C’était (encore) serré comme dans un mouchoir de Foch

Comme toujours, les déplacements à Antibes, dans sa mythique salle Foch, sont mouvementés et tendus. Ce match du samedi 25 novembre n’a pas échappé à ce tacite paradigme qui s’est imposé au fil des dernières années.
Les filles de Chrystèle Richard avaient livré une grosse bataille lors du match aller que nous avions perdu 68-67. Il y avait comme un parfum de revanche dans l’air, mais le tout nimbé de la prudence de mise avant le coup d’envoi du jour. En effet, les antiboises, travailleuses et toujours bien encadrées, pouvaient encore nous imposer leur style dans leur salle, il fallait donc s’armer de patience.

Zoé, Chiara, Maïssa, Thiziri et Camille prenaient place sur le parquet, le match pouvait commencer.
Une espèce de courte période d’observation s’installa, puis le score fut défloré. L’antiboise Ella rentrait son premier panier d’un geste improbable mais qui permettait aux locaux de mener.
En réponse aux 10 points marqués par la jeune antiboise, nos filles répondaient efficacement par la doublette Chiara-Thiziri. Un quart-temps un peu crispé sportivement parlant, mais très équilibré puisque conclu sur le score de 17-16 en faveur d’Antibes.

La deuxième période allait être assez similaire à la première. Nos hôtes profitaient de quelques largesses défensives pour scorer efficacement, par Mailice et Manon, et durant ce quart-temps, nous allions encaisser la bagatelle de 24 points. Mais c’est surtout la fin de cette période qui laisse songeur… En effet, nous étions menés de 2 points à une poignée de secondes de la fin avant que ne s’enclenche une improbable série à laisser le public médusé comme le serait un Agrégé de Lettres auquel on aurait offert la biographie de Nabilla. En effet, déjouant totalement, et ne respectant aucune consigne, comme celle qui consiste à confier la balle à la meneuse en place sur le terrain, nous allions cumuler 2 remises en jeu directement dans les mains des antiboises, ainsi qu’une perte de balle, qui allaient offrir 6 points de plus à nos adversaires qui n’en demandaient pas tant ! 6 points encaissés en 18 secondes, il était temps que le buzzer retentisse et que les filles rejoignent le vestiaire pour un recadrage inévitable. Cette période se soldait sur le score de 24-17 et à la mi-temps, nous pointions 8 points derrière Antibes, sur le score de 41-33.

Après avoir rappelé les règles d’or du basket et la nécessité de retrouver nos vertus collectives, Geoffrey renvoyait nos filles dans l’opération remontada. Opération compromise par les velléités locales puisque la jeune Amanda Fouquet marquait le premier panier du 3° quart-temps. Menées de 10 points, nous allions être en mesure d’évaluer les ressources mentales de nos minimes. Maïssa sonnait la révolte en enquillant 2 paniers importants qui nous rapprochaient d’Antibes. Mais elle commit aussi sa 5° faute et devait laisser ses coéquipières pour rejoindre définitivement le banc. Grâce à une belle série et une grosse activité, nos U15 sortaient doucement la tête de l’eau, et nos tirs à 3 points coupaient les tentatives de retour de nos adversaires. Zoé, Hayam et Thileli trouvaient la cible longue distance et Antibes était contenu, si ce n’est la capitaine Mailice qui colmatait les brèches de son équipe.
Les filles avaient réussi à renverser la vapeur avec fougue et enthousiasme, au point de finir la période sur le score de 22-13 en notre faveur, ce qui nous donnait 1 point d’avance. Courte avance, certes, mais jamais l’écart ne sera monté à plus de 5 points pour l’Eveil de toute la partie, il fallait donc apprendre à gérer calmement ce petit avantage.

