Le Mba en vie, l’Asm garde ses chrysanthèmes
Cette date du 7 décembre est chargée de souvenirs violents.
En effet, c’est à cette date que fût publié Mein Kampf, ou que l’attaque de Pearl Harbour eut lieu, ou encore qu’en Arménie survint ce terrible et meurtrier tremblement de terre et que John Lennon fût assassiné par Mark David Chapman… Des souvenirs tristes bien entendu, et on espérait que le nouveau derby monégasque entre le Mba et l’Asm s’inspirerait plutôt de l’accord pris en 1987 par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev sur le désarmement nucléaire.
Personnellement, parfois, pour reprendre foi en l’humain, je mate 15 épisodes de Bob l’Eponge, ce qui est idiot car c’est une éponge et, du coup, je me sens bien seulement quand je fais la vaisselle, mais ce samedi allait néanmoins me prouver que de vraies valeurs humaines ne sont pas vaines.
Un meneur de jeu distribue le ballon pour faire briller ses coéquipiers. On ne se rend pas bien compte de la difficulté du rôle tant qu’on ne l’a pas exercé. Souvent, on se retrouve sous la pression de son défenseur, on subit parfois des prises à deux, voire même à trois, il faut dribbler, ne pas perdre la balle, tenter de voir le positionnement de l’équipe, n’avoir que peu d’instants pour ajuster une passe. Il faut aussi que les autres membres de votre équipe soient bien placés, viennent aider, car, souvent, ce que l’on croit, c’est que si l’on voit le ballon, c’est qu’il peut nous parvenir. Mais non, ce n’est pas toujours possible, et dans ces cas, on préfère garder la balle plutôt que la catapulter un peu au hasard au milieu d’un enchevêtrement de bras. Néanmoins, la passe, quand elle est effectuée, réussie, et transformée, est un art du don de soi, la volonté de faire briller son partenaire, et ça tranche avec les attitudes de ce basket moderne et physique que l’on voit se développer avec les nouvelles générations qui n’ont connu ni Magic Johnson, ni John Stockton.
Mais de passe décisive, il n’y en eut de plus belle que celle réalisée par Zoé ce samedi 7 décembre. En concertation avec ses dirigeants et son entraîneur, elle décidait d’offrir sa place au profit de Laura, qui évolue habituellement avec les U15 de son nouveau club, et qui brûlait d’envie d’affronter ses anciennes coéquipières au côté de ses nouvelles partenaires du MBA suite à sa mutation. Voilà le type de sacrifice qu’un meneur peut être capable de faire, une passe venant du cœur, un acte qui l’honore.
Pour débuter cette rencontre, Franklin décidait de jouer grand et plaçait dans le 5 majeur Léana, Maguette, Chiara, Janna et Tinane.
Le début de match allait être à l’avantage des asémistes, rapides et décidées, qui marquaient par Zoé Masson, Fanny et Lisa sur lancers-francs pour mener 6-0.
Une Fanny intenable qui allait marquer 9 points dans cette période, tandis que Maguette tentait de son côté de limiter la casse avec ses 8 points.
Dans le jeu, il y avait un peu de tension, de nervosité plus précisément.
Quand Janna écopait de sa 2° faute lors de la 4° minute de jeu, et que Léa marquait sur un rebond offensif pour mener 12-4, Franklin prenait un temps-mort.
Chiara rentrait et apportait son écot défensif immédiatement en plaçant un gros contre sur un tir de Fanny, un contre aussi violent que Booba quand, à Roissy, il voulait sodomiser Kaaris avec un Toblerone, ce qui est absurde car personne n’a l’anus en triangle, sauf peut-être une paire de Francs-Maçons très minutieux.
Nos cadettes se remettaient en place et retrouvaient le sens du jeu pour remonter peu à peu l’écart creusé par l’ASM. Sur une remise en jeu habile, Maylis trouvait Maguette et nous n’étions plus menés que 14 à 10. Mais Fanny redonnait 7 longueurs d’avance à ses coéquipières qui menaient alors 18-11.
A son tour Chiara subissait la loi du contre et ce fût un nouveau temps-mort.
A la reprise, Laura donnait un ballon à Maguette, puis Chiara trouvait Laura, et un double rebond offensif de Janna nous permettait de recoller à 20-17, qui fût le score de la fin de ce premier quart-temps.
Avec ce départ en fanfare, les asémistes vivaient un rêve éveillé tel Pete Doherty s’il gagnait à un jeu concours un séjour à Medellin.
