Carros nous cabosse
Je vais vous raconter une histoire, mettez-vous en cercle et déshabillez-vous comme nous le disait mon chef scout lors du camp de vacances d’août 1982. « Hi, Hi, ça marche pas » lui aurait répondu Garcimore s’il n’était pas décédé un 16 novembre à 60 ans. Et une triste nouvelle n’arrivant que rarement seule, il fallait composer ce même jour avec la disparition d’Eric Morena, inoubliable interprète d’une chanson qui parle de bateaux, de galères, et de mouettes.
Parce qu’en parlant de galères, il allait falloir composer avec les aléas d’une saison, et, ce samedi 16 Novembre, Janna manquait à l’appel car elle était malade, tandis que Léana et Maylis avaient été envoyées en renfort de l’équipe U18D le matin. Nous enregistrions néanmoins les renforts de Rush et Roxane mais, physiquement, ça devait se compliquer.
Alanguies dans les tribunes, les filles se restauraient de quelques morceaux de nourriture glanés auprès de nos hôtes dont la gentillesse est à souligner.
Le reste du groupe répondait présent et, après avoir pansé leurs plaies contractées lors de la rencontre face au Cavigal, elles allaient repartir à l’assaut de Carrosiennes, solidement accrochées à la deuxième place du championnat. Au match aller, nous avions presque réussi à les renverser, c’était l’heure de la revanche.
Pour tenter ce pari, Franklin envoyait sur le terrain Léana, Maguette, Zoé, Chiara et Tinane.
Et les choses débutaient mal, des deux côtés, puisque nous laissions nos adversaires prendre 3 rebonds offensifs d’affilée, mais, heureusement, nous n’encaissions pas de panier sur l’action.
Tinane prenait rapidement sa deuxième faute et offrait à Maylis l’opportunité de s’illustrer, mais c’est Carros qui le faisait en prenant un improbable rebond offensif volleyé qui rentrait et leur permettait de mener 5-2.
Nous enchainions avec quelques bloopers comme ce dribble sur le pied de Maguette après avoir capté un autoritaire rebond défensif, puis nous devions composer avec un arbitrage quelque peu aléatoire, à l’image de cette reprise de dribble énorme du pivot adverse qui finissait en faute contre Maylis.
Malgré 3 lancers-francs rentrés, Carros ne profitait pas de toutes ses occasions, mais menait tout de même déjà la partie 11-3.
Et sur nos contre-attaques, trop souvent, nos ailières tournent le dos au jeu, ce qui est aussi inutile qu’un Bescherelles à l’Institut National du Football de Clairefontaine.
Mais Zoé parvenait à trouver Maylis par 2 fois, puis 3 lancers-francs marqués par Chiara et un panier de notre meneuse nous amenaient à la fin de cette première période, que nous perdions sur le score de 19 à 9, et avec un inquiétant 2/13 aux tirs.
A la reprise, Maylis se faisait contrer, mais la faute évidente était oubliée, tandis que sur l’action suivante, Ella commettait sa deuxième reprise de dribble non sanctionnée. Les arbitres ne faisaient rien, ils avaient la même vie que Faudel.
Chiara allait se mettre en évidence en convertissant une passe décisive de Zoé et un rebond offensif gobé par Maguette qui lui offrait le ballon, nous étions revenus à 21-13.
Zoé commettait une faute et sortait respirer un moment mais, rapidement, un peu désorganisées et fébriles, nos cadettes se faisaient sauter à la gorge et nous pointions maintenant à 15 unités derrière nos adversaires, sur le score de 30-15 en leur faveur.
Sur la troisième faute de Tinane, Franklin optait pour un temps-mort et une tentative de relance de notre équipe à la dérive, clin d’œil à Eric Morena.
Sur la remise en jeu, Zoé envoyait une passe à travers tout le terrain pour trouver les mains de Chiara, qui marquait, obtenait la faute de son adversaire, et inscrivait son lancer-franc.
Puis, après un drive, Zoé obtenait 2 lancers qu’elle convertissait, et nous étions revenus à 30-20.
Les filles jouaient avec leur tête, ce qui définit bien l’homo-sapiens sédentaire dont le corps devient moins musclé et la tête plus grosse, soit tout le contraire des téléspectateurs de NRJ12.
Carros parvenait à placer quelques banderilles auxquelles nous tentions de répondre, comme cette action made in Chiaras au pluriel, quand Vallicioni délivrait une passe décisive à Ivaldi qui marquait sur une remise en jeu.
A deux secondes du terme de ce quart-temps, Zoé trouvait 2 lancers à tirer, qu’elle convertissait, mais nous perdions encore cette période sur le score de 17 à 15 et, à la mi-temps, nous étions menés de 12 points à 36-24.
