Il aurait suffit d’une étincelle
Quelle étrange semaine pour la société française. Mardi, Jean d’Ormesson nous quittait, sa malice disparaissait, son intelligence pétillante s’éventait… Le lendemain, c’était l’idole des jeunes, plus vraiment aujourd’hui les consommateurs de Biactol qu’ils étaient, qui le suivait dans l’au-delà. Etrange remise en question de vieux concepts ancrés dans nos mémoires, et réaliser qu’un immortel pouvait s’éteindre tandis qu’un saltimbanque pouvait devenir éternel. Bref, loin de moi l’idée de trop deviser sur ces hommes, l’actualité s’en est copieusement chargée, mais c’est une certaine idée de l’intelligence et de la liberté qui vient de s’évanouir avec leur disparition…
Ce samedi de funérailles nationales allait aussi être le théâtre d’une autre représentation, celle de notre match retour contre Saint Laurent du Var. Une partie qui allait démarrer par l’impensable oubli de Zoé qui avait laissé ses baskets à la maison, pratique pour disputer un match de basket…
Par un heureux bonheur, Emma, qui disputait son match avant le nôtre, allait pouvoir prêter ses chaussures à notre petite, et distraite, meneuse. Merci à elle.
Ce match était attendu par toutes les filles, le souvenir du match aller dans la salle Carton était encore tenace. Cet incroyable effondrement du 3° quart-temps devait les pousser ce jour à Allumer le feu et renverser le match. Je te promets un match joué Tous ensemble durant lequel les filles allaient verser Sang pour sang.
Ainsi Geoffrey avait décidé de motiver son équipe à faire d’Apollinaire un Pénitencier dans lequel enfermer les velléités Laurentines. Mais nous allions devoir compter avec nos adversaires, bien décidées à se battre pour consolider leur avantage sur nous et utiliser Marie, et Marie, entre autres, comme deux Miradors de leur raquette et empêcher nos attaques de se concrétiser.
Des deux équipes, l’une comme l’autre allait jouer avec L’envie et jouer un basket, comme La musique, que j’aime.
Pour l’Eveil, Zoé, Chiara, Maïssa, Thiziri et Camille allaient débuter. Et plutôt bien d’ailleurs. Sur un entre-deux gagné par Camille, Zoé marquait le premier panier de la partie et les choses allaient s’enchaîner de façon très fluide et efficace. Les Laurentines étaient un peu à la peine mais ne se démobilisaient pas, même quand notre presse les étouffait. Nous étions à +9 et il convenait de gérer la fin de cette première période mais… mais… nos filles sont rapides, impatientes, intenses et parfois fébriles. Alors que nous avions une balle de +11, nous perdions la balle, une des 47 de la partie, et offrions une contre-attaque conclue par un panier marqué. Puis une autre précipitation, et le score fondait. Nous terminions le quart-temps avec 5 points d’avance à 18-13. Une bonne mise à feu cependant, le début de match était prometteur.
Le deuxième quart-temps allait être de ceux que seule notre équipe sait produire. Une période dont J’oublierai volontiers le nom mais c’est ainsi…
Une panne totale d’à peu près tout nous contraignait à subir les assauts de St Laurent sans ne rien pouvoir endiguer. Les filles avaient Oublié de vivre, euh, de jouer. On a tous en nous Quelque chose qui rétrécit, et, en l’occurrence, c’était notre quota de points. Un seul panier marqué, 2 petits points en 10 minutes, que pouvions-nous espérer ? Cette espèce de déferlante sonnait nos filles qui perdaient leurs repères et leur concentration. Après un temps-mort, Geoffrey demandait la mise en place d’une presse mais Zoé se retrouvait seule en pointe, comme un Chanteur abandonné, et l’équipe se délitait. Un quart-temps de fou, pour lequel la coach Laurentine pourrait écrire un Requiem, qui se soldait sur le score de 19-2, et nous faisait pointer à 12 unités de nos adversaires.
La mi-temps allait permettre à nos minimes de reprendre leurs esprits et tenter de renverser la vapeur. Après tout, il restait 2 quart-temps pour Vivre le meilleur. Le match redevenait équilibré et le basket pratiqué plutôt agréable à regarder. Il fallait faire fi de la différence de points, mais il était évident que courir après le score allait encore une fois épuiser nos filles.
Les quart-temps impairs étaient ceux de Marie puisque sur les 14 points de la fluide 17, 7 avaient été marqués durant le premier tandis que 6 autres l’étaient dans le troisième. J’avais envie de lui dire « Retiens ton poignet », mais elle préférait nous plonger dans la Nuit. Elle jouait comme Diego, libre dans sa tête ! St Laurent remportait la période 13-10, accentuant ainsi légèrement son avance pour la porter à 15 points.
