! La salle Barachet semblait devenir un endroit si terrible que même Daech recommandait de ne pas y aller !
Durant les quelques instants de flottement qui suivirent cette échauffourée, ce fût un peu fou puisque Hayam prenait 3 fautes personnelles, dont une intentionnelle, tout comme Thilelli prenait aussi sa troisième faute.
Après avoir remis un peu d’ordre dans tout ça, les filles appliquèrent avec précision les consignes et mirent en place une défense plus agressive encore et continuèrent d’attaquer le cercle adverse avec la même vitesse. Et cela payait puisque si les fautes n’étaient encore pas en notre faveur (8 à 2), le score, lui, l’était.
Nous empochions le gain de ce deuxième quart-temps sur le score de 16 à 7 et menions à la mi-temps de 9 points à 33-24.
La pause avait apaisé quelque peu les esprits locaux, mais le coach varois avait de son côté opté pour l’option grosse chaleur. Il avait remonté les bretelles de ses filles pour qu’elles se ressaisissent dans le troisième quart-temps.
Une reprise un peu plane qui, pendant près de 5 minutes, laissait un écart constant de 8 points entre les 2 équipes. Une parité au niveau des fautes aussi, puisque la période était rythmée par 6 fautes de chaque côté.
La centrale de Saint-Maximin avait activé la machine à contres et en balançait 7 dans les 4 minutes qui suivirent, décourageant un peu nos U15 qui, pourtant, ne relâchaient pas leurs efforts. Les varoises réduisaient peu à peu leur retard et revenaient à 3 points de l’Eveil qui perdait Thilelli pour sa cinquième faute. Il était temps de reprendre un peu d’air, ce qui allait être le cas sur la dernière montée de balle quand Zoé servait Maïssa qui rentrait son shoot à 3 points, nous offrant cette nécessaire respiration à cet instant du match.
Sur le repli défensif, notre jeune intérieure se prenait les pieds dans le tapis et commettait une faute à 8 dixièmes du terme de la période. Nous encaissions le dernier lancer-franc adverse et le gain de ce quart-temps 12-11.
Nous voilà presque arrivés au terme de ce chapitre 2 de la phase 2 de la R2 (non, pas D2).
Il était question maintenant de tuer le match et c’est ce que nos filles allaient exécuter. En posant les fondamentaux précis d’une bonne presse, elles allaient littéralement étouffer les varoises.
En densifiant à ce point leur défense, nos joueuses bloquaient tout et ça faisait comme dans le cerveau de Mariah Carey, plus rien ne passait.
Le jeu de contre-attaques rapides orchestré devenait trop difficile à contrôler pour les joueuses de Saint Maximin, qui commirent 5 fautes contre 1 seule pour nous, et elles prenaient un 14 à 0 plutôt rédhibitoire. Notre équipe menait de 24 point à 4 minutes de la fin, la messe semblait dite, et nos adversaires plongeaient aussi physiquement, jusqu’à perdre leur capitaine, sortie pour 5 fautes, et leur ailière, qui se tordait la cheville.
A 3 minutes du terme, il semblait compliqué d’imaginer l’impossible retour de Saint Maximin dans la course alors que le score était de 65 à 39 pour notre club. Si tel avait été le cas, l’humiliation subie aurait alors été au moins aussi forte que celle de perdre un bras de fer contre Jamel Debouze ou de finir derrière Luis Fernandez à la dictée de Bernard Pivot !
Geoffrey décidait alors de faire sortir définitivement Zoé, qui n’avait jusqu’alors pas cessé de martyriser les joueuses et le panier adverses. Une addition salée de 29 points, avec le sentiment du devoir accompli. Elle était accompagnée d’Hana qui avait gobé 17 rebonds, pas une mince performance au vu de la taille de son adversaire directe sous les panneaux.
Le match allait s’achever, après un lancer-franc d’Yvonne et le dernier panier de Camille pour remporter le gain de ce quart-temps sur le score de 24 à 3 et le match sur celui de 68 à 39.
Une partie rondement menée, avec un engagement de tous les instants qui avère la mutation qui s’opère chez nos joueuses. Bien entendu, tout n’était pas parfait, mais ce sont de jeunes filles de 14 ans et la perfection vers laquelle nous souhaiterions parfois les voir tendre n’est que peu souvent l’apanage des équipes professionnelles ! Alors ne boudons pas notre plaisir de les voir renverser avec brio un adversaire plus coriace que le score voudrait le laisser penser, et savourons cette faconde et cette intensité qui jamais ne baissèrent durant les 40 minutes de cette partie.
Bravo aux filles qui surent rebondir après la déroutante aventure Corse, et nous offrir ce que nous attendions d’elles. Ce que le coach attend d’elles.
Quand elles évoluent à leur vrai niveau, avec autant d’engagement, elles me semblent difficiles à prendre, mais l’édifice est toujours fragile. Geoffrey le sait bien, et son travail, comme son enseignement, passe par des phases précises sur ce qu’il souhaite atteindre dans la formation des filles. Tout est affaire d’équilibre, comme dans un bon plat dont les saveurs sont exquises. Petite allégorie qui me permet au passage de saluer la mémoire de ce grand homme disparu ce samedi, sorte de demi-Dieu vivant de la Gastronomie française et référence absolue des épicuriens. Paul Bocuse est parti régaler les papilles de bien des êtres qui nous ont quitté, qu’ils en profitent bien.
Aux filles de reprendre le chemin de l’entraînement, pour travailler, encore et encore, et préparer un long périple à Sorgues, dans l’espoir de remporter une nouvelle victoire et cesser de ne faire que des séries de une ! Mais vraiment, bravo à ce chouette groupe pour sa combativité et son caractère, c’est au top les filles !
Ah oui, bien entendu, quelques souvenirs de ce jour victorieux…