Antibes victime du réveil de l’Eveil

Et bien nous y voilà, je vais tuer tout suspense mais, nous la tenons enfin fermement notre première victoire en play-offs !
Il fallait passer par quelques turbulences dans la semaine pour arriver enfin à jouer au niveau que cette équipe de l’Eveil est capable de produire. Les filles ont su se mobiliser comme il se devait pour ce match, et elles ont suivi attentivement les consignes de leur coach. Elles ont aussi tenu le cap dans les moments de creux, quand la tempête frappait fort le bastingage, et elles ont compris que l’éclaircie vient toujours après le mauvais temps ! Bref, la tension est aujourd’hui redescendue, et c’est avec sérénité que l’on peut reparler de ce match.

Il s’agissait du dernier match de la phase aller des play-offs. Au programme du jour, la belle équipe d’Antibes, combative comme toujours, à l’image de sa coach Chrystelle et de sa meneuse Laetitia. Lors de la première phase du championnat, Antibes avait gagné par 2 fois contre nous, à chaque fois dans des matchs très serrés. Alors que nous nous inclinions, Antibes consolidait sa place de deuxième au classement général.

Avec 2 défaites pour chaque équipe dans cette deuxième phase, le gain de ce match allait permettre à l’une ou l’autre de ces équipes de se détacher au classement. Bien malin celui qui pouvait alors prédire l’issue de cet affrontement. Mais une certitude, nous allions jouer ce match sans Thiziri, sans Kim et, on le verra, malheureusement sans Romane, toujours handicapée par son genou.

L’échauffement mis en place était parti, les filles avaient le sourire. Trop ? Peut-être… Si on veut parler de concentration. Mais en même temps, le basket n’est qu’un jeu, il faut savoir aussi garder la notion de plaisir à l’esprit ! Mais alors que les 3 coups frappaient le parquet de notre salle, le rideau s’ouvrait sur notre 5 de départ, composé de Chiara, Aya, Inès, Camille et Zoé. En face, nos roses adversaires se plaçaient et pas pour faire office de décor si cher à Roger Harth, le comparse de Donald Cardwell ! Petite référence pour les plus anciens d’entre nous.

Durant ce quart-temps, nous allions avoir du mal à nous mettre en place. J’en veux pour preuve les flottements de notre défense de zone qui encaissait 3 tirs à 3 pt de la 10 adverse. L’écart se creusait assez vite pour se stabiliser à 5/6 points malgré nos efforts pour le combler. Une autre forme de démonstration de nos difficultés en défense : les 3 fautes commises par Maïssa. Pour colmater les brèches, on s’abandonne souvent à l’erreur de rabattre les bras sur ses adversaires, c’était inquiétant, même si nous n’avions que 5 points de retard à la pause, menés 13-8.

Le 2° quart-temps  allait confirmer nos difficultés mais Michel ne démordait pas des bienfaits de son plan de jeu et de ce qu’il voulait déployer au cours de la partie. Laetitia percutait sans cesse notre panier avec sa redoutable main droite, Maïssa de son côté prenait sa 4° faute et rejoignait le banc sur lequel soufflaient un peu Chiara et Zoé. Le score évoluait peu à peu, et nous étions à 8 points de retard quand Chiara, servie par sa meneuse, partait au panier, enclenchait son double pas et… le loupait.
Moment de crispation pour la foule massée le long de la ligne de touche, mais moment de détresse aussi pour la battante jeune fille aux cheveux de feu, qui se battait au rebond comme on devait le faire au temps des âges farouches ! Sur la possession rendue aux antiboises, la meneuse rose se décalait et, à 2 secondes de la mi-temps, décochait un tir primé, le réussissait, nous mettait à 11 points de retard et accessoirement le moral dans les chaussettes. Nous perdions ce quart-temps 14-8, nous étions menés 27-16 et la meneuse adverse avaient déjà scoré 16 points. Gasp !

Cette mi-temps, les filles allaient la passer au vestiaire en compagnie de leurs cadres qui allaient remettre tout ça en place. Bizarrement, il n’y avait pas grand-chose à reprocher à nos joueuses qui se donnaient avec courage et énergie, à l’image de Camille, bondissante et provocante en attaque.
Elle savait se rendre disponible sur les contre-attaques, donnant l’option de passe à Zoé sur énormément de phases de jeu, et récoltant les fautes de nos opposantes du jour.

