Cauchemar à St Laurent du Var
Si la colère circonstancielle est bien retombée, une forme d’incrédulité demeure… En effet, qui aurait parié un kopek sur l’issue de cette rencontre ? Parié sur ce début de match ? Tout autant que sur sa fin qui nous a laissés sur la nôtre ? Qui pouvait interpréter les signes prémonitoires que nous aurions pu et dû lire dans les entrailles d’une souris sacrifiée pour l’occasion ? Franchement ? On reste autant subjugué qu’atterré par ce que nous avons vu ce samedi 14 Octobre, un samedi qui, sans nul doute, fera date dans la petite histoire de ce sympathique groupe de filles…
Pour rapidement planter le décor, nous allions à Saint Laurent du Var affronter nos sympathiques concurrentes pour la 3° place de la première phase du championnat U15F PACA. Le parcours des Laurentines était jusque là fort honorable, j’en veux pour preuve qu’elles s’étaient inclinées de 4 petits points seulement contre le Cavigal, dans ce qui leur servait de référence à ce moment du championnat. L’effectif de nos adversaires n’était pas extensible, le 5 majeur allait d’ailleurs jouer plus de 35mn, avec ce que ça implique physiquement. Mais il sera temps de leur rendre grâce un peu plus tard.
De notre côté, les choses n’allaient pas s’arranger… Toujours handicapée par la cuisse de Thiziri, il fallait ajouter aux maux de l’équipe l’entorse à la cheville gauche de Zoé. Avec l’accord du médecin, et un très gros strap inspiré des méthodes antiques de momification, elle allait pouvoir disputer la rencontre. A l’instant où la dernière bande de strap collait à sa jambe, il était difficile d’imaginer que quand elle allait rentrer au milieu du 1° quart-temps, elle allait passer le reste des 34mn sur le parquet… Oui mais voilà… Une fois encore, nous allions devoir composer avec les fautes, qui pleuvent en cascade à chacune de nos sorties… 30 fautes à 15… Voilà… Et bien vous savez quoi ? Rien à dire pour le coup ! Les arbitres ont été bons et le principal portait bien son nom : Lefranc. Il en a donné, et ça a shooté. Si on ne les met pas, tant pis pour nous… 6/22, ce n’est pas acceptable. Tout comme la litanie des excuses que l’on peut se trouver à chaque défaite, qu’elle soit injuste, imméritée, volée, ou ce que l’on veut. A un moment donné, quand on a des ambitions, il faut se donner les moyens de les satisfaire, et concrétiser son engagement sur le terrain.
Il faut cesser les errements sur le parquet, les blocages psychologiques, il faut se libérer…
Les échauffements ont besoin d’être sérieux. Il faut se concentrer sur les seules vraies vertus du basket, un collectif où chaque joueuse est au service de l’autre. Oublier les velléités personnelles et ne pas croire qu’un individu sauvera les 8 autres. Le basket est un sport collectif et la solution ne se trouve qu’ensemble. Il faut harmoniser l’envie, et surtout écouter les consignes. Il faut contrôler notre jeu, réduire le nombre de fautes que l’on fait, et réaliser à quel point l’équipe est handicapée par ces faits de jeu. Il faut aussi comprendre le basket, trouver des solutions et ne pas s’entêter dans des phases improductives, limiter les pertes de balles… Parce que malgré tout, ce match, il était plus qu’à votre portée les filles, vous avez démontré lors de la première mi-temps tout le bien que l’on pense de vous.
Défense appliquée, exigeante, étouffante, les laurentines étaient asphyxiées par la qualité de notre organisation. 14/7 et 24/10 lors des 2 premiers quart-temps, score à la mi-temps 38-17. Avec 21 points d’avance, le match était plié, mort, et ce malgré l’inévitable presse mise en place à la reprise par Danièle Ménardi.
Mais non, c’était sans compter sur l’extrême générosité dont nous savons faire preuve. Remises en jeu dans les mains de l’adversaire, panique face à une presse pourtant pas très agressive, et voilà le retour de la psychose… Sérieusement… on perd 21/6 et 19/7 les 2 derniers quart-temps… Score final 57-51…
Au retour des vestiaires, dans les toutes premières minutes, nous parvenons même à mener de 23 points… 23 points bordel ! Et à la 32° minute, nous étions encore devant avant de nous faire égaliser et exploser… Il convient aussi de souligner la combativité de St Laurent, tout autant le fait que leur coach n’ait jamais paniqué. Et elle a su rassurer ses joueuses, les encourager et les mener à une victoire pourtant inespérée. Les filles ont fait preuve de solidarité, de complémentarité, d’abnégation, de calme, et d’enthousiasme. Elles ont rattrapé leur retard et gagnent un match qu’elles n’imaginaient certainement pas offert de cette façon… Leur célébration de victoire fût à l’image de leur partie, humble et respectueuse. Et au passage, elles faisaient étal de qualités dont nous devrions nous inspirer.
Ces valeurs incarnent et illustrent parfaitement la différence entre être et paraître. Entre les paroles et les actes. Au lieu de ça, on dérape, on glisse, on retrouve nos travers… On perd 56 ballons dans ce match, dont 37 rien que pour le 5 majeur… Et le rebond ? Oui, c’est vrai, nos adversaires étaient grandes. Et ? On abandonne donc le rebond ? On ne peut pas pratiquer les écrans de retard ? On ne peut pas bloquer les filles ? On ne peut pas appliquer les consignes ? 3 filles de notre 5 ont fait autant de fautes que toute l’équipe adverse. Et, comme souligné en introduction, sur le terrain, elles sont restées longtemps les laurentines. Et elles ont su gérer, pourquoi pas nous ?
Si un sentiment de colère a insidieusement envahi nos supporters, il est à espérer que c’est celui de révolte qui animera nos joueuses dès à présent. Que l’on s’entende bien, ce ne sont que des matches de basket, il est des combats plus importants à mener. Votre coach en sait quelque chose, raison de plus pour se dépouiller plus encore pour lui. La catégorie U15 est dans la continuité de votre formation. Vous apprenez, vous progressez. Mais cette progression doit se traduire de façon notable sur le terrain, pas forcément par des victoires, mais par le développement de vos qualités. Celles entraperçues au cours de cette magnifique première mi-temps durant laquelle vous avez démontré de l’application et de l’engagement.
Il faut savoir tenir ces attitudes sur un match entier et alors le plaisir sera total, celui que vous procurerez à vos supporters comme celui que vous aurez personnellement. Accessoirement, les victoires reviendront. Il est donc nécessaire de croire en votre encadrement et en vous-mêmes, tout autant d’ailleurs que votre entraîneur, votre club, vos parents et amis croient en vous.
Ce genre d’accident arrive, ce même weekend d’Octobre, à l’autre bout de la France, une équipe U15 Elite, qui menait de 15 points dans le dernier quart-temps, perdait finalement son match…
Allez les filles, on se retrousse les manches et on redouble de travail durant la pause pour préparer la réception du leader Carqueiranne. Bonnes vacances d’ici là.