Gérer calmement ce petit avantage… Hmmmm… Amusant de constater que les cordes vocales de nos supporters explosaient les unes après les autres, sur-sollicitées par les beuglements d’encouragements vociférés lors de cette dernière reprise. Trois cris sur quatre comprenaient le mot « Calme » à l’attention des filles, c’est dire si ça dribblait dans la sérénité… La partie était donc serrée, très serrée, et les spectres des rencontres précédentes refaisaient surface. Allions-nous pouvoir vaincre les mauvais signes indiens qui régnaient en maîtres salle Foch, le cimetière de nos illusions perdues ?
Vue la tension constatée sur le terrain, il était facile d’en douter, et de fait ne pas assez montrer de confiance en nos joueuses. Mais les actions solitaires répétées, et autres décisions trop rapidement prises au lieu de gérer le chrono pouvaient nous être, à chaque possession, totalement fatales.
Heureusement pour nous, l’adresse de nos adversaires était en baisse, et nous en profitions pour récolter de nombreux et précieux rebonds en cette fin de match. Parfois, certaines filles dérivaient et nous offraient un concept de basket assez similaire à celui d’ouvrir une charcuterie à Mossoul : un truc totalement improbable !
Bref, Geoffrey remettait de l’ordre dans ce chaos de fin de partie mais il était dit, une fois encore, que rien ne se jouerait avant les dernières secondes dans cette salle !
Nous avions tout juste 2 points d’avance, à 65-63, et ce quart-temps, nous le menions 10-9.
Ce score tint un long moment jusqu’aux 2 dernières phases de jeu. La première fût une faute provoquée par Chiara qui se retrouvait sur la ligne des lancers-francs pour tenter de nous donner de l’air. Son bras fût trop court, par deux fois…
Sur le rebond d’Antibes, elle glissait et touchait à peine la jeune Eva. L’arbitre, objet de quelques cristallisations de part et d’autre du public, sifflait alors une intentionnelle particulièrement généreuse. Elle offrait 2 lancers à Antibes, puis la possession de la balle, et, enfin, la sortie définitive de Chiara puisque c’était sa cinquième faute…
Eva réalisa durant le difficile exercice des lancers de fin de match que la pression est rarement une alliée… Elle loupa ses 2 tirs mais avait l’occasion de reprendre la balle en attaque.
Hayam réussit une interception et donna la balle à Zoé pour gérer les dernières secondes du match. Ce fût au tour d’Eva de provoquer une faute, intentionnelle elle aussi, mais non sanctionnée comme telle. La jeune antiboise sortait du terrain et laissait, à 3 secondes du terme, Zoé face à ses habituels démons antibois… Fin de match, brouaha, 2 lancers à tirer pour tuer le match…
Le cœur palpitait tant et plus, la fatigue des 39 minutes et 57 secondes jouées juste avant se faisait sentir, Zoé loupa ses 2 lancers elle aussi…
Les 3 dernières secondes furent pénibles, irrespirables… Si France Gall chantait en son temps qu’Ella elle l’a ce je n’sais quoi que d’autres n’ont pas, la jeune joueuse adverse  essaya d’être à la hauteur de cette ode en tentant un jet désespéré du milieu du terrain sur le buzz. Un tir avorté en toute logique, mais elle réclamait tout de même une faute de Zoé, montée pour un improbable contre sur ce tir. Au visionnage des images, je peux confirmer qu’il n’y avait pas faute, même s’il eut été préférable de laisser partir le ballon comme tel et ne semer aucun doute.

Dans l’espèce de confusion qui s’invita au coup de sifflet final, il y eut un peu tout. Les invectives parentales, l’étourdissement des officiels de la table de marque, la prise à partie des arbitres, des joueuses qui, d’une part, hurlaient de joie, tranchant forcément avec les autres, d’autre part, habitées par la colère et la frustration que nous avons si bien connues durant plusieurs matches contre cette belle équipe antiboise.
Mais voilà, le match était bouclé 65-63, nous le gagnions de 2 points, et donc profitions de l’occasion pour repasser devant cette valeureuse équipe antiboise qui n’avait pas démérité.

Du côté niçois, les filles célébraient 2 faits majeurs de cette partie : d’abord la victoire obtenue aux forceps, après un âpre combat durant lequel elles n’avaient jamais rien lâché, puis le fait d’avoir gardé Thileli sur le terrain. Elle terminait son premier match de la saison sans se faire expulser pour 5 fautes ! Belle performance de notre sacrée petite guerrière !

En tout cas, le bonheur de nos joueuses faisait plaisir à voir après les nombreuses galères, déceptions  et désillusions qui furent le lot de nos 6 premiers matches… Elles sautaient et hurlaient de joie, tout autant que moi quand je réussis à enfiler ma couette dans sa housse du premier coup, c’est dire l’intensité de ce bonheur fugace !

Bien entendu, tout ne fut pas parfait, mais ce sont de jeunes joueuses en formation, et il faut  savoir aussi savourer et souligner d’autres types d’efforts. Notamment celui de n’avoir jamais baissé les bras, même quand nous étions menés de 10 points. Et savoir que ce qui avait partiellement manqué contre le Cavigal, nous l’avions réussi ici. Nous aurions pu tuer le match avec ces 4 lancers de fin de match loupés, mais nous aurions pu aussi avoir le goût amer d’une défaite de dernière seconde dans ce temple du basket… La dimension psychologique de cette partie était importante, pour ne pas dire primordiale, et elles ont su gérer cet aspect qui fait partie intégrante de la vie du sportif.

Alors bravo les filles, savourez ces moments, je sais que le weekend aura été placé sous la chaleur réconfortante de cette victoire, mais il reste encore tellement de matches et tellement de choses à travailler, à réaliser… il faut rester concentrées, travailleuses, engagées, ce ne sont pas de vains mots, et votre sérieux nous évitera bien des maux.

Nous nous dirigeons maintenant vers Brignoles, un long trajet qui ferait saliver notre Godasse de Plomb, et que nous allons peut-être accomplir sous la neige, ça risque d’être épique !
Encore bravo à nos filles et encore merci aux antiboises pour ce beau match, encore serré, encore passionnant, et aussi pour ce délicieux gâteau au Nutella !

Je n’ai pas pris beaucoup de photos pour le coup, totalement absorbé que j’étais par le match, mais en voilà quand même quelques-unes !

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