Carqueiranne nous a mis un bonnet d’âne
Et bien me voilà à écrire une bafouille, que vous lirez sûrement si vous avez du temps plein les fouilles, sur notre match du 2 février dernier… Plus d’un mois que cette partie a eu lieu, que le temps passe vite… Il faut bien avouer que ce dernier déplacement dans le Var avait laissé l’encadrement plutôt hagard…et pas plus de sourire, de regard, ce n’était pas le cadeau dont le coach rêvait, juste de quoi célébrer au passage le 62ème anniversaire de Phil Barney, qui, dans un genre différent, aura vécu 3 fois plus que Sid Vicious, décédé un 2 février.
Bon, ces considérations musicales achevées, revenons à notre visite du Gymnase du Grand-Chêne, endroit duquel, personnellement, je suis souvent sorti atterré et battu, comme un gland.
Carqueiranne présentait un bilan de 3 défaites en 3 matches, une statistique qui se voulait rassurante mais les joueuses étaient prévenues, il ne fallait pas mésestimer un adversaire, jamais.
Elles allaient devoir se préparer correctement, sérieusement, mais, pourtant, l’échauffement laissait déjà exhaler un petit parfum de démobilisation… Pas très sérieuses ni très engagées, un peu engoncées dans une molle routine, certaines d’entre-elles se demandaient même s’il était nécessaire de continuer de monter en régime pendant les 10 minutes qui les séparaient du coup d’envoi…
On joue comme on s’échauffe, vu le rythme apathique entr’aperçu, l’inquiétude était légitime…
Alors que le coup de sifflet retentissait, Geoffrey envoyait en piste Zoé, Thilelli, Thiziri, Hayam et Amélie pour tenter de décoder l’énigme carqueirannaise.
En début de match, il faut savoir se concentrer. On peut centrer toute son énergie sur une partie de son corps, comme l’a longtemps fait Dominique Strauss-Khan, mais en prenant une autre partie de son corps que lui, ou ne penser à rien. Ainsi Nabilla fait de la méditation malgré elle. Mais bon, quoi qu’il en soit, il faut trouver un rythme et une zone de confort.
Thiziri éprouvait des difficultés en ce début de partie durant lequel elle allait enchaîner pas loin de 5 erreurs, tout comme le reste de l’équipe qui loupait 6 autres occasions jusqu’à une faute de Thilelli, grippée et vraiment pas dans son assiette, la faute à une fièvre tenace. Malgré cela, nos adversaires n’étaient pas tranchantes et ne profitaient pas tellement de ces déchets puisqu’elles ne menaient que 4 à 0, et ce malgré une défense à l’image de notre échauffement.
En remettant un peu les gaz en défense, nos filles récupéraient des ballons plus hauts et parvenaient à se remettre en ordre de marche pour repasser devant à 7-6.
Mais que tout ça était fébrile ! Seules, tour à tour, Chiara puis Maïssa manquaient l’immanquable, et ce sont ces paniers qui manquent en fin de match, car louper quand la fatigue n’est pas encore présente, ce n’est pas possible. Les fins de matchs sont toujours plus compliquées et il faut engranger tout ce qu’on peut quand on le peut.
Mais une fois encore, les varoises ne profitaient pas vraiment de nos hésitations et, sur un panier d’Hana, nous menions 11-6. Carqueiranne allait encore marquer dans cette période, dont 2 paniers irréels, un de côté, le corps tourné aux trois-quarts en arrière, un autre sur une chute au sol avec envoi de la balle dans les airs, de quoi marquer 4 points, ce genre de fameux paniers de début de match qu’il faut savoir convertir.
Pas de péril en la demeure, nous remportions la première période 14-11 en ayant fait jeu égal au rebond malgré une défense très lente et molle, et des varoises encore un peu endormies.
Même si cette équipe aux multiples défaites semblait mieux connaître les échecs que Gary Kasparov, il fallait se méfier et rester concentrés.
Nos cadettes revenaient sur le parquet et déjà leur posture inquiétait. Les épaules basses, la tête rentrée, on sentait les prémices d’une indigestion.
Une succession de mauvaises passes, de fautes inutiles et de mauvais placements permettaient aux carqueirannaises de revenir mettre leur main sur un match qui devait pourtant leur échapper.
Nous encaissions panier sur panier, lancer-franc sur lancer-franc, sans mouvement, au point de nous retrouver menés au score et de voir passer les varoises à 24-14. Déjà 10 points de retard à combler.
