L’Eveil continue sa Quête à La Valette

C’est avec un esprit léger et à la vitesse de la lumière que la semaine s’était passée. En revanche, les entraînements ne furent pas massivement fréquentés. Il fallait panser les anciennes plaies, et gérer les nouvelles… La vie n’est pas un long fleuve tranquille et, pour préparer notre rencontre au Cosec face à La Valette, on allait devoir jongler avec les douleurs des filles. Mais après notre victoire du samedi précédent contre le leader Fréjus, Geoffrey souhaitait enchaîner. Parce qu’on vient de loin disait-il, comme le chantait Corneille qui, en ce samedi 23 mars, célébrait son 42ème anniversaire.

Ce match allait offrir à l’équipe la possibilité d’un déplacement dans le Var avec son sacro-saint arrêt à l’aire de repos de Canaver pour manger. Il s’agit pour les filles de profiter de l’instant pour se retrouver, partager, rigoler, faire un petit chemin sympa quoi. Bon, question nourriture, le McDo, c’est un peu comme se suicider, mais c’est moins cher qu’avec du cyanure.

Nos guerrières étaient coriaces et allaient survivre à cette pause qui fut telle qu’on l’imaginait, aussi chaleureuse que marrante. Il était temps de boucler les derniers kilomètres qui nous séparaient de la salle varoise, ce que nous fîmes rapidement.

Sur place, nous allions retrouver une équipe de La Valette au grand complet, ce qui n’avait pas été le cas au match aller. En effet, 3 jeunes filles n’avaient pu réaliser le déplacement à la Salle Apollinaire et elles seraient présentes ce samedi. La partie serait sans nul doute plus ardue, surtout que, de notre côté, nous devions continuer de nous passer de Chiara, mais en plus d’Hayam qui s’était donnée une entorse de la cheville contre Fréjus, ce qui faisait d’elle l’égale de Neymar, mais en moins cher. A cela s’ajoutait le genou douloureux d’Hana, la cuisse en convalescence de Thiziri, et le retour de Romane qui devait s’effectuer par petites doses. Heureusement, le reste des troupes allait bien et nous pouvions compter une fois encore sur le renfort de Manon.

La Valette présentait une équipe haute en taille, ce qui allait contraster avec notre effectif. Enfin, il y avait un Varlet de chaque côté puisque Zoé officierait du côté de L’Eveil quand Marion BonVarlet défendrait les couleurs varoises.
La salle était chaude, très chaude, et le parquet flottant était glissant. Qui allait commencer la partie dans ces conditions ? Et bien Geoffrey optait pour Zoé, Maïssa, Thilelli, Hana et Amélie. Elles étaient vêtues de blanc pour affronter cette armée noire, ça rappelait certains après-midis chez les grands-parents au moment de commencer une partie de dames.

La jeune et bondissante Marion gagnait l’entre-deux mais Thilelli lui subtilisait la balle.
Hana prenait sa première faute du match et offrait 2 points à nos adversaires.
Sur la remise en jeu, nous allions assister à du beau basket quand la balle partait des mains de Zoé, pour celles de Thilelli, puis pour celles d’Amélie et enfin celles de Maïssa qui marquait. La balle n’avait pas touché le sol, c’était magnifique.
Les varoises commençaient une presse un peu énergique au milieu de laquelle Zoé avait du mal à se débattre. Elle provoquait du coup plusieurs fautes mais La Valette profitait de ces instants pour prendre un peu d’avance à 8-2. Et elles continuaient leur travail de sape, jusqu’à bloquer notre meneuse avec 4 joueuses. Ça devenait aussi compliqué que de faire du tir à l’arc quand on n’a pas de bras, mais nos cadettes ne lâchaient pas. Ainsi elles remontaient peu à peu pour revenir à 10-9 sur un rebond offensif de Zoé qui marquait ensuite d’un flotteur.
Hana prenait déjà sa 2ème faute et offrait non seulement le panier, mais aussi le lancer-franc à nos adversaires qui reprenaient 4 points d’avance à 13-9.
Le coach commençait à effectuer quelques rotations et il lançait Manon. Notre jeune joueuse attaquait la partie avec pas mal de stress et, à sa première possession, elle marchait. Cette petite crise de confiance allait lui faire reproduire cette même faute 2 fois de plus, on sentait qu’elle n’était pas dans son assiette, tendue, stressée, se posant des questions existentielles comme « doit-on dire pain au chocolat ou chocolatine ? ».
Sur le temps-mort pris à 4 minutes de la fin de cette période, Geoffrey envoyait sur le terrain Romane. La partie reprenait et c’est Morgane Legoff qui se lançait à l’assaut de notre panier en mode tank Sherman. Elle défonçait au passage Zoé et marquait pour mener 17-9 quand nous aurions pu espérer une faute offensive que n’aurait pas renié Daech.
Les varoises remettaient en route leur presse et envoyaient Zoé au sol après un mode sandwich qui fit dire à Ben « Attention, vous allez finir par la tuer à force ! ». Pourtant, il en a vu Ben, ce n’est pas un homme candide, il sait à quel point le monde n’est que violence, haine, biftons, cynisme et albums de Zaz. Heureusement, elle retrouvait son souffle et, lancée par Thilelli, elle scorait à longue distance, suivie par Amélie qui déboulait comme une roquette pour ajouter un panier. Nous étions revenus à 17-13 avant que Thilelli ne commette sa 2ème faute et offrait 2 lancers à la 13 adverse, dont le genou saignait abondamment. Elle loupait ses 2 tirs et Maïssa s’imposait en défense pour terminer le premier quart-temps que nous perdions 17 à 13.