Vint enfin le temps de la reprise après l’entracte. On allait voir si nos filles allaient, comme on l’espérait, relever la tête. Le coach avait un plan, une stratégie, qui commençait par la solidité de sa défense. Ainsi Michel tissait sa toile mais on sait qu’il n’est pas homme à régner.
Il fit entrer Romane comme joker, mais au bout d’une poignée de minutes, il fallait se rendre à l’évidence et protéger la joueuse d’une blessure plus importante. Avant sa sortie, elle eût le temps de convertir un lancer-franc, chaque point compte dans la balance. Le dispositif en fût évidemment changé, mais le groupe allait s’adapter à la nouvelle configuration technique de l’instant. Le temps d’ajustement était long, il aurait même pu être fatal. En effet, malgré les efforts consentis par Thileli et Yvonne pour contrôler l’arrivée de la balle dans notre camp, les antiboises trouvaient les failles et la façon de faire glacer la température de la salle, pourtant surchauffée par des supporters tout acquis à la cause niçoise. Alors que nous étions en retard de 15 points après 3mn de jeu, Maïssa sortait un peu trop de sa zone et commettait sa 5° et dernière faute. Un fait de jeu supplémentaire de nature à décourager nos minimes, mais c’est en fait un vent de révolte qui allait souffler sur la steppe locale, comme Michel dans les bronches de ses joueuses.
L’ancien duo asémiste, Camille et Zoé, allait faire feu de tout bois en attaque, pendant que le collectif retrouvait de la fluidité et une grosse débauche d’énergie en défense. Coup après coup, pas après pas, passe après passe, nos filles revenaient dans ce match mal embarqué, à la stupeur des supporters adverses, mais sous la clameur d’un public sous le charme. A 1mn du terme, nous encaissions un tir à 3pt auquel Zoé répondait de la même distance sur la possession suivante. Le quart-temps s’achevait sur 1 lancer transformé de Camille, la période était remportée 15-8, et nous n’étions plus qu’à 4 points de retard devant ce score de 35-31 en faveur d’Antibes.

Ce retard partiellement gommé avait définitivement regonflé nos filles dont la jauge de combativité indiquait le niveau maximum. Le dernier acte de la tragédie de ce jour allait sonner, et nous allions connaître le vainqueur puisque  comme il en était la règle chez les Highlanders, il ne pouvait en rester qu’un…

Le sprint final s’enclenchait dans un fragile équilibre, et quelques cafouillages. Mais à ce petit jeu de la guerre des nerfs, l’Eveil semblait mieux contrôler les siens en ce début de quart-temps. Pour vous rendre un peu mieux la situation, Yvonne s’était transformée en chienne de garde, pas ce mouvement féministe dirigée par Isabelle Alonso, et avait mordu les mollets de son adversaire avec puissance. Laetitia essayait de mener le jeu de son équipe comme elle le pouvait mais Yvonne l’étouffait peu à peu, avec beaucoup d’abnégation. Mais elle n’en oubliait pas  moins d’attaquer et sur une passe de Zoé, elle marquait un panier significatif puisqu’il nous ramenait à une égalité parfaite. La tension s’était tout de même faite un peu plus intense et c’est bien naturel de voir les fautes pleuvoir à cet instant. Dans cette période, Zoé et Thileli allaient verrouiller les choses, mais allaient se retrouver conséquemment avec 4 fautes chacune, rendant encore plus irrespirable, si c’en était possible, cette lutte acharnée.
Camille continuait de s’offrir généreusement à la partie, déboulant sur les côtés comme si elle était équipée de patins à roulettes et martyrisant la raquette adverse avec la grâce et la légèreté d’un tank Sherman. Mais notre benjamine commençait à payer la somme de ses efforts précédents. Les qualités de sa fougue et de sa générosité commencèrent à laisser place à quelques erreurs d’appréciation, bien naturelles cela dit. A quelques minutes de la fin du match, Michel préférait rappeler le matou pour qu’elle reprenne ses esprits. Mais avant cela, avec Aya, l’opération braconnage avait pris place. Aya, voilà une énigme intéressante… Calme, taciturne, un potentiel sans discussion possible au gabarit impressionnant, mais qui doute parfois. A tort d’ailleurs, encouragée qu’elle est par toutes ses coéquipières et supporters. Voilà qu’elle allait mettre le feu sur ces dernières minutes de jeu. En effet, elle allait enchaîner une prestation remarquable qui allait décanter la situation. 2 paniers rentrés, 1 Lancer Franc marqué, 2 rebonds, 2 interceptions, nous étions à l’issue de ce « one teenager show » équipés de 7 points d’avance !
Oui mais voilà, bien lucidement autour du terrain, tous les supporters du club savaient qu’il fallait garder la balle et gérer cette avance. Oui… Mais comme l’équipe de France de football lors de la coupe du Monde 1982, quand la machine est lancée, avec un mélange de technique offensive et de fatigue, nos filles allaient entrer en combustion… Et nous eûmes droit à une succession de choix pour le moins douteux, pour ne pas dire irréversibles. 3 double-pas loupés, des shoots décochés trop rapidement sans respecter les 24 secondes qui nous sont offertes à chaque possession, Chiara avait beau se démener et gober rebond sur rebond, pour un total ahurissant en fin de match, les antiboises revenaient doucement, mais sûrement. Zoé provoquait les fautes adverses mais ratait ses lancers, les nerfs étaient tendus et la pression terrible. A quelques secondes de la fin, Zoé se trouvait sur la ligne des lancer-francs avec 2 tirs à convertir. En toute simplicité et toute décontraction, alors qu’Antibes n’était plus mené que d’un seul petit point, le public, enfin, sa mère surtout, la rassurait en lui expliquant combien ces tirs étaient importants et qu’il ne fallait surtout pas les rater. Mouais, voilà, pas de pression quoi… ! Mais elle mit son premier lancer, nous offrant par là même une forme de soulagement dans cette quasi apoplexie ! Mais la libération venait de ce dernier lancer converti qui nous donnait 3 pt d’avance et nous permettait d’entrevoir plus sereinement les quelques secondes restantes à jouer. Rien ne changera plus dans ce match et nous empochions 16-9 ce dernier quart-temps, ainsi que le match 47-44.

