Le Cavigal en quête du Graal

Il était une fois, toi et moi, n’oublie jamais ça, toi et moi.
Depuis que je suis loin de toi, je suis comme loin de moi…
C’est étrange, les mots de Jean-Loup Dabadie accompagnent mes pensées depuis samedi dernier…
Pourquoi les paroles de « Lettre à France » avaient décidé d’imprégner ainsi mon esprit ? Hmmm…

Ah oui, je crois que je sais ! Ce derby niçois, et tout le prestige qu’il véhicule, représentait un enjeu de taille pour le leader, défait la semaine précédente sur son parquet par Sanary. Il fallait redresser la barre et faire plier le voisin, gigantesque quatrième du classement avant le début des play-offs !

Le match aller avait été riche d’enseignements pour l’Eveil. Nos 7 filles envoyées au front avaient relevé le défi et s’étaient inclinées de peu (5 points). Une « anomalie » que les filles du Cavigal ne voulaient pas risquer de voir se reproduire, on peut le comprendre.

Néanmoins, était-il nécessaire de composer un Cavigal si différent du match aller ?
L’absence de dernière minute d’Elsa, malheureusement malade, représentait un problème conséquent pour nos adversaires qui firent donc appel à des filles de leur équipe 3, qui devaient jouer plus tard dans l’après-midi, mais aussi à Emilie et Lisa, pensionnaires du Pôle Espoirs et actrices de l’équipe des Minimes France.

Au moins l’Eveil voyait en cette décision la marque d’un respect à la hauteur du travail fourni par Coach Michel et son indissociable acolyte Régis. Bien évidemment, la taille était présente avec notamment les 186cm de Sophie, régulièrement appelée avec les France elle aussi, et le physique allait certainement aider, normal quand on s’entraîne plus de deux fois par semaine après tout.

De notre côté, nous devions nous passer d’Aya, notre intérieure était alitée, et d’Henola, qui soigne toujours sa fracture. On leur souhaite au passage à toutes deux de prompts rétablissements.
Chiara, quant à elle, devait composer avec un douloureux genou qui ne lui permettait pas de s’exprimer à 100%. Un regret pour elle contre son ancienne équipe.

Bien, et le terrain me direz-vous ? Et bien allons-y ! Juste utile de souligner un peu sournoisement, je veux bien l’admettre, que l’arbitre principal désigné du jour n’était autre que le frère d’une joueuse adverse, de quoi faire fleurir quelques sourires un peu crispés sur les visages de nos supporters venus en nombre.
Yvonne, Maïssa, Romane, Kim et Zoé démarraient la partie, et il est utile de préciser que comme lors de la phase aller, ça partait tambour battant. Les petites pattes de nos joueuses frappaient le sol à des fréquences particulièrement élevées et les joues devinrent assez rapidement écarlates !

Cela dit, c’est tellement agréable de voir nos filles entrer avec autant de détermination, de conviction et d’esprit de conquête sur le terrain ! Elles regardaient leurs adversaires droit dans les yeux, enfin, c’est une façon de parler hein, du mal à imaginer Zoé soutenir le regard de Sophie vues les altitudes différentes auxquelles elles évoluent !

Mais une défense assez féroce et une agressivité positive posaient de réels problèmes aux cavigaliennes. Les shoots n’étaient pas très précis, mais malheureusement les nôtres ne l’étaient pas forcément non plus pour constituer un gros écart d’entrée de jeu. A la fin de la première période, nous menions 9-5 tout de même, avec un peu d’incrédulité dans le camp adverse.

La menace principale était sans nul doute l’intérieure du Cavigal, qui gobait rebond sur rebond, et provoquait les fautes de ses adversaires directes. Je souhaite néanmoins me fendre d’un commentaire particulier sur ce secteur de jeu où Romane évolue.
Si bien entendu il était compliqué pour elle d’attraper des rebonds et de marquer, et qu’elle fût vite emmenée dans un excès de fautes (2 au premier quart-temps), elle prit néanmoins peu à peu la mesure de son adversaire. Car finalement, Sophie ne mit que 5 points à 2/12 aux shoots, preuve que la défense déployée était plus que gênante et que les écrans de retard étaient efficaces. Bon, après, les rebonds, c’est autre chose puisque notre adversaire en gobait 24, dont 16 en attaque, redonnant d’évidentes deuxièmes chances à ses coéquipières. Dur !

