Contre l’Asm, le Mba en mode Black Mamba
Ce dimanche 4 octobre était placé sous le signe de la Principauté Monégasque.
Après nos deux premiers matches, ardus, disputés, mais victorieux, la troisième journée de championnat nous envoyait chez nos meilleurs ennemis, l’AS Monaco, l’ex leader de NF3 la saison dernière au moment de l’arrêt Covid.
Pour une très longue série de raisons dont nous ignorerons la plupart, l’ASM déteste le MBA autant que Manuel Valls déteste les gens qui n’ont pas voté pour lui à la Municipale de Barcelone, gens qu’il dérouillerait bien volontiers à coups de nerf de bœuf s’ils ne représentaient pas 99,5% des barcelonnais. Ainsi recevoir le club honni dans le cadre de ce derby allait donner envie à nos adversaires d’imprimer férocement leur supériorité locale. Si leurs moyens étaient différents, malgré tout, les joueuses des deux équipes avaient l’habitude de voir à Monaco plus de blé qu’un paysan dans la Beauce, ce qui n’allait pas les empêcher d’en découdre comme des chiffonnières quand même.
On imaginait même pour commencer le match voir arriver Stéphane Bern nu en criant « Quelqu’un veut savoir où j’ai caché mon sceptre ?! ».
Enfin, les belligérantes allaient évoluer dans ce contexte particulier et se chamailler comme le firent la Princesse Stéphanie et Daniel Ducruet, ce qui les conduisirent à voir leur divorce être prononcé un 4 octobre, mais en 1996. La salle était plutôt remplie mais l’atmosphère était étrange, un peu lourde, tendue. Les filles de la NF1 étaient toutes venues supporter les joueuses de leur réserve, faisant ainsi démonstration de l’esprit de corps du club d’Eric Elena. Pour finir, les récents transferts de Léa Guillot et Jenny Croccioni du MBA vers l’ASM allaient rajouter juste ce qu’il fallait de piment.
De son côté, Didier allait devoir encore se passer des services de Nakim mais il recevait l’aide de Coralie et Julianne. Il lançait ses filles sur le terrain du Gymnase Scolaire, à savoir Cindy, Mahé, Mélissa, Sharon et Wera.
Cindy interceptait un premier ballon et filait au panier. Peut-être était-ce dû au fait qu’il s’agissait de la première action mais la faute de Léa Guillot sur notre intérieure n’était pas sifflée.
Les filles avaient du mal à se mettre en route et les deux équipes commettaient des erreurs.
Les défenses étaient agressives mais ce sont les asémistes qui prenaient l’avantage sur un panier de Léa avec un lancer-franc en bonus.
Pour la deuxième fois, Cindy volait un ballon et traversait le terrain. On la voyait s’envoler au panier, comme dans la pub de Royal Canin avec la musique d’Ennio Morricone. Si à côté d’elle on avait lâché un ballon Porcinet gonflé à l’hélium, il aurait eu l’air d’une enclume sur laquelle se serait écroulé Olivier Mine après ingestion de créatine.
Nos joueuses tenaient le rythme, et la pression, elles ne se laissaient pas distancer, et même, sur une passe de Sharon vers Julianne fraîchement rentrée, elles passaient devant à 6-5.
L’ASM se précipitait elle aussi et déclenchait des tirs un peu rapides, à l’image de leur tentative à 3 points qui se révélait aussi inutile que le jean slim au Dalaï-Lama.
Nos adversaires prenaient un temps-mort et, au retour, elles profitaient de la deuxième faute de Mélissa pour repasser devant à 8-9, puis 8-11.
Cindy inscrivait un lancer-franc mais l’ASM continuait sa marche en avant pour mener 17-9.
Les jeunes des 2 équipes rentraient sur le terrain, Zoé côté MBA et Jenny côté ASM.
Rapidement vint une contre-attaque qui nous offrait le duel entre les deux, David contre Goliath, mais c’est Zoé, aussi lourde qu’une feuille A4, qui prenait l’avantage et ramenait ses coéquipières à 17-13.
Le quart-temps s’achevait sur le score de 17 à 14 en faveur de nos hôtes.
A la reprise, avec quelques efforts, Cindy, Wera et Mélissa nous replaçaient devant à 20-19.
Malheureusement, deux pertes de balles annulaient ce bref avantage et nous étions menés 23-20, avant que Coralie n’égalise à 23 partout sur un tir longue distance converti. Puis, elle lançait Mélissa et nous reprenions la mène (25-23).
Wera était sanctionnée d’une faute anti-sportive fort discutable. Mais la contestation de notre camp se heurtait à un arbitre tellement rigide que des employés du Père Lachaise songeaient à le remettre en terre. Bref. L’ASM repassait devant à 26-25.