Si le 2ème quart-temps commençait par une passe d’Hana dans les pieds de Thiziri, nos joueuses s’accrochaient bien et évitaient de voir l’écart remonter à 8 points comme dans la période précédente. Romane lançait Thilelli qui marquait puis ce fut Thiziri qui répondait aux varoises.
Zoé dérobait un ballon et partait en attaque quand elle fut victime d’une faute intentionnelle aussi dangereuse que le retour de Susan Boyle dans la chanson. Elle transforma ses 2 lancers pour revenir à 19 partout.
Une passe perdue, puis une balle « presque pas sortie » selon l’expression consacrée par Thilelli qui marchait sur la ligne de touche avec le ballon, et un tir de Romane au bout des 24 secondes ne nous permettaient pas de scorer. Cependant, la défense tenait bon et endiguait les assauts Valettois.
Zoé provoquait une nouvelle faute qui ne donnait pas de lancers puis elle marqua enfin un panier et nous fit passer devant pour la première fois du match à 21-19.
Pendant plusieurs minutes, le score allait rester figé, il ne se passait rien au tableau d’affichage, contrairement au terrain où l’activité des 2 équipes était intense. C’est un classique paradoxe quand L’Eveil devient Sommeil. Amélie loupait ses 2 lancers et nos adversaires menaient maintenant à leur tour 23-21.
La 2ème faute d’Hana par derrière offrait un lancer aux varoises mais, sur un rebond offensif, Maïssa nous permettait de recoller au score à 24-23. Plus qu’un petit point à rattraper.
Zoé sortait un peu se reposer et Romane refaisait son entrée pour veiller dans la raquette tel le Cyclope, c’est comme un gilet jaune, mais après tir de LBD.
Il était temps que la mi-temps arrive pour faire respirer ce petit monde car la lucidité commençait à manquer. Amélie prenait une faute offensive pour un bloc en mouvement, Manon marquait un lancer, puis Thiziri et Thilelli loupèrent 2 fois le panier sur la même action, faisant une Moudouble.
Il restait 56 secondes à jouer quand Romane inscrit 1 lancer sur les 2 accordés suite à une faute provoquée, et Amélie faisait de même l’action suivante.
Tout cela permettait à nos U18 de remporter ce quart-temps 13 à 9 et de rejoindre le vestiaire avec une égalité parfaite à 26 partout.

Premier constat, le visage des filles était déjà cramoisi et aussi orange que celui de Jean-Pierre Foucault. Mais c’est parce qu’elles avaient su payer de leur personne dans cette première moitié de match pour combler leur retard de 8 points du premier quart-temps. Le match était sérieux et le basket pratiqué agréable à regarder.
Côté varois, il fallait surveiller de plus près les joueuses 10 et 13, à savoir Morgane Legoff et Marion Bonvarlet, qui avaient marqué respectivement 15 et 9 points durant cette première mi-temps, soit 24 des 26 points de leur équipe. Nos cadettes tenaient le bon rythme, il fallait continuer, c’est ce que Geoffrey leur exprimait dans les vestiaires.