Lors de la deuxième période, les scores s’équilibraient puisque c’est le Cavigal qui plaçait quelques banderilles, décidé à refaire son retard. Elles gagnaient le quart-temps 9-4, et le score à la mi-temps était de 14-13 en leur faveur. Rien de capital, et un score bien plus serré qu’au match aller où nous pointions 13 unités derrière au même moment.

Le retour des vestiaires allait être intéressant. Pendant près de la moitié du quart-temps, les filles se tenaient à 1 ou 2 points. Sur un panier longue distance de Zoé, l’Eveil passait même devant de 2 points. Et puis, une espèce de trou d’air fit toussoter l’ensemble. Jusque-là, Flavie, shooteuse à l’habituelle précision de sniper, était restée discrète. Ou plutôt maladroite puisque qu’elle pointait à 0/11 à 3 points. Ce qui me donne envie de rappeler d’ailleurs qu’il faut garder à l’esprit que le panier le plus important, c’est celui qui arrive, le prochain !
La petite meneuse du Cavigal, jamais déconcentrée, trouvait la mire et enfila 9 de ses 15 points dans ce quart-temps. Elle fût ensuite relayée par Lisa qui eut la main chaude et était dans tous les bons coups de cette fin de période. Elle aussi, pas très heureuse statistiquement (2/8 à 3 points), su patienter et agir au moment où ça allait nous faire le plus mal. Une leçon à méditer pour toujours garder le cap dans un match et ne jamais se décourager.

Du côté de nos filles, on voyait bien que physiquement, ça commençait à piocher, et le petit coup de bambou derrière la nuque qu’elles venaient de prendre n’était pas de nature à les rebooster.
Pourtant elles n’avaient pas à rougir de leur prestation, à l’image d’Yvonne qui restait concentrée, Maïssa qui arrachait des ballons, mais il faut reconnaître que la débauche d’énergie de la première mi-temps allait se révéler rédhibitoire. Nous perdions ce 3° quart-temps 15-9 mais au fond, l’écart n’était que de 7 points.

Mais le quatrième quart-temps allait nous faire mal. Romane passait à 4 fautes, et le secteur intérieur devenait un grand boulevard du fait qu’elle ne pouvait plus impacter la défense. Dans le même temps, alors que 3 de nos adversaires dépassaient les 36 minutes de jeu sans montrer de signes tangibles de fatigue, nos rotations s’essoufflaient fort logiquement. Le dynamisme de Camille, la tonicité de Thiz, la combativité de Thil, rien n’y faisait. Inès était en délicatesse avec sa cheville et Kim sortait suite à une chute sur le dos qui compromettait sa fin de match. Quant à Chiara, elle claudiquait tant bien que mal, assurant sa défense mais jouer avec une douleur empêche de se libérer totalement. Résultat, nous perdions ce quart-temps 22-10 et le match sur le score final de 51-32.

19 points dans la musette, en un quart-temps et demi, quelques 14 minutes en fait, c’était cher payé, très cher payé. Mais c’est ainsi. Une équipe plus physique, plus entraînée, qui a su attendre patiemment le moment de nous faire plier, et qui ne nous a pas laissé l’opportunité de nous relever sur la fin. Belle victoire des niçoises, les voisines, on sait qu’on se retrouvera en playoffs.

Quelle sera l’équipe alignée contre nous ? Revenue de blessure, Alix Duchet cherchera un peu de temps de jeu, Romy Bär aura a cœur de montrer comment fermer une raquette aux jeunes pousses, et avec un peu de chance, pour faire une rime avec France, Laëtitia Kamba se joindra à la danse ?

Ahahaha, non, je blague, je ne veux pas laisser une impression d’amertume, ce n’est que du basket, ce ne sont que des U15, ce n’est qu’un championnat parmi tant d’autres. Je suis au contraire enthousiaste au souvenir de la partie livrée par nos filles qui ont su être conquérantes et combatives, qui ont investi leurs moyens dans ce match sans s’inférioriser, et qui ont su pratiquer un jeu alléchant par moments. Donc tête haute, il faut aller maintenant en découdre à Sanary, les tombeuses de nos bourreaux du jour, et s’assurer d’un bon résultat pour finir la saison régulière sur une note positive. Ce sera délicat, on sait bien que jamais un match n’est joué d’avance.

Je vous laisse avec les images de la partie du jour et je file écouter de nouveau Polnareff…
Il était une fois, toi et moi, n’oublie jamais ça, toi et moi.

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