Le mano à mano durait un moment jusqu’à la troisième faute de Mélissa, quand l’ASM menait 31-30.
Sur la possession suivante, Coralie déboulait à bloc, tu lui léchais le front, tu avais autant d’énergie que si tu avais sifflé quatre Red-Bull. Elle provoquait la cinquième faute d’équipe des asémistes, et inscrivait ses 2 lancers pour mener 32-31. Lorsque Mahé inscrivait son lancer-franc, nous en étions à 33 partout.
Sharon plantait un tir à 3 points et, à son tour l’ASM, marquait 2 lancers.
On sait que Monaco est une terre de football et combien il est difficile de gagner des matches au Louis 2. Comme on dit de leurs attaquants, l’important, c’est qu’ils enfilent des buts, avec un « b ». Et bien pour nous, c’est pareil. Chaque panier compte et, au moment où le buzzer de la mi-temps retentissait, le tir à 3 points de Neymarette transperçait le filet et nous remportions la période 25-18 et, à la pause, nous menions de 4 points sur le score de 39 à 35.
Le sadisme et le vice de ce dernier tir étaient comparables à ceux d’un curé qui balancerait « Didi » de Khaled en pleine cérémonie funéraire de Jean-Marie Lepen quand il cassera sa pipe.
La salle avait été climatisée, mais on sait très bien que les matches sont longs en basket, et qu’ils réservent tellement de rebondissements. Le coach devait garder son équipe sur le rail, il s’y appliquait, la deuxième mi-temps pouvait démarrer.
Nous allions la commencer par une première attaque contrastée. En effet, nous étions poussés au bout des 24 secondes, et donc à rendre le ballon à nos adversaires, mais, en même temps, nous avions eu la possession dans son intégralité. Toujours dans son moment « on fire », Sharon inscrivait un troisième tir à 3 points en 3 tentatives, nous menions 42-37.
Mais ce tir allait être l’arbre qui cache la forêt car nous allions connaître quelques minutes difficiles, faits de mauvais choix, ou de maladresse, et les joueuses de l’ASM en profitaient pour grignoter leur retard, puis pour prendre l’avantage. Nous encaissions des tirs lointains, Cindy écopait d’une faute offensive et cette décision arbitrale semblait aussi dépassée que le concept de démocratie pour Kim Jong-Hun.
Dans cet instant délicat, nous avions pris un 12-0 et nous étions menés 49-47, ce qui obligeait Didier à prendre un temps-mort durant lequel il ressemblait à une estampe de la guerre de 100 ans. Il y a un canon, lui, entouré de boulets. Un coup à finir posé sur les remparts de Saint-Malo avec une vieille mouette sur l’épaule.
Bien remontées, les filles entamaient l’opération résistance. Cindy plaçait un contre féroce, elle avait une folle envie de tuer. Jason dans Vendredi 13, à côté, c’est Marlène Schiappa qui fait de la zumba sur C8. Puis Sharon montait la balle côté gauche et voyait le champ s’ouvrir à elle. A cet instant, un éclair fugace passait dans ses yeux, ça lui faisait la même tête que le Directeur du Centre des Malades du Paludisme à Cotonou quand il voit arriver Bill Gates avec un chèque de 4 millions de dollars. Elle s’infiltrait et marquait son panier. Puis Cindy offrait un panier à Julianne, et Julianne lui rendait la politesse, nous étions revenus à 51-48.
L’ASM ne s’en laissait pas compter et inscrivait un tir à 3 points, puis 2 lancers sur la deuxième faute de Sharon.
Nos adversaires remportaient le troisième quart-temps 21-9, profitant de notre maladresse, et elles menaient maintenant de 8 points sur le score de 56 à 48.
Nous démarrions la dernière période sur les chapeaux de roue et les deux équipes s’échangeaient coup pour coup, de loin comme de près, au propre comme au figuré.
Mélissa, notre métisse d’Ibiza, à qui on ne l’avait sûrement jamais faite, mais c’est juste parce que j’aimerais souligner que ce 4 octobre, Julien Clerc fête ses 73 ans, inscrivait un panier avant que l’ASM ne nous repousse à 64-59, temps-mort.
Nos joueuses, concentrées, étaient en état de grâce aux shoots. Nous en étions à 6/6 avant que monsieur l’arbitre ne cherche à faire preuve d’autorité en convoquant Wera pour une explication personnelle. Il avait en cet instant autant de charisme qu’un bout de camembert atteint de listéria, et, de plus, il venait d’énerver notre joueuse.
