Rien à serrer contre Trevaresse
Notre dernier match de championnat avait eu lieu samedi 27 avril.
Une défaite en prolongation subie il y a déjà plus de 2 mois, une éternité, et qui laissait à l’esprit le sentiment d’une fin de saison très convaincante. La progression des filles avait été réelle et sensible.
Mais les championnats proposent finalement toujours le même genre d’adversaires, des équipes que l’on connaît par cœur et depuis longtemps. Ainsi, pour récompenser cette belle fin de saison, et se confronter à d’autres oppositions, l’idée de disputer un tournoi loin de nos terres niçoises germait peu à peu. Il convenait d’éliminer les tournois locaux habituels, et de viser avec les contraintes de fin d’année en ce qui concerne les études et/ou examens.
La seule solution, si on veut se dépayser, est de choisir une destination insolite, un lieu où personne ne va, comme par exemple le salon du coiffeur qui a fait la dernière coupe de Cyril Hanouna.
Mais à force de chercher, le temps s’écoulait rapidement et nous étions toujours dans l’incertitude.
C’est ainsi que nous portions en dernière minute notre choix sur le tournoi de Saint-Chamas, situé près de l’étang de Berre, en zone marseillaise, et qui proposait un plateau d’équipes de niveau Ligue.
Autre problématique, le coaching. Geoffrey avait annoncé à l’équipe qu’il arrêtait d’entraîner les filles et, en quittant son poste, il rejoignait la famille des grands destins brisés dont des membres éminents comme Larusso, Groquik ou Jean-Vincent Placé font partie.
La tâche de diriger ce charmant petit groupe allait revenir à votre humble serviteur et, on ne va pas se mentir, c’était avec un vrai et profond plaisir que j’allais encadrer ces joueuses au gros cœur.
Malheureusement, les adolescentes ont des réactions qui leur sont propres, et depuis l’annonce de ce tournoi, je n’avais pu compter que sur les réponses positives de Thiziri, Thilelli, Romane et Zoé.
A ces 4 joueuses s’ajoutait un renfort de poids en la personne de Mathilda, décidée à venir caracoler sur les terrains marseillais avec nos joueuses.
Je tentais de savoir qui allait pouvoir nous rejoindre, et ça se compliquait.
Amélie devait rester de garde à domicile, à la surprise de Max, et Manon était dans la même zone géographique, mais chez des amies.
Maïssa était annoncée dans le Var, les jumelles n’avaient pas leur bon de sortie quant à Chiara, revenue de sa fracture de la clavicule, elle avait des obligations familiales qui la scotchaient chez elle, et, de fait, tout cela semblait fort compromis.
Et pourtant, nombreuses étaient les volontés de nous rejoindre, mais les impératifs et les engagements semblaient jouer contre nous, comme l’explique bien ce modeste joueur ci-dessous :
Lors du dernier entraînement de mercredi, à la presque veille du début du tournoi, les horizons s’éclaircissaient quelque peu. Nous enregistrions l’apport de Maïssa qui était prise en charge par les Ts. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, c’était les Hs qui obtenaient de leur père la possibilité de nous accompagner, l’une pour jouer, l’autre pour encourager.
Suite à cette cascade de renforts, c’était au tour Chiara d’obtenir son précieux sésame, un bon de sortie obtenu de haute lutte, mais nous n’en relaterons rien ici, les initiés savent !
Forts de cette équipe, l’épopée pouvait commencer, et nous démarrions notre périple samedi après-midi, vers 15h00, afin de récupérer tout le monde, les twins, Chiara, puis Mathilda et sa mère à Fréjus, pour rejoindre Kamel et les filles. En route pour Saint-Chamas.
Notre arrivée se fit tranquillement, mais chaudement puisque le thermomètre indiquait 37° à 19h00… Evidemment, déjà projeté dans le déroulé du tournoi, je redoutais cette fournaise pour les parties en extérieur, et je décidais de suivre les conseils avisés d’Agnès Buzyn.
En effet, la Ministre de la Santé, à cause de cette canicule, nous recommandait quand même de boire de l’eau et de se mettre à l’ombre. C’est bien, parce que nous n’y aurions jamais pensé par nous-même. Moi, avant son intervention, j’étais assis en plein cagnard, je tournais à 3 litres de rosé par heure, je vomissais par le nez et, au-dessus de moi, des vautours commençaient à décrire des cercles.
Bref, reçus par l’inénarrable Monique, nous prenions possession de notre espace de repos, déballions nos affaires et, avant d’aller dîner, nous faisions un point technico-tactique d’avant tournoi, et révisions les règles utilisées lors de celui-ci.
Nous nous rendions sur la terrasse en bord d’étang d’un restaurant qui proposait en plus une ambiance musicale live dont une poignée de cougars profitait en se trémoussant la couenne.
Les filles prenaient place sur des salons d’extérieurs et profitaient de l’instant avec des yeux qui pétillaient de plaisir à tel point qu’on avait envie de leur jeter de la crème de cassis au visage pour faire des kirs en apéritif. Mais il était temps de remercier Kamel pour son invitation, et d’aller faire dormir les filles.