La reprise allait rester compliquée. Fanny reprenait son harcèlement et elle allait marquer 4 paniers d’affilée pendant que Maguette ne marquait qu’un seul petit lancer-franc. L’Asm menait 28-18 et nos filles étaient en train de se décomposer, une façon de rendre hommage à Michel Houellebecq.
Tinane réussissait à provoquer une faute et à marquer ses 2 lancers histoire d’endiguer le momentum de nos adversaires, suivie par Léana qui marquait un double-pas après une interception, une passe de Laura vers Tinane et un panier de Janna nous permettaient de reprendre quelques couleurs au score, nous n’étions plus qu’à 2 points derrière à 28-26.
Mais Léa et Fanny redonnaient un peu d’air aux asémistes tandis que Janna commettait sa 3° faute. Nous étions menés 32-26 quand Chiara interceptait un ballon et partait en contre-attaque, rattrapée par Lisa qui commettait une énorme faute sur son double-pas, une faute aussi grossière que les lèvres de Lana del Rey.
La bonne rentrée de Chiara Ivaldi nous permettait, malgré quelques erreurs, de revenir à 33-31, avant que Léana ne commette sa 2° faute et que nos adversaires replacent quelques banderilles pour repasser à 41-34. Janna recevait sa 4° faute et allait obliger Franklin à s’adapter à cet aléa de jeu, surtout que Léana prenait quant à elle sa 3°, il fallait colmater les brèches au plus vite.
Margherita se retournait brusquement en attaque et commettait une faute offensive qui permettait à Maylis de rentrer ses 2 lancers. La période s’achevait sur un panier de Laura mais nos cadettes perdaient le gain de celle-ci sur le score de 24 à 21. A la mi-temps, nous accusions 6 points de retard à 44-38, et avec un délicat 7/36 aux shoots.
En tout état de cause, il était temps d’atteindre la pause pour remobiliser les troupes, calmer certaines ardeurs ou inquiétudes, et relancer les filles dans les meilleures conditions. Il faut relativiser, toujours, et ce match était somme toute aussi important que l’annonce d’un nouveau single de Matt Pokora.
Ce Mano à Mano était propre aux affaires monégasques, une ville qui n’est pas tout à fait synonyme de peuple, dans le sens premier du terme. En même temps, le peuple, c’est lui qui installe numéro un des ventes chaque album que sort Céline Dion. Je m’égare mais, pour ne pas subir les effets de la voix de la diva canadienne, il ne fallait pas que notre équipe suive le chemin du Titanic en 2° mi-temps.
Et cette reprise faisait du bien car si la remise en jeu était pour l’Asm, Chiara interceptait le ballon et le passait à Laura qui marquait, puis encore Chiara qui servait Tinane pour un nouveau panier et, enfin, un rebond offensif de Janna permettait à Laura de marquer. Nous étions revenus à égalité à 44 partout.
Cette bonne période allait perdurer et le Mba infligeait un 12-2 à l’Asm. Nous menions maintenant 50-46. L’Asm répliquait, pour éviter à leur tour le naufrage qui se dessinait, mais nos U18 gardaient 6 points d’avance à 54-48.
L’énergie dépensée pour renverser la situation avait des effets néfastes, et Tinane prenait alors sa 4° faute, tandis que Janna écopait malheureusement de sa 5°. Notre défense était sans dessus-dessous, on avait l’impression de voir un journaliste de BFM TV après qu’il ait croisé des Gilets Jaunes.
Chiara Ivaldi avait une nouvelle bonne période durant laquelle elle provoquait 2 fautes mais ne marquait que 2 fois 1 lancer, nous offrant néanmoins une avance confortable à 58-50.
Côté Asm, Fanny pesait moins sur le score, mais elle abattait beaucoup de boulot pour remobiliser ses troupes, même Elton John en 1976, quand il avait le tarin au fond du bol à coke, était moins survolté. Ainsi, même si elle arrivait à arracher un dernier ballon pour le passer à Léa qui marquait, c’est le MBA qui s’imposait dans ce quart-temps 23 à 10 et qui avait repris le leadership de la partie sur le score de 61 à 54.
Ce fût laborieux, certes, mais l’énergie déployée par l’équipe avait eu ses effets. Tout est une question de génération, quand vous regardez le Top Streaming de C-Star, en première place se trouve « Elle est bonne sa mère » de Vegedream, un truc qui, avant de vous pendre dans votre cuisine, vous fait hurler « Ca ne peut pas être le même pays qui nous a donné Ronsard ».
Il en est de même avec le basket, techniquement, ce n’est plus pareil, on dira que les années passent, et que les observateurs vieillissent.