On ne va pas se mentir, jusque-là, ce match avait été aussi ennuyeux qu’une vie de travail dans une mine moldave. Mais il n’y avait que 6 ballons d’écart entre les 2 formations, donc rien de rédhibitoire quand il reste une mi-temps pour travailler et remonter ce déficit.
Il fallait défendre un peu plus haut, et convertir les occasions offertes par l’adversaire.
Mais, à la reprise, Carros marquait 2 fois pendant que Chiara rentrait un lancer à 40-25.
Sur la phase suivante, les filles allaient réussir à contenir les Carrosiennes pendant 24 secondes. Ça parait court dit comme ça, mais croyez-moi, il peut s’en passer des choses en 24 secondes. Par exemple, c’est le temps nécessaire à Lorent Deutsch pour dire 12 phrases.
Comme souvent en basket, le troisième quart-temps est une délicate et difficile remise en route.
Zoé parvenait à marquer un panier à gauche puis elle donnait 1 passe décisive à Chiara, puis 1 autre à Maguette, mais Carros maintenait la cadence et la distance en menant 42-31.
Coup sur coup, nos joueuses allaient prendre des coups, à l’image de celui reçu par Maylis, qui devait sortir pour récupérer, suivie de près par Zoé qui en prenait un sur la hanche. Roxane faisait alors son entrée. C’était au tour de Maguette de subir la foudre locale sous le panier, elle chutait lourdement, elle n’était pas à la fête, comme quand France 2 a donné à Patrick Sébastien un rond de serviette pour ne plus la faire tourner.
Nous ne marquions plus rien et, pire, sur le buzz, le pivot adverse inscrivait un tir à 3 points qui faisait gagner le quart-temps à son équipe 17-7 et, à cet instant, nous étions à 22 points de notre adversaire, qui menait 53-31.
Avec un 3/14 aux tirs, ça donnait un peu l’envie de pleurer, comme quand on écoute la chanson « Avoir un seul enfant de toi » de Phil Barney parce qu’on sait qu’elle dure 3mn30.
Nos cadettes avaient l’air un peu abattues, fatiguées, ce qui était le cas pour certaines qui avaient enchaîné leur deuxième match de la journée, ou pour d’autres moins rompues à l’exercice physique qu’est un match de Paca. Elles avaient les yeux hagards, un peu comme les poissons dans Thalassa quand ils imitent le regard d’Eve Angeli quand, par erreur, elle tombe sur les émissions de la chaîne Arte.
Sur le premier rebond défensif de la quatrième période, Zoé parvenait à lancer une très longue passe en direction de Roxane qui inscrivait son premier panier du match et en Paca.
Puis ce fut Roxane qui trouvait Chiara Ivaldi pour un nouveau panier, avant que Zoé n’en ajoute un autre. Mais l’écart restait plus ou moins le même puisque le score était alors de 58-37 pour nos hôtes. Il faut dire que nous n’étions pas vraiment aidés dans notre entreprise par le corps arbitral, à l’image de ce double-pas de Zoé arrêté illégalement par Carros, et pour lequel, enfin, elle obtenait la faute. Mais avec annulation du panier, et remise en jeu sur le côté, pas de lancers… Etonnant…
Le match touchait à sa fin, après une passe de Zoé vers Chiara qui provoquait une faute et marquait ses 2 lancers, avant que notre meneuse ne termine par un dernier double-pas pour perdre ce dernier quart-temps 13-11 et le match sur le score de 66 à 42.
Voilà, ce match, que l’on pouvait raisonnablement qualifier de purge, prenait terme et les supporters, déçus de cette pauvre prestation, s’éloignaient de la salle comme ils le firent avant avec les chansons de Karen Cheryl ou les pin’s parlants d’Alexandre Debanne.
Une fois encore, nous avions rencontré des difficultés aux rebonds, Carros en captant 58 pour seulement 36 pour nos U18. Et les rebonds offensifs, ceux qui offrent de nouvelles possibilités aux adversaires, ils étaient en véritable berne. Nous en prenions 9 quand nos adversaires en dévoraient 27. Evidemment, difficile de ne pas s’exposer avec de telles largesses.
Quant aux tirs, 14/65, ça faisait 21,5% de réussite, donc, a contrario, 78,5% de déchets, exactement le même pourcentage de décès si, dans un Ephad, on faisait jouer le groupe Sepultura.
Nous savions que l’alchimie collective et la progression individuelle prendraient du temps avec cette nouvelle équipe, ainsi seul compte le retour à la salle d’entraînement pour travailler et progresser, pour affiner les relais, réflexes, schémas, tactiques et techniques. Bref, rien de nouveau sous le soleil de la formation en fait ! Donc bon travail au coach et aux filles, et, en attendant le match à domicile contre Saint-Laurent, voilà quelques souvenirs du jour.