Il ne fallait pas se perdre en chemin à Saint Maximin

Nos amies de Saint-Maximin, défaites 68-39 lors du match aller, se préparaient à nous recevoir en ce jour de Saint-Patrick. Elles n’étaient pas de vert vêtues mais avaient passé les 4 semaines de trêve écoulées à la recherche d’un salvateur trèfle à 4 feuilles, histoire de croire en leurs chances de pouvoir inverser la tendance contre nos minimes, et tenter de nous mettre en bière.

De notre côté, nous avions dû composer avec les vacances et les retours du ski, ce lieu où il est socialement admis de se frotter l’entrejambe 20 minutes contre une perche qu’on appelle tire-fesses. Mais après les 4 victoires consécutives acquises dans notre championnat, les filles étaient bien décidées à enchaîner et s’assurer plus concrètement la première place de notre poule.
Pour ce faire, direction les plaines varoises pour d’abord une collation, puis le match.
Depuis la retraite de Godasse de plomb, le cortège de voitures laisse de la place aux étoiles montantes de la course automobile comme Benoît Magimel, Mathilde Seigner ou Kamel Moudoud.
Blague à part, c’est sur l’aire de Cambarette que nous allions nous restaurer en bonne compagnie.
Bon, on ne va pas se mentir mais… Manger des frites moins de 2 heures avant une rencontre, c’est pas le meilleur choix, et on verra l’impact sur le match de ce choix nutritionnel. Amusant de voir qu’en langage imagé, avoir la frite c’est avoir la pêche, parce qu’en l’occurrence, si le délicieux fruit d’été est plein de vitamines, la pomme de terre baignée dans l’huile est tout de même plus lourde à digérer. En tout cas merci à Kamel pour sa délicate et appréciée invitation.

Nous arrivions au Cosec Henri Matisse et nous étions rejoints par Yvonne et Camille.
Avant l’échauffement, il fallait s’occuper de la petite entorse à la cheville de Chiara en la strappant à l’aide d’une paire de sparadraps. Qu’aurait dit Neymar en de telles circonstances hein ?! Ahahah ! Mais pas de problème, blouse blanche sur les épaules, regard de Docteur Ross, je Toutankhamonisais le pied de notre numéro 7 qui partait tester tout ça et se mit à gambader telle une gazelle dans sa savane natale.
Du côté varois, le coach remontait son équipe et la préparait à Ze Revenge avec force et encouragements. Les forces en présence ne laissaient aucun doute, nous allions subir 40 minutes d’une Zone 2-1-2 regroupée avec en son centre une jeune fille d’1m82 au corps aussi fin que celui de Jean-Luc Delarue quand il prenait l’ensemble de ses repas quotidiens par le nez.

Il faut savoir trouver les clés de tout problème en basket, et c’était donc à nos U15 de se charger de cette affaire. Geoffrey envoyait sur le parquet Zoé, Chiara, Maïssa, Thiziri et Hana.

Bon, on y revient… L’huile et les patates ne faisaient pas bon ménage, heureusement que nous n’avions pas fait raclette… Un départ très poussif, emprunté, empâté, des mauvais choix, de la précipitation, la coupure avait laissé des traces…
Une faute intentionnelle d’Hana généreusement sifflée offrait à nos adversaires leurs premiers lancers de la partie, une remise en jeu dans les mains de l’adversaire leur donnait l’avantage, il n’y avait pas de repli défensif, nous étions menés 12-4 et Geoffrey prenait alors un indispensable temps-mort.
Camille rentrait mais se voyait sanctionnée de 2 fautes en 1 minute, contraignant un nouveau changement pour engager la relance. Autre folie, notre gourmandise aux shoots… Les filles enchaînaient les tirs comme Harvey Weinstein les apprenties comédiennes.
2 sur 22 aux tirs, difficile de faire plus maladroit. Malgré tout, si la casse semblait limitée, nous perdions le quart-temps 13-6.

Nous allions devoir piocher dans nos ressources pour refaire ce léger retard et organiser notre jeu autant que faire se pouvait. Chiara volait un ballon et marquait, puis un problème de chrono stoppait notre remise en route.
Il semblerait que Geoffrey se soit mué en un Gepetto exaucé. En effet, l’apathie de nos minimes en défense laissait penser que ses joueuses étaient en bois mais elles prenaient vie peu à peu, s’animaient. Ainsi le ratio de tirs rentrés montait en flèche et forçait le coach adverse à prendre à son tour un temps-mort. Mais, de retour sur le terrain, les varoises encaissaient un tir à 3pt de Zoé et une série de 6 points d’Hana. Une phase qui allait permettre de redonner vigueur et couleurs à notre équipe.
Nous remportions le quart-temps 20-10 et menions à la mi-temps 26-23.