Cela dit, les vieux n’ont pas toujours raison et perdent de leur superbe. C’est ce 7 décembre que Kim Basinger fête son anniversaire… 66 ans… Oui, si vous mettez Mickey Rourke à côté, pas sûr que les deux soutiennent le souvenir de ce film émoustillant que fût « 9 semaines et demi », il ne nous restera donc que la voix cassée de Joe Cocker pour fantasmer encore un peu.
Voilà donc venue la dernière ligne droite de cette partie qui semblait tourner à notre avantage.
Mais la tension, palpable, continuait de parasiter le jeu à l’image de ces 6 pertes de balles d’affilée des 2 équipes monégasques. Les échanges se concluaient enfin par quelques paniers, mais l’écart était stabilisé à 10 points quand nous en étions à 68-58.
Maylis scorait de nouveau, tandis que Léana était en mode Kalachnikov. Elle rentrait son 18° tir de la partie, elle débitait les shoots comme un enfant bangladais des t-shirts de sport, mais nous portions notre avance à 72-58.
Le duo Zoé Masson et Fanny Voulfor, 48 points de leur équipe à elles deux, se remettait en marche pour tenter un baroud d’honneur, et cela fonctionnait. Elles marquaient 12 points pendant que Tinane en inscrivait 4, elles étaient revenues à 76-70, moment venu pour Franklin de prendre un nouveau temps-mort.
Les coups de boutoir asémistes reprenaient et cette fin de match devenait aussi douloureuse que ce supplice japonais qui consiste à enduire le sexe de Wasabi.
Sur un rebond offensif, Islame marquait, nos adversaires étaient revenues à 2 petits points, à 78-76, et il restait 3 secondes à jouer. Franklin utilisait son dernier temps-mort.
A cet instant, quand on n’est pas sûr, il faut faire confiance, croire. Moi par exemple, je n’ai jamais lu la Bible, pour autant, je sais que Dieu existe parce que le Nutella et le clip de la chanson « Beautiful », dans lequel Mariah Carey fait de la moto en mini-short, procèdent forcément d’une intention divine.
Tout pouvait arriver durant les 3 prochaines secondes, comme tout change en un instant dans la société, ce qui fait que ce match ressemblait à notre époque, sans doute la plus vaine depuis le début de l’humanité. Si le Seigneur avait vu ce qu’on deviendrait, en matière de création, il se serait limité au tapir. Mais retour au jeu, d’un côté comme de l’autre, toute la salle était en prière, et cette dernière action allait faire basculer la victoire dans un camp ou dans l’autre.
C’est Léana qui se retrouvait balle en main, et qui provoquait une faute de nos adversaires. Elle rentrait son premier lancer, pour avoir maintenant 3 points d’avance à 79-76. Elle loupait sciemment son 2° lancer pour faire courir le chronomètre mais comme elle ne touchait pas l’anneau, le temps restait figé et la balle était rendue aux asémistes, il restait alors 6 dixièmes de seconde à jouer.
Un laps de temps heureusement trop court pour nos adversaires qui s’inclinaient in extremis mais en remportant le dernier quart-temps 22-18. Le match était remporté par le MBA 79 à 76, nous pouvions tous souffler.
Ce sport est incroyable, et réserve tant d’émotions. Il suffit de voir comment les éléments se sont déroulés pour s’en convaincre. L’Asm a mené pendant près de 22 minutes, le Mba pendant 17 minutes. Il y eut 1 minute de temps de jeu à égalité.
Nos adversaires ont remporté 3 périodes sur 4 mais le Mba a su remporter son seul quart-temps avec une marge suffisante pour empocher le gain du match. Et, étonnamment, le leadership de ce match n’a changé qu’une seule fois durant la partie.
Les tensions des anciennes coéquipières devenues adversaires sont responsables de bien des maux, comme celui de notre maladresse puisque nous n’inscrivions que 32 paniers sur 101 tirs tentés, en plus de 57 pertes de balles.
Alors oui, nous étions crispés, mais l’honneur était sauf. Il fallait arborer un sourire aussi blanc qu’un scrotum fraîchement épilé, mais tout le monde savait que le couperet était passé près, et que l’AS Monaco reviendrait pour une nouvelle tentative de revanche, ce qui devrait se dessiner en deuxième phase de championnat dès 2020.
Nous resterons sur une note positive, car même étriquée, ce match reste une victoire pour nos joueuses, et on sait qu’elles ont une grande marge de progression, elles sont jeunes, et l’équipe se forme peu à peu.
Enfin on retiendra une fois encore la belle passe de Zoé vers Laura, qui, avec cette victoire, se révèle une fois encore décisive.
En attendant de rencontrer le Cavigal dans la salle Sainte Hélène, voici quelques souvenirs de cette partie stressante.