Bon, c’était sûrement un mauvais moment à passer, comme quand en voiture votre conjoint met un CD de Christophe Maé, et, sous l’impulsion de Zoé et Thiziri, l’Eveil refaisait son retard jusqu’à revenir à 25-21, ça se passait mieux.
Sur une zone pas très intéressante et nuisant au jeu, nos U18 devaient trouver des solutions. Impossible sinon de revenir au score, c’est pourquoi nous passions en mode Dalton et, à ce petit jeu, Amélie endossait le rôle hargneux de Joe. Elle provoquait 3 fautes d’affilée et marquait ses 6 lancers d’affilée pour remettre enfin notre équipe devant à 29-27. Elle ajoutait un 8ème point pour nous en donner 4 d’avance à 31-27.
Zoé et Chiara se chargeaient d’accentuer l’avance et l’écart avec nos hôtes se creusait plus rapidement qu’une partie de Trivial Pursuit avec Karine Ferri.
Nous empochions le gain de cette deuxième période sur le score de 25-18 et nous comptions à notre tour 10 points d’avance à la mi-temps à 39-29.
Il est évident que mettre plus d’intensité et d’application permet de meilleurs résultats, à l’image de notre 8/20 aux tirs de ce deuxième quart-temps. Dans celui-ci, le score avait plus évolué que le visage de Meg Ryan sur les 15 dernières années. Mais il fallait garder à l’esprit que revenir de -10 pour finir à +10 était le signe d’une immense fragilité défensive des 2 équipes. C’est d’ailleurs le discours tenu à la mi-temps par Geoffrey qui alertait nos jeunes pousses sur les risques de voir Carqueiranne revenir encore une fois dans ce match.
Le tout était de garder à l’esprit le but commun, à l’image de Mike Brant et Eddy De Pretto. L’un a sauté du balcon, l’autre donne envie de le faire. Mais pour la victoire, il allait falloir garder le cap.
Une belle entame de troisième quart-temps allait donner de l’air à nos joueuses.
Hana, Thiziri, Zoé et Amélie se chargeaient d’aggraver la note en inscrivant de nombreux paniers qui nous permettaient de mener 48-29 avec pourtant plusieurs possibilités de mener de 25 points si certaines shooteuses prenaient plus le temps de la réflexion avant de lâcher la balle.
Jusqu’ici tout allait bien et nos cadettes étaient aussi à l’aise que des poissons rouges dans un bocal, ces petits animaux qui passent leur journée dans l’eau et qu’on ne nourrit qu’une fois par jour, soit l’exacte occupation qu’avait Philippe Lucas quand il s’occupait de Laure Manaudou.
Donc tout semblait bien fonctionner quand le pivot adverse arrachait un rebond et tombait seul sur le sol en se cognant le coude, lâchant un cri de douleur qui rappelle les refrains de Bilal Hassani.
Si dans la première moitié de cette période les filles avaient été attentives aux consignes, à l’image d’une Hana très bien placée en deuxième rideau de presse, et qu’elles avaient été plus intenses, ces bonnes résolutions allaient fondre comme neige au soleil. Ainsi nous commencions à lâcher un peu le match et l’arbitrage prenait aussi parfois quelques tournures particulièrement grotesques. Certaines décisions étaient même d’énormes blagues qui s’expliquèrent quand on découvrit à la fin, dans leurs vestiaires, une feuille des blagues de Télé Z accrochée au mur avec une annotation manuscrite qui disait « niveau à atteindre ». La frustration montait, tout autant que la déconcentration, et avec beaucoup moins d’agressivité, on se mettait en difficulté. Carqueiranne saisissait crânement sa chance pour inscrire des paniers mais nos joueuses parvenaient néanmoins à les repousser de nouveau pour l’emporter 13-8 dans ce quart-temps et, au score, nous menions toujours de 17 points à 52-35.
Une évidence à souligner, ce n’est pas parce qu’on mène largement qu’on peut tout se permettre, comme passe-partout en septembre quand France 2 l’a payé pour Fort Boyard, et notre terrible 3 sur 24 aux tirs montrait que rien n’était acquis. Nous n’avions pas su tuer le match, il ne faudrait pas le regretter.
Les données semblaient simples à l’entame de la dernière ligne droite. Nous avions 17 points d’avance, Carqueiranne se présentait sur le parquet avec 4 filles sur 5 à 4 fautes, dont 2 avec des entorses aux doigts, et une débutante. Pour revenir, elles auraient bien besoin des conseils diététiques du champion local Richard Virenque, à l’insu de leur plein gré bien entendu.