L’ambiance ? Comme on peut l’imaginer… Très feutrée, avec une petite musique de chambre diffusée délicatement par les enceintes de la salle. Le public applaudissait avec retenue et respectait les niveaux de décibels autorisés dans les salles de sport. Quelques visages graves et fermés, mais aux regards entendus, se croisaient. Mais en fait, en fait, en fête… C’était l’euphorie totale !
Enfin les filles remportaient un match tendu, serré, enfin elles avaient fait preuve de courage, de solidarité, de combativité, d’envie, de concentration, d’écoute, et pourtant, entendre les consignes du coach dans un bruit pareil, ce n’était pas chose aisée ! Quel plaisir de les voir enfin concrétiser ce que leur potentiel leur permet de considérer ! Antibes est tombé à domicile, et on comprend leur déception même si elles n’ont pas démérité et n’ont rien à se reprocher, mais l’Eveil, ce samedi, était sur une dynamique qui ne permettait pas à la défaite de s’inviter. Elles pouvaient le faire, et elles se sont prouvé à elles-mêmes qu’elles avaient les ressources nécessaires. La réaction a été là, et après une semaine mouvementée, pouvoir la terminer ainsi est un baume inestimable.

Quand le but est défini clairement, et que tout est mis en place pour l’atteindre, quand Michel montre son index, alors l’équipe, au lieu de regarder le doigt tendu, se concentre sur la direction à prendre. Et avec le respect des consignes, comme dans les gros matchs de cette année,  nos minimes ont trouvé les clés et ont livré un match plein et plaisant à regarder.

Sous l’impulsion d’une Camille bien en jambes, et ô combien généreuse dans l’effort, tout le groupe s’est aggloméré pour ne faire qu’un. Chiara en Super Mario, plombier qui colmate toutes les fuites en défense, à Zoé au four et au moulin dans les interceptions et la distribution du jeu, en passant par les minutes folles d’Aya, la hargne jamais démentie de Thileli, le dévouement remarquable d’Yvonne , les longs segments de Maïssa, les courses d’Inès, ou encore les présences rassurantes d’Henola et Romane, c’est tout un groupe qu’il faut saluer ce jour.

Elles pouvaient s’offrir une ronde bien méritée et une célébration euphorisante, ce qu’elles firent avec un plaisir non boudé. Mais sitôt le match achevé, et la victoire savourée, il fallait se pencher, déjà, sur la suite de ces play-offs et la réception de St Laurent du Var, une autre équipe qui pousse au combat. Nos jeunes pousses savent qu’elles peuvent rééditer leur performance, même l’améliorer, et nous espérons toutes et tous voir cela dès samedi prochain. Nous avons hâte de les revoir en action !

En attendant, voilà quelques souvenirs de cette folle aventure, histoire de refermer le rideau de cette pièce aux émotions fortes, mais à l’agréable happy end !

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