La pause à la mi-temps permettait aux filles de se rassurer mais occasionnait aussi un passage délicat… Toujours un peu atteintes par leur difficile digestion, la sieste aux vestiaires n’était pas loin.
Il fallait pourtant retourner au charbon et se consacrer à l’augmentation de cet écart. De leur côté, nos adversaires n’abdiquaient pas, continuaient de fermer au mieux leur zone et de se projeter rapidement vers l’avant.
De nouveau quelques passages à vide en défense et des passes approximatives laissaient les varoises à portée. Mais si de nouveau nous ressentions un peu de difficulté et d’adresse aux tirs, la défense tenait bon. Par 2 fois nous poussions les joueuses de Saint-Maximin à aller au bout des 24 secondes.
Par un peu de frustration et de maladresse, la 11, Alexane, rentrait de plein fouet dans Thiziri et lui abimait le genou. On n’avait rien vu d’aussi violent sur un terrain depuis Cantona en 1995 à Crystal Palace.
Thiziri, un peu en kit, boitillait vers le banc et donnait à Geoffrey une notice en suédois pour lui permettre de la remonter dans le bon ordre…
Une belle débauche d’énergie des 2 côtés mais nous prenions encore le gain de cette période dont le score était de 9 à 8.

Avec 4 petits points d’avance, nous allions devoir nous méfier du dernier acte. Si malgré tout la physionomie du match montrait notre supériorité, et si nous gardions en tête que nos adversaires s’étaient effondrées dans cette même période au match aller, la vérité du terrain n’est jamais celle du papier. Il fallait rester vigilantes, ce que les filles allaient savoir faire.
Une succession de belles phases et de bons choix allaient sécuriser notre avance, la creuser même.
Interceptions, décalages, gestion des attaques au lieu de les griller en 5 secondes, les ingrédients de la victoire étaient réunis.
Lorsque le score atteignit 48 à 33, on pouvait clairement ressentir une gestion de fin de match, avec une certaine forme de désintérêt des filles, des coaches, du public, un sentiment étrange comme celui que pourrait ressentir un Chippendale qui a pris du bide et qui voit les MILF bourrées se détourner de lui.
Bon, ma vision est un peu exagérée, certes, je cherche le bon mot, mais c’est vrai que les 2/3 minutes qui restaient à jouer semblaient aussi figées que le visage de Donatella Versace. Maïssa prenait sa 5° faute mais la donne ne changerait pas. Nous prenions encore l’avantage au dernier quart-temps avec un score de 20 à 12 et remportions le match 55-43.

Cette 5° victoire d’affilée, et la quasi-certitude de finir premières de notre groupe, devaient être de gros motifs de satisfaction mais l’absence de joie spécifique à la fin de ce match montre à quel point les filles n’étaient pas satisfaites de leur prestation.
C’est d’ailleurs assez encourageant de savoir qu’elles ont fait un match très moyen, en partie provoqué par l’engagement des varoises, ne l’oublions pas, et qu’elles ont élevé leur niveau d’exigence envers elles-mêmes, au point de ne pas se contenter de cette simple victoire.

Une fin de match pas très ébouriffante et qui, au lieu de se terminer par une danse en l’hommage du jour anniversaire de Noureev, donnait plutôt l’impression d’une fin de concert chez les fans de Frank Mickaël. Et ça n’a en fait aucune importance. Le job a été fait, la victoire empochée, et statistiquement, pareille continuité n’avait plus été vue depuis fort longtemps. Savoir gagner les matches quand on n’est pas au mieux, c’est une force, à la fois de caractère mais aussi technique.
Chaque partie disputée a sa propre logique, son propre déroulé, son histoire.
Dans l’accumulation des matches et dans l’idée directrice, les buts fixés à atteindre, cette partie ne sera qu’une péripétie qui sera vite oubliée.
Il faut se remettre au travail et retrouver le rythme et les enchaînements, tout ira bien.
En tout cas, si on doit retenir LA leçon primordiale que nous a livré ce match, c’est que non, définitivement, avant de disputer une rencontre, on NE DOIT PAS manger de frites !

Voilà quelques photos de cette digestion !

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