Au retour sur le parquet, les varoises scoraient pour mener de nouveau et, côté niçois, c’était plus difficile de relancer la machine. Zoé perdait un ballon, puis Amélie, qui provoquait une faute, loupait encore ses lancers-francs, exercice dans lequel elle excelle habituellement. Mais là, son adresse semblait avoir disparu, comme les dinosaures ou les fans de Shym.
Romane, dévorée par l’envie de coller une tartine à son adversaire, oubliait de garder les bras bien hauts et descendait trop l’un des deux, ce qui lui valait une faute justifiée. Sans conséquence puisque La Valette ne convertissait pas ses 2 lancers. Et puis pendant près de 3 minutes, le score ne voyait aucune évolution, sorte de métaphore de la vie de Najat Vallaud Belkacem. Il fallut un très joli mouvement avec Zoé, qui passait à Thiziri, allait lui poser un écran duquel notre ailière ressortait pour aller servir Amélie qui coupait pour marquer le panier égalisateur à 28 partout.
Sur l’attaque suivante, Hana, dont le genou grinçait comme le fauteuil roulant de Christopher Reeves quand il roule sur de la kryptonite, se bloquait, hésitait, et commettait un marché. Ça déclenchait la fureur de Geoffrey qui, sur le coup, se mit à hurler, ce qui contrastait avec l’habituel personnage que l’on connaît, gentil et doux. Quand les choses s’enrayent de façon inexpliquée, il craque sa chemise, a les poils qui poussent et se met à hurler tout nu dans la lande sous la pleine lune.
Après cette péripétie, nos joueuses reprenaient la partie et c’est à 45° que Zoé trouvait la mire à 3 points. Mais cet avantage fut de courte durée puisque les varoises recollaient encore à 32 partout.
Maïssa écopait de sa 2ème faute, Zoé loupait son tir mais Romane gobait le rebond offensif pour reprendre les devants à 34-32.
Il restait 3 minutes et 40 secondes à jouer dans ce délicat 3ème quart-temps et Geoffrey prenait un temps-mort. Il allait faire à son effectif ce que Tata Ghislaine veut faire à Tonton René en mélangeant du Viagra concassé à son jus de poulet : le relancer.
Les 40 secondes qui suivirent ne furent pas du tout le reflet du schéma tactique espéré.
Romane se faisait piéger en 3 secondes dans la raquette, Hana perdait la balle seule contre 4 défenseurs, Maïssa prenait sa 3ème faute et Morgane Legoff, pourtant adroite, loupait ses 2 lancers.
Finalement, Thilelli offrait un caviar à Romane qui marquait avant de céder sa place à Manon qui rentrait pour mettre un gros coup de pression défensive. Et ça fonctionnait. Elle sortait les marrons du feu et envoyait Zoé marquer, puis Thiziri prenait un rebond offensif pour marquer encore, et, enfin, Manon interceptait un nouveau ballon.
Thilelli revenait sur le terrain et Zoé en sortait pour souffler. Hana volait une balle pour lancer Thiziri et Manon, une fois encore, interceptait la passe varoise pour contre attaquer et gérer intelligemment la dernière possession de balle en notre faveur.
Même si ce fut tardivement, le plan avait fonctionné car en quelques instants, les filles avaient réussi à mettre le feu, comme à Peshawar. Elles empochaient le gain du 3ème quart-temps 17 à 8 et comptaient maintenant 9 points d’avance au tableau d’affichage à 43-34.