Mis à part ce trou d’air de la deuxième période, le match était très équilibré, et démontrait en creux la forte proximité de toutes les équipes de cette poule C. Mais bon, je m’égare, retour au jeu. Il fallait essayer de remonter un déficit trop important, tout le monde avait la sensation que c’était joué, Noir c’est noir, il n’y avait plus d’espoir. Les filles avaient un sursaut d’orgueil et étaient en train d’orchestrer leur remontée, jusqu’à revenir à 9 points, et presque 7 points, mais non, comme souvent dans cette configuration, la fatigue faisait son effet et St Laurent douchait nos dernières velléités. Finalement, nos adversaires arrivaient à s’évader du Pénitencier dans lequel nous espérions bien les enfermer, et, un peu à la Houdini, filaient vers la victoire en nous laissant seuls dans notre geôle.
Comme un symbole et une métaphore du weekend, Thileli commettait une faute sur Elisa, qui nous cherchait des poux, mais c’est parce que je pense au grand Serge que j’écris ça, et l’arbitre rendait hommage au rocker disparu en joignant sa main et son poignet, un peu comme on accueille Gabrielle, mais pour lui infliger une antisportive. Notre coach, étonné, désabusé, voyait bien la propre incrédulité de ses supporters et avait envie de nous dire Quoi ma gueule ?!
Mais le match était plié. Nous empochions le gain de cette dernière période sur le score de 16-15, un baroud d’honneur insuffisant, et le match se clôturait sur le score de 60 à 46 en faveur des Laurentines, qui avaient encore fait preuve d’un grand dynamisme et d’une redoutable efficacité.
Et voilà, la partie s’achevait ainsi, et il restait une sensation d’inachevé. Le Stade Laurentin prenait des allures de Kryptonite cette saison puisque nous produisions les 2 matches les moins aboutis de notre championnat contre cette belle équipe. Le travail paye toujours, la concentration et l’envie sont des moteurs essentiels. La forme de coaching de Geoffrey porte ses fruits, peu à peu, et les filles commencent à évoluer vers plus de maturité dans l’approche des matches, tout comme elles commencent à se discipliner. Autant que faire se peut quand on parle de jeunes filles en formation, et qui ne bénéficient que de 2 entraînements par semaine. C’est donc encourageant, même si la défaite laisse toujours un petit arrière-goût un peu amer. Je parlais avec un proche qui fut longtemps le médecin du centre de formation des footballeurs de l’OGC Nice. Il me répétait que la formation du joueur se continuait jusqu’à la catégorie minime, la compétition telle que l’on peut la considérer se conceptualisait à partir du niveau U17.
Ainsi je suis ravi de voir ce que les filles peuvent produire après une poignée de mois tout en tenant compte de l’irrégularité inhérente à ces catégories d’âge, tout comme on peut sentir le plaisir qu’elles prennent à jouer. Le basket est un jeu, et, en tant que tel, il doit générer des émotions, du plaisir. Je pense que nous sommes bien sur ces bases, et l’avenir s’annonce aussi enthousiasmant que captivant.
Nous rencontrerons encore cette équipe de St Laurent, plus tard, en d’autres places, d’autres conditions, et cette revanche, cette fois, on Laura !
Il me reste à remercier tout le monde, des joueuses aux arbitres, les parents, et cette table de marque pleine de volonté et d’altruisme.
Puisque nous rendions des hommages ce weekend, je souhaitais en adresser un personnel à Georges qui a vu la disparition d’un de ses enfants virtuels. PrenaTeam Féminin a fermé ses portes, je sais le travail et l’investissement que représente la maintenance d’une plateforme comme sa page ou ce blog. Il est parfois difficile d’encaisser certaines remarques quand on passe autant de temps à filmer, photographier, retoucher, recadrer, uploader, écrire, mettre en forme des articles, qui ont pour seul but de communiquer entre passionnés de la balle orange. Bref. Je sais ce qui l’anime, ça lui chatouillera le bout des doigts bientôt et il offrira de nouveau ses services avec la même passion qui l’a animé jusqu’alors.
En même temps que je vous laisse au visionnage des quelques photos prises durant ce match, je vais filer me replonger dans la lecture du bon vieux Jeannot et rouvrir Eloge de l’amour, tout en soulignant l’intéressant parallèle à faire avec un autre Jojo qui chantait Que je t’aime. Ces deux-là ont bien fait de partir ensemble…