Une finale pas Sénassionnelle

Voilà, l’heure de la finale avait sonné. Et nous étions conviés dans la salle couverte de Saint Chamas pour y affronter les jeunes filles de Sénas, que nous avions éparpillées façon puzzle le matin même.

Nous allions quitter le confort de nos petites habitudes prises durant la journée.
Changement de terrain, et d’arbitres, tous très bons depuis le premier match. Ils savaient tenir les filles et assurer que l’esprit tournoi prédominait en sanctionnant les phases flagrantes d’antijeu ou les comportements violents.
Nous perdions aussi notre OTM puisque Perrine n’était plus à la marque pour cette finale.
Mais qu’importe, nous allions faire fi et face à ce challenge.
Un vrai challenge parce que les filles étaient fatiguées, et peut-être aussi faisaient-elles preuve d’une inconsciente suffisance au vu de l’écart acquis lors du match de poule ?
De leur côté les Sénassaises étaient remontées et voulaient profiter de cette finale pour prendre leur revanche.

L’échauffement se faisait au son d’une atroce mélodie de circonstance puisque c’était le tube de Vegedream qu’on nous infligeait, l’inénarrable auteur du titre « Ramenez la Coupe à la maison » ce qui est impossible puisqu’on « ramène » quelqu’un quelque part alors qu’on « rapporte » quelque chose. Si un jour Bernard Pivot fait un putsch, le type va finir entre 4 murs avec juste un Bescherelle et Jean-René, un linguiste body-buildé qui, tous les matins, l’attendra sous la douche avec un petit alphabet en savon.

Bref, la musique s’arrêtait enfin, le coup de sifflet allait retenir au moment où Zoé, Chiara, Romane, Thiziri et Mathilda constituaient le 5 de départ. Et Mathilda ne dérogeait pas à la règle, remportant son 4ème entre-deux sur 4 matches, un perfect.
Thiziri passait à Romane qui ouvrait la marque, avant que Sénas n’égalise contre notre défense un peu molle. Zoé servait Mathilda qui scorait, puis encore le même duo mais avec un block de Romane qui permettait un shoot de Mathilda pour mener 6-2.
Chiara interceptait une balle, passait à Mathilda qui lançait Thiziri qui nous emmenait à 8-2, moment où le coach Sénassais prenait un temps-mort.
Une pause propice à la relance de nos adversaires qui marquaient d’une improbable louche artistique, mais qui valait tout de même 2 points.
Zoé corrigeait ça d’une accélération dont elle a le secret, elle marquait, provoquait la faute et inscrivait le lancer pour mener 11-4. Puis elle donnait un caviar à Thiziri qui marquait elle aussi avant d’encaisser un panier de Sénas. Puis, de nouveau, panier de nos adversaires qui en étaient à 8 points, soit 1 de plus que sur l’intégralité du match de poule du matin.
Romane provoquait une faute et, sur l’action suivante, recevait la balle de Zoé après son rebond défensif et elle marquait à gauche.
Une faute de Mathilda offrait des lancers à Sénas mais elles n’en convertissaient qu’un seul.
Mathilda était bien en jambes, les effets certains du cross-fit, et elle offrait une passe à Chiara qui marquait. Zoé passait à Mathilda qui scorait à son tour. Elle avait plus la patate que la femme de Christopher Froome si elle s’était assise sur la chaise en seringue de son mari.
Le jeu était fluide, rapide, efficace, et le score était à présent de 21-9, et pourtant, notre défense n’était pas d’une grande exemplarité.
Hana lançait une contre-attaque en passant la balle à Mathilda, qui catapultait Thilelli qui n’avait plus qu’à inscrire son double-pas, ce qu’elle ne fit pas puisque son premier appui se dérobait et elle s’étalait en grand écart sur le terrain, une action hilarante à se pisser dessus, comme les téléspectateurs de Michel Drucker. Heureusement, c’était sans douleur pour notre joueuse.
L’arbitre allait siffler la fin de la période et ce fut un moment de déconcentration au coût élevé puisque nous encaissions un tir longue distance, peu orthodoxe certes, mais bien primé.
A la mi-temps, nous menions 21 à 12, tout allait bien, mais les filles étaient tout de même très fatiguées, ça se ressentait sur le jeu.