Le lendemain matin, le premier match était programmé à 10h30, ce qui nous laissait pleinement le temps de nous lever et de nous restaurer sur la place du village. Pour ma part, la nuit courte sur un matelas aussi dur me faisait réaliser que j’avais vieilli, je me décomposais à tel point que, le matin, en me regardant dans la glace, j’eus l’impression de découvrir un inédit de Walking Dead.
Il semble que la nuit avait attaqué le dos de Maïssa que nous allions devoir préserver en ce début de tournoi, mais ça laissait 7 filles valides pour entamer ce match en 2 fois 10 minutes contre l’équipe de Trevaresse. Allaient débuter, par ordre de numéro, Zoé, Romane, Thiziri, Hana et Mathilda.
Il est toujours un peu compliqué de se réadapter aux conditions extérieures quand on a l’habitude de jouer dans des salles, mais Mathilda remportait l’entre-deux et poussait la balle vers Zoé, qui passait à Hana qui obtenait 1 faute et 2 lancers, qu’elle transformait pour mener 2-0, nous étions lancés.
La mise en jambe était compliquée et si la domination était notre, le score de 4 partout ne plaidait pas en notre faveur.
Il convenait de procéder à quelques ajustements, corriger certaines manies et réapprendre à tout le monde à jouer ensemble, comme une vraie équipe de basket.
Rentraient alors Chiara et Thilelli. La première prenait un shoot, la deuxième récupérait le rebond, scorait, puis, l’action suivante, passait à Zoé qui marquait à 3 points, nous menions 9-4.
Les filles se trouvaient, la balle circulait mieux, ça se ressentait sur la qualité du jeu à l’image de cette contre-attaque conclue par Chiara après une belle feinte de tir.
Mais c’est la possession suivante qui fut superbe. Rebond défensif de Mathilda, passe à Chiara, qui passe à Romane, qui marque. Pas un dribble, une remontée éclair du terrain pour illustrer mon obsession sur le fait que le ballon va plus vite que la joueuse, une illustration de ce qu’elles peuvent faire quand elles se sentent bien. Si on avait été au bistrot, on aurait sûrement entendu des « Hey les filles, vous nous r’mettez la p’tite sœur ?! ».
C’est sur une dernière action féroce de Thilelli, qui jouait avec le mental de Rocky Balboa, que nous atteignions la pause sur le score de 20 à 4, en effet, nos adversaires, depuis leur égalisation, n’avaient plus touché un ballon.
Pour entamer la deuxième mi-temps, Chiara, Romane, Thilelli, Thiziri et Hana repartaient sur le terrain.
Mais il y allait avoir un peu de flottement, des loupés, des oublis défensifs, l’avance déjà prise, la maîtrise totale de la partie et la chaleur ambiante contribuaient probablement à ce redémarrage poussif de nos joueuses. Mais seule une faute de Thilelli permettait à nos adversaires de rentrer un lancer-franc, le seul point qu’elles arriveraient à mettre lors de ces 10 dernières minutes.
Le reste fût à l’image de la première mi-temps, à sens unique.
Zoé distribuait le jeu, Mathilda et Romane contrôlaient les airs et la zone sous le panneau, Hana et Thilelli provoquaient, Thiziri pesait sur son adversaire direct et Chiara asphyxiait son vis-à-vis par une défense de fer.
Résultat, nous remportions cette période sur le score de 14 à 1 et le match avec 29 points d’écart à 34-5. Les filles avaient été appliquées, sérieuses, et faisaient preuve de maturité, loin de leurs jeunes années, du temps où on leur offrait la maison de Barbie, qui était un super jouet parce qu’après, on pouvait mettre dedans la poupée Kirikou et ça faisait comme si Barbie avait accueilli chez elle un petit migrant.
Bien entendu, l’exigence peut pousser à voir certains petits travers, mais il était mieux de souligner l’abnégation de nos joueuses tout autant que leur engagement sur une surface aussi délicate que ce bitume. Maïssa avait pu reposer son dos, et Thilelli, qui pensait que s’entraîner aux lancers-francs ne serait pas utile car les arbitres ne sifflaient pas de fautes, en avait tiré à elle seule 8 sur les 17 proposés à nos joueuses. Comme quoi, ça sert un peu un coach !
Nous allions observer un repos de courte durée puisqu’environ 1 heure plus tard, nous allions devoir affronter les joueuses de Senas, plus grandes et plus physiques que celles de Trevaresse, mais chaque chose en son temps, savourons ce premier match durant lequel toutes les filles avaient scoré avec peu d’écart entre elles, le signe que le danger pouvait venir de partout.
Je vous laisse avec quelques photos que je n’ai pas prises, cette fois, occupé à d’autres choses, mais Sandra s’y est collée, avec dévouement, et avec l’aide de Kamel aux robustes épaules !