Mais la combativité varoise n’est plus une surprise depuis le temps et elles se jetaient dans cette fin de match avec la même ardeur que Gérard Larcher sur un buffet Flunch. Ainsi en 2 minutes et demi, elles revenaient à 12 points à 52-40, encouragées par de volubiles et bruyants supporters.
Sous cette pression, nous assistions à une vraie perte de moyens de nos U18 qui ne faisaient plus rien du tout. Dans le même temps, Carqueiranne scorait, encore et encore, pour revenir à 3 points de notre équipe, tétanisée. Geoffrey avait beau distiller ses consignes, ça avait l’air d’être comme une série piratée en VO non sous-titrée, les filles n’y pigeaient rien.
Si Zoé allait finir le match avec un joli 20 d’Evaluation (13 points – 6 rebonds – 14 interceptions), elle allait sombrer avec l’équipe, principalement frustrée par cette énorme faute intentionnelle dont elle avait été victime et qui n’avait pas été sanctionnée, l’effet Télé Z.
A l’image de Marc Giraud, l’ancien maire de Carqueiranne mis en examen pour des emplois fictifs en Juillet 2015, nos joueuses semblaient être sur le terrain mais elles ne jouaient clairement pas au basket…
Les varoises ne se posaient plus de questions et, en ce jour de Chandeleur, elles essayaient de nous retourner comme des crêpes.
Zoé provoquait la seule faute du quart-temps, pour mettre 1 lancer-franc, le seul point de la période durant laquelle nous shooterions à 0/20…
L’Eveil menait encore 53-51 avec un peu moins de 3 minutes à jouer et ça promettait une fin de match étouffante. Même à la fin de BodyGuard, quand Whitney Houston sort de l’avion pour explorer la glotte de son garde du corps, c’était moins chaud.
Chiara, épuisée par son temps de jeu, faisait faute et nos adversaires revenaient à 1 point sur leur lancer réussi, puis les varoises s’offraient 2 derniers ballons convertis pour gagner le match 56-53 dans la stupeur niçoise qui contrastait avec l’euphorie carqueirannaise.
Un dernier quart-temps hallucinant perdu 19-1 avec cet horrible 0/20 aux tirs et un combat au rebond qui n’en était plus un puisque nous étions aussi menés dans ce secteur 24 à 11…
C’est un vrai symbole de combat que cette statistique de rebonds, et l’exercice de tirs était quant à lui un vrai drame. Sur toute la deuxième mi-temps, nous avions fait 3 sur 44. On pouvait légitimement s’interroger sur les raisons de cette immense maladresse au point d’imaginer que nos joueuses auraient pu être la première génération de bébés sans bras de l’Ain.
Difficile de conclure sur ce match immonde qui avait été dominé par la colère des cadres, des accompagnants, et par l’incrédulité des joueuses elles-mêmes. Pourtant, ce n’était pas la première fois que ce genre d’exercice s’était produit, notamment cette saison, que ce soit en match amical contre Saint-Laurent du Var, ou contre Fréjus il y peu…
Il n’est pas vraiment nécessaire que nos adversaires travaillent à nous battre car c’est un exercice dans lequel nous excellons par nous-mêmes, il faut juste faire preuve de patience.
Ce match était à tomber en dépression, tel l’auditeur de France-Musique quand il tombe par hasard sur la maquette de l’album de zouk d’Eve Angeli, maquette qui est déjà dans les bacs à soldes avant même sa sortie physique et dont Daech s’apprête à revendiquer la genèse.
Si Shakira fêtait ce jour ses 42 ans, et Marie-Claude Pietragalla ses 56 ans, c’est bien les varoises qui nous avaient fait danser et on ne peut que les féliciter d’avoir fait preuve d’abnégation, de courage, d’envie et de n’avoir jamais baissé les bras dans un match qui devait pourtant n’être qu’une formalité pour nos cadettes… Si le bilan sportif de nos adversaires poussait les forts en maths à nous promettre une victoire, c’est bien l’Eveil qui repartait en échec… et le retour en bus, bercé par Lomepal, n’était pas des plus joyeux. Gagner au Grand-Chêne ? C’était trop beau pour être vrai.
C’est ainsi, le sport et ses incertitudes, il convient de retourner au travail pour progresser, encore et encore. Dans un mois, ce sera la réception de La Garde, ça nous laisse le temps d’ici là de regarder les photos du match.