A la reprise, nos adversaires marquaient d’entrée, avec force et hargne, déterminées à remonter leur déficit. Puis Chiara perdait la balle, Maïssa fit de même. Sénas était revenu à 21-16 et, sur leur nouvelle contre-attaque, alors qu’elles pouvaient se rapprocher encore un peu plus, la tour de contrôle prit la mesure du danger et Romane sortait un gros contre qui permettait une meilleure relance, bonifiée par la passe décisive de Chiara à Thiziri.
Mais notre défense restait tout de même trop apathique pour ne pas s’exposer.
Les Sénassaises rentraient un nouveau tir primé pour revenir à 4 points à 23-19.
Il fallait rester zen et continuer de faire confiance aux filles sur le terrain. Zoé était en repos sur le banc, histoire de ménager sa cheville dont jamais elle ne s’était plainte, et le reste du groupe devait retrouver sérénité et persuasion.
Du banc, je gardais le calme nécessaire et, autour du terrain, les plus jeunes me regardaient avec respect car ils savaient que j’avais entendu chanter Kurt Cobain de son vivant.
Maïssa offrait une passe décisive à Chiara puis Zoé défonçait la défense adversaire avant que son lay-up ne fasse 3 tours sur le cercle et ne ressorte…
Mathilda, un peu frustrée par l’agressivité de nos adversaires, admonestait fermement la meneuse adverse mais encaissait sa 3ème faute. Il convenait de lui rappeler que les règles du tournoi prévoyaient seulement 4 fautes par joueuse et qu’il fallait donc canaliser cette énergie pour ne pas se mettre en difficulté. Au moins, en hommage à ses parents, elle s’était assurée de ne pas recevoir le prix du Fair-Play !
Sur l’action suivante, elle s’offrait un coast to coast, puis Zoé lançait Chiara qui provoquait une faute et obtenait des lancers-francs, Mathilda offrait un caviar à Thiziri, puis un autre à Romane qui scorait, le score était repassé à 32-19 et le sursaut d’orgueil des Sénassaises avait été aussi éphémère que la carrière de Laurent Petitguillaume.
Nous allions terminer la partie avec quelques belles actions qui, si elles n’offraient pas de points directement car coupées par des fautes, offraient des lancers-francs tous convertis par Thiziri et Romane.
Pour fêter son retour dans l’équipe, Chiara s’offrait du temps de jeu mais elle était bien fatiguée, ce qui fait qu’elle ne pouvait pas contenir cette attaque de la meneuse adverse, passée en mode Gipsy-Basket, sorte de Bamboléo shoot qui rentrait et permettait à Sénas de revenir à 36-23, ce qui constituerait le score final de la partie, nous offrait la coupe, que nous allions « rapporter » à la maison donc, et me permettait de fêter un ratio de 100% de victoires, non sans fierté.

Alors bien sûr, tout était loin d’être parfait mais peut-on et doit-on pousser sans cesse des jeunes filles de 15 et 16 ans dans leurs derniers retranchements ? Surtout lorsqu’il s’agit de faire un tournoi pour avant tout le simple plaisir d’être ensemble ?
Je ne le pense pas… Je laisse ces considérations élitistes à ceux qui le pratique.
Alors oui, cette équipe, nous lui avions infligé une raclée en poule, et nous avions contenu nos adversaires à 7 points alors que, sur cette finale, elles en avaient rentré 23, mais une victoire, cela consiste simplement à marquer un point de plus que son adversaire, ou à en prendre un de moins, au choix. Pendant que l’optimiste contestera la version du pessimiste, l’opportuniste saisira l’instant, et pour le coup, c’était celui de la gagne.

La récompense était d’avoir pu emmener ces filles loin de leurs bases pour passer un weekend mémorable, allumer les étincelles dans les yeux des joueuses, qu’elles prennent juste le simple plaisir d’être ensemble, de partager.

Chiara, soulagée de pouvoir participer à l’évènement, et se donnant autant que son physique le lui permettait après sa grosse blessure de cet hiver, Romane, qui pouvait peser sur un match, et enchaîner les parties sur une journée après les nombreuses galères de cette année, Maïssa, qui prenait des responsabilités et n’hésitait pas à fournir des efforts malgré un dos douloureux, Thilelli, qui dynamitait les défenses avec son sourire d’ange de la mort, sa sœur Thiziri, en totale confiance et qui réussissait tout ou presque, avec le sourire et des évaluations de grande qualité, Hana, bondissante et toujours prompte à offrir des sourires, Mathilda, sans pression, et avec le seul objectif de jouer et rigoler, Zoé, docile à coacher sans jamais se plaindre de sa blessure, qui permettait de fluidifier le jeu comme à son habitude et enfin Hayam, les 2 béquilles les plus enthousiastes de toute la PACA, qui ne voulait pas voir ce weekend se terminer, et bien moi, c’est exactement pour ces comportements, ces émotions et ces partages que je m’investis dans le basket.
Chacun à son niveau, avec respect, envie, rien ne vaut le temps que l’on s’offre les uns et les autres, car c’est bien la matière la plus précieuse que nous avons.
Le temps que nous offrons aux autres ne se rattrape plus, et c’est pourquoi il est un don extrêmement précieux. Et les filles ont su faire preuve de cette grande générosité, peut-être même à leur insu, ce qui rend le tournoi plus admirable encore.

Bon, après, je ne sais pas si c’est parce que le 10 juin était l’anniversaire de Chantal Goya, mais ça me donne envie d’écrire un truc un peu simple, candide, limite niais, mais j’ai peur que Sophie Tellier m’appelle pour participer au prochain concours de Miss France. Alors je m’abstiendrais.

D’abord, nous soulevions le trophée sous les yeux de Monique, impeccable et implacable organisatrice de ce chaleureux et convivial weekend, puis nous allions fêter ça, d’abord en prenant une douche, puis en participant au buffet de clôture, le tout en musique.
Mais le DJ était catastrophique, le genre à balancer, sur une soirée croisière en paquebot Costa, la B.O. de Titanic par Céline Dion alors que vous êtes à 300 miles des côtes.

Ainsi nous options pour un repli stratégique et plus intimiste qui conduisit tout notre petit monde jusqu’au bout de la nuit, mais ça, ça ne regarde personne. Ce qui se passe à Saint-Chamas reste à Saint-Chamas, et les souvenirs resteront gravés dans les esprits de toutes et tous.

Voilà, fin du reportage, quelques photos de circonstance encore, et un voyage retour déjà plein de nostalgie… Que tout le monde savoure, puis thésaurise. Les vacances sont là, que tout le monde en profite bien, il y aura plein de surprises et de nouveautés à la rentrée, nous aurons tout loisir d’en reparler bientôt.

Un bien bel été à toutes et tous et, comme il le dit mieux que quiconque :

Sinon quelques photos souvenirs de la dernière manche et aussi un petit bonus pour lequel il faudra remercier Romane !

Laisser un commentaire