Nos joueuses allaient-elles être capables de tenir encore 10 minutes et défendre leur avantage acquis de haute lutte ? Manon, Thilelli, Thiziri, Hana et Amélie repartaient en ce début de 4ème quart-temps et elles encaissaient directement un tir à 3 points.
Manon décidait de durcir le ton en défense et se battait comme une diablesse pour arracher un ballon. Ce qu’elle allait faire mais elle allait glisser en arrière jusqu’à la ligne de fond de notre camp, comme si elle avait été sur une luge. Cette action tenait moins de l’esprit sportif que de l’appétit féroce d’Hannibal Lecter. Hana encaissait sa 4ème faute, corsant la gestion de fin de match et permettant à La Valette de revenir à 43-38.
Zoé redonnait 2 points de plus à L’Eveil en effectuant un step-side délicat mais réussi.
Il restait 7 minutes et 30 secondes à jouer.
C’est à cet instant que survint un étrange phénomène incompréhensible… Thiziri, le regard noir et la colère au bord du visage, décidait de sortir du terrain sans motif et sans autorisation. Or, faire cela, c’est aussi dangereux que de s’appeler Gunther sur une plage de Normandie en 1940. Evidemment, les arbitres, excellents depuis le début de la rencontre, sanctionnaient notre joueuse d’une faute technique dont nous aurions préféré nous passer. Le lancer était marqué, et La Valette récupérait la balle pour tenter de revenir à 45-41. Opportunité qu’elles ne saisirent pas, heureusement pour nos cadettes.
Hana avait un bon passage puisqu’elle marquait 1 lancer et 1 panier pour redonner de l’air à notre équipe qui menait maintenant 48-39 avec 6 minutes à disputer.
Maïssa faisait sa 4ème faute de la hanche mais elle récupérait ensuite un beau rebond défensif en box-out pour provoquer la faute de son adversaire directe. Il restait 3 minutes à jouer et le score était de 48 à 43 en faveur de nos U18. C’est à cet instant que Geoffrey prenait un temps-mort pour rasséréner les filles dans ce moment de tension.
Il allait devoir se faire comprendre mais on sait combien les français ont de problèmes avec l’apprentissage des langues étrangères. On est nul en France. On ne parle ni anglais, ni espagnol, ni allemand, à part pendant 6 ans il y a longtemps, plein de gens s’y étaient mis avec entrain, et sur NRJ12, ils ne parlent même pas français.
Les consignes avaient-elles été captées ? Nous allions le vérifier.
Si Amélie était contrée, Romane répondait à son tour en contrant le tir varois.
Zoé partait comme une furie en contre-attaque et décidait de Vince Carteriser son adversaire direct qui prenait une faute logique. Zoé Varlet avait bondi sur Marion Bonvarlet, et en marquant ses 2 lancers, devenait en l’instant Zoé Meilleurvarlet.
Sur la défense suivante, c’était un remake des Twin Towers avant Ben Laden. Avec une grosse défense combinée de Romane et Maïssa, les varoises se heurtaient à une nouvelle forme de Muraille pas loin d’évoquer celle de Chine, façon personnelle de rendre hommage à Xi Jinping venu en visite à Nice ce weekend. Et tout comme le trafic routier, c’est l’attaque de La Valette qui était bloquée fermement.
Malgré tout, la jeune Amélia Spina trouvait la faille pour marquer un panier et revenir à 50-45, mais ce panier allait être le dernier de nos adversaires pour les 2 dernières minutes à jouer.
Romane marquait 1 lancer, une activité où nous sommes plutôt bons depuis le début de saison mais pas sur ce match (48% à 13/27).
Ensuite, Thilelli allait d’abord partir à l’abordage de la défense varoise avec la même assurance que Mickaël Vendetta pour perdre la balle. Mais, dans les dernières 25 secondes, elle y revint avec le même enthousiasme, ce qui lui permettait d’obtenir 2 lancers. Elle n’en convertissait qu’un seul et L’Eveil s’inclinait sur le dernier quart-temps 11 à 9. Mais notre équipe gagnait son troisième match d’affilée sur le score de 52-45.

Et voilà, les filles avaient encore su montrer un visage particulièrement intéressant, plaisant.
D’abord en gardant le cap du début de match quand, sous la pression de nos adversaires et dans la fournaise de la salle, elles étaient menées de 8 points. Elles avaient su patiemment répondre au défi proposé pour revenir dans la partie à la mi-temps.
Puis elles surent accélérer à la moitié du 3ème quart-temps pour prendre l’avantage et se donner une avance confortable de 9 points.
Enfin, elles gérèrent avec beaucoup de maturité la dernière période pour calmer les ardeurs varoises qui tentaient de revenir, assurer le maintien de l’écart et surtout pallier les douleurs physiques qu’elles pouvaient ressentir les unes et les autres.

Bien sûr ce n’était pas parfait, après tout, ce ne sont que des joueuses de 15 et 16 ans, c’est rassurant, mais quelque chose se passait, une espèce de mue qui passe par le mental d’abord, et elles sont à féliciter. C’était un match plaisant, engagé, avec de très belles phases de jeu et les supporters qui avaient fait le déplacement en étaient ravis.

Bien sûr, il n’y a de beau match sans bel adversaire, et il faut rendre grâce à La Valette qui a lancé toutes ses forces dans la bataille. Et le tout avec beaucoup de respect, en ces temps parfois sombres, il fait bon de trouver autant de civilité sur et en dehors du terrain.
A noter que Mesdemoiselles Legoff et Bonvarlet, avec 17 et 21 points, avaient assuré 85% du score de leur équipe, des Rouge et Noir qui m’offrent la possibilité de saluer la mémoire de Stendhal, mort à 59 ans un 23 mars de 1842.
Petit mot à l’adresse des arbitres, Messieurs Gautier et Benserradj, qui ont parfaitement maîtrisé leur partie et ont grandement contribué à la qualité de la partie.

Dehors le soleil continuait d’irradier copieusement et offrait une petite saveur d’été qui donne envie d’être déchiré au Spritz avec du sable dans la raie des fesses. Les beaux jours arrivent, mais pour notre basket niçois, ils étaient déjà là.

Il convient de préparer cette semaine la réception de Carqueiranne pour une revanche nécessaire quand on se rappelle cette terrible fin de match aller, sorte de remake peu plaisant du Titanic dont nous célébrions aujourd’hui les 11 oscars reçus le 23 mars 1998. Mais nul doute que les filles auront retenu les leçons de ce final tonitruant de nos adversaires d’alors. En attendant, pour patienter, voilà les photos de la rencontre d’aujourd’hui.

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