Mélissa écopait de sa quatrième faute, elle se sentait en cet instant aussi seule que moi dans le showroom de Franck Provost. Mais ce qui était dur à accepter, c’est que durant les 15 dernières minutes, l’ASM n’avait été sanctionnée que d’une seule et unique faute, faisant de cet arbitre un homme aussi apprécié que Patrick Dills pour les supporters du MBA.
C’est la raison pour laquelle Didier souhaitait des explications, afin de mieux comprendre cet écart de perception du corps arbitral. Si Perle restait positive et communicative, son homologue masculin était beaucoup plus fermé. Il subissait la partie, donnait des explications si ineptes qu’on avait l’impression d’entendre les paroles d’une chanson de Zaz, et parachevait son œuvre en sanctionnant notre coach d’une faute technique.
Il restait 5 minutes à jouer, l’ASM menait 69-61.
Cindy revenait sur le terrain et marquait un panier sur une passe de Coralie.
Coralie récidivait en servant Wera. Si notre ailière avait eu des difficultés pendant trois quart-temps et demi, elle trouvait la mire sur ce tir et, à 69-65, dans les tribunes, notre bon Jérémy prononça la formule magique « Voilà, ça part de là ! ». Et, de fait, Wera marquait 2 autres paniers consécutivement pour ramener le MBA à 71-69.
Cindy égalisait à 71 partout sur un énième rebond offensif, puis Wera lui servait un caviar pour repasser devant à 73-71. Effectivement, ça partait de là. L’ASM était incapable d’endiguer la fougue de nos joueuses qui déferlaient comme des vagues irrésolues sur leur zone.
La confusion s’ancrait un peu plus quand, à 52 secondes du terme, Cathy provoquait une faute sur un tir qui était annulé, et la colère grondait dans les tribunes. On pouvait entendre des cris qui fusaient comme par exemple ce « Va donc entreprendre des relations inappropriées avec ta génitrice freluquet ! », qui nous rappelait que, quand même, nous étions à Monaco.
Le chrono avait eu un problème, le MBA se voyait conséquemment privé de quelques précieuses secondes, mais les choses rentraient dans l’ordre grâce à une décision arbitrale qui se révélait aussi populaire que la Biafine au Cap d’Agde. Au passage, après ce long moment de déconcentration, Cathy ne perdait pas la sienne et inscrivait ses deux lancers pour mener 75-71.
Sur l’action suivante, Coralie remontait la balle à 2.000 à l’heure et recevait une grosse faute de Léa, sa cinquième, qui n’était donc pas, selon les arbitres, une anti-sportive… Voilà… Voilà…
Cindy inscrivait son premier lancer, puis loupait le second, mais pour mieux prendre son dernier rebond offensif et inscrire son dernier panier pour mener 78-71.
L’ASM avait beau prendre un dernier temps-mort, rien ne changerait. Nous remportions ce dernier acte 30-15 (à 13/17 aux tirs) et le gain du derby sur le score de 78 à 71.
Cette fin de match, c’était du grand art. On avait l’impression de voir Van Gogh avec un pinceau en 1888 qui tenterait de conclure si la dame du coin était attirée par les mecs qui n’ont qu’une oreille.
Le contexte particulier du match, notre lourde défaite ici-même l’année dernière, les enjeux sportifs et tout un tas d’autres facteurs avaient fait de cette partie un évènement difficile à appréhender.
Mais, appliquées et concentrées, nos joueuses avaient su réagir avec les tripes, avec courage, elles n’eurent de cesse de s’encourager, de se soutenir, les écarts étaient serrés, difficiles parfois à remonter. Mais le money-time fut très bien négocié par nos joueuses, bien dirigées par leur coach qui avait su faire abstraction de l’environnement pour conduire son équipe à la victoire.
Avec un tel leadership, si demain il met la chanson « Flashdance », les filles seront derrière en micro-shorts en train de tortiller du bassin.
Il faut vraiment souligner l’excellente mentalité de toutes les joueuses.
Les grandes ont encouragé les plus jeunes, et au passage merci à Julianne et Coralie pour leur coup de main. Zoé, après avoir été la veille donné un coup de main aux U18 pour s’imposer dans la salle de Saint-Laurent du Var, a eu une courte mais positive entrée et n’a eu de cesse d’hurler pour soutenir ses coéquipières et enfin, je souhaitais porter une mention spéciale à Alexia qui, si elle ne fut pas en mesure de rentrer sur le terrain, par son attitude, elle a tout autant contribué à cette belle victoire.
En tout cas, 3 matches, 3 victoires, et la première place du classement, je pense que tout le monde est heureux, et ce bonheur est vraiment communicatif.
Voilà les souvenirs de ce